WASHINGTON : Bumble, l'application de « dating » américaine, où les femmes font le premier pas, a fait chavirer Wall Street jeudi, l'entrée en bourse valorisant le site de rencontres en ligne à environ 13 milliards de dollars.
Bumble a offert 50 millions d'actions au prix de 43 dollars, ce qui lui a permis de lever plus de 2 milliards de dollars. La Bourse de New York a accueilli le titre « BMBL » à bras ouverts: il a gagné 63,51% à 70,31 dollars à l'issue de sa première séance, donnant à la société une capitalisation de 13 milliards.
Les applications de rencontres connaissent un immense succès depuis que la pandémie a mis à l'épreuve des millions de célibataires aux États-Unis et dans le monde.
Un des acteurs les plus connus du secteur, Match, propriétaire des rlivaux de Bumble que sont Tinder et Meetic, a lui vu son action multipliée par cinq à Wall Street depuis le mois de mars et le déclenchement de l'épidémie aux États-Unis.
Bumble Inc, qui comprend les applications Badoo et Bumble, a été lancée en 2014 par Whitney Wolfe Herd, 31 ans, une ancienne présidente du marketing du réseau rival Tinder.
Elle se veut une plateforme sociale mondiale, féministe avant tout, au service des problématiques amoureuse, professionnelle ainsi que de la sphère amicale, en donnant, revendique-t-elle, le pouvoir aux femmes de créer les relations qu'elles souhaitent.
Un an après son lancement, l'application revendiquait 15 millions d'inscrits et 80 millions de rencontres.
En 2020, Bumble aurait 54 millions d'utilisateurs mensuels, selon Bloomberg, et 2,4 millions d'inscrits payants à travers Bumble et Badoo.
Les deux applications, qui ont été rachetées par le fonds d'investissement Blackstone en 2019, emploient 600 personnes à Austin (Texas) et ont des bureaux dans plusieurs villes européennes.
Juste pour la Saint Valentin
« L'introduction en bourse de Bumble arrive juste à temps pour la Saint Valentin », se réjouissait Wall Street 24/7, une lettre aux investisseurs. "Le jeudi d'avant" le jour des amoureux, précisait Art Hogan, analyste en chef pour National.
« Le marché des rencontres en ligne est devenu de plus en plus populaire ces dernières années et est maintenant le moyen le plus courant pour les nouveaux couples de se rencontrer aux États-Unis », soulignait la revue.
Le « Grand confinement » a poussé les célibataires du monde entier vers les applis de « dating ». Lorsque la pandémie a frappé, Tinder a enregistré le 29 mars un record d'utilisation, avec plus de trois milliards de « swipes », et le nombre de messages échangés sur la plateforme concurrente, Bumble, avait augmenté de 26% le même mois aux États-Unis.
Avec son approche décomplexée et féministe, où seules les femmes sont autorisées à faire le premier pas, Bumble a rencontré son succès auprès des « millenials » (17-34 ans) et au-delà.
« Bumble est plus qu'une application, c'est un mouvement », assure la plateforme.
« C'est l'endroit où les gens vont pour apprendre à établir et maintenir des liens plus sains », dit encore le site.
Il prend ses candidats et candidates au dating par la main en leur montrant comment « créer une première impression positive », comment prendre une photo flatteuse, comment mettre en avant son image sur le net.
L'application étend aussi l'offre de rencontres au champ des amis avec Bumble BFF ou à celui du réseau professionnel avec Bumble Bizz.
Bumble ne cache pas sa volonté de donner le pouvoir aux femmes dans la rencontre ou à lutter contre la misogynie.
En 2019, elle a recruté des ambassadrices de luxe comme la star du tennis Serena Williams, qui incitait, dans une campagne publicitaire, les femmes à faire le premier pas, que ce soit dans leur vie amoureuse, dans les relations amicales mais aussi dans le monde du travail. Le message est clair: ce sont les femmes qui fixent leurs règles et sur leurs terrains.
Bumble, qui était encore en perte sur les neuf premiers mois de 2020 (-84 millions de dollars) mais dont le chiffre d'affaires avait augmenté à 376 millions de dollars, entend utiliser une partie des fonds levés pour rembourser sa dette.