En Ile-de-France, des demandeurs d'asile «condamnés à la rue»

Il n'y a plus de campements mais les exilés «sont partout»: «C'est simple, on s'arrête tous les 50 mètres, dans les recoins cachés», «on veut les rendre invisibles mais les plus fragiles se retrouvent à la rue» (Photo, AFP).
Il n'y a plus de campements mais les exilés «sont partout»: «C'est simple, on s'arrête tous les 50 mètres, dans les recoins cachés», «on veut les rendre invisibles mais les plus fragiles se retrouvent à la rue» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 12 février 2021

En Ile-de-France, des demandeurs d'asile «condamnés à la rue»

  • Avec le risque de concentrer, dans Paris et ses alentours, une hyper-précarité, terreau de la reformation de campements, un scénario que les autorités veulent éviter à tout prix
  • Selon lui, 15% des 1 150 personnes sollicitées ont elles-mêmes refusé un transfert, se voyant automatiquement retirer toute allocation ou possibilité d'hébergement

PARIS: Les «jambes congelées» sur son matelas posé devant une brasserie parisienne par un froid polaire, John* saisit le thé qu'on lui tend. Depuis 24 jours dans la capitale pour demander l'asile, ses efforts sont vains: le Nigérian se sent «condamné à la rue».

Depuis l'entrée en vigueur au 1er janvier du nouveau schéma national d'accueil des demandeurs d'asile, qui doit permettre, selon le gouvernement, de «désengorger» l'Ile-de-France en orientant largement ces exilés vers la province, les associations d'aide aux migrants craignent une bombe à retardement : d'une part, les dossiers les plus simples transférés en régions, d'autre part, les plus complexes - comme ceux de John et des autres «Dublinés» qui ont déjà demandé l'asile dans un autre pays européen - restant en région parisienne, dans une impasse.

Avec le risque de concentrer, dans Paris et ses alentours, une hyper-précarité, terreau de la reformation de campements, un scénario que les autorités veulent éviter à tout prix. 

«Partir ailleurs qu'à Paris, je ne demande que ça si ça veut dire que je ne dors plus dehors», dit John, transi sous une couette devant la Gare du Nord, ce mardi soir de déclenchement du plan grand froid, lorsque des bénévoles associatifs lui proposent une boisson chaude. 

«J'ai appelé le 115, expliqué que je voulais demander l'asile, mais on me dit qu'il n'y a pas de place», dit le Nigérian, qui a fui son pays et traversé la Méditerranée.

«Explosif»

«On est favorables au schéma», mais «on risque de se retrouver avec une concentration des situations administratives les plus compliquées en Ile-de-France, et une prise en charge difficile», observe Delphine Rouilleault, directrice générale de France terre d'asile, association opératrice de l'Etat. 

Le plan du gouvernement est de «desserrer la pression» en région parisienne, où se présente la moitié des demandeurs d'asile, mais qui ne concentre que 19% du parc d'hébergement dédié.

«Sur le papier, c'est très beau, dans les faits, c'est explosif, car cela ne prend pas en compte que le système dysfonctionne et que les gens n'arrivent pas à déposer leur demande», déplore Clotilde Hoppe, responsable pour l'Ile-de-France de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).

«On a peur qu'il y ait une reconstitution de campement», dit-elle. 

«Outre la question des Dublinés, les primo-arrivants ne sont visiblement plus orientés des accueils de jour vers les centres où sont examinées les situations administratives. On a 75 cas pour la seule première semaine de février. Et il y a ceux qui refusent l'orientation vers la province et qui n'auront plus droit à l'hébergement. On fait comme si ces personnes disparaissaient, mais elles sont bien là, ancrées dans l'errance», ajoute Clotilde Hoppe.

«Rappelez plus tard»

Le directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), Didier Leschi, qui orchestre cette prise en charge, reconnaît que la situation francilienne est «un sujet de préoccupation». 

En janvier, 991 personnes ont été orientées en province, soit environ quatre fois plus que la moyenne mensuelle de 2020.

«On n'envoie pas en région les “Dublinés”, car c'est une procédure compliquée. Mais ils n'ont droit à rien: ils touchent l'allocation pour demandeurs d'asile», répond le patron de l'OFII.

Selon lui, 15% des 1 150 personnes sollicitées ont elles-mêmes refusé un transfert, se voyant automatiquement retirer toute allocation ou possibilité d'hébergement.

Calfeutré avec quatre compagnons d'infortune sous une station du métro aérien par un vieux panneau de la RATP et une palette de bois, Najah Mohamad, un Somalien de 24 ans, essaie d'obtenir une prise en charge depuis son arrivée à Paris quatre mois plus tôt.

«On me dit “Rappelez plus tard”. Je garde espoir mais j'ai déposé une demande d'asile et je suis toujours dehors", dit l'homme vêtu d'un simple sweat à capuche par -2°C.

Sur le terrain, à Paris et en petite couronne, où Philippe Caro et son association Solidarité migrants Wilson distribuent des repas, il n'y a plus de campements mais les exilés «sont partout»: «C'est simple, on s'arrête tous les 50 mètres, dans les recoins cachés», résume-t-il après une maraude. «On veut les rendre invisibles mais les plus fragiles se retrouvent à la rue»


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.