Covid-19: un hiver sans confinement, objectif sérieux ou mirage ?

Le Nord de la France, sous un épais manteau de neige. (AFP)
Le Nord de la France, sous un épais manteau de neige. (AFP)
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Publié le Mercredi 10 février 2021

Covid-19: un hiver sans confinement, objectif sérieux ou mirage ?

  • «Il existe bien un chemin pour éviter le reconfinement (...) il n'est pas large mais il existe», a réaffirmé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, à l'issue du Conseil des ministres et du Conseil de défense sanitaire
  • Les chiffres semblent confirmer jour après jour que la circulation du coronavirus n'explose pas. 135 190 personnes ont été testées positives la semaine dernière de lundi à samedi, contre 140 445 la semaine précédente, qui était déjà stable

PARIS : La France peut-elle passer l'hiver sans confinement ? Les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 sont stables, voire en légère baisse, mais la propagation des variants du coronavirus fait toujours planer la menace d'une aggravation de la situation, avertissent des médecins et des épidémiologistes.

«Il existe bien un chemin pour éviter le reconfinement (...) il n'est pas large mais il existe», a réaffirmé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, à l'issue du Conseil des ministres et du Conseil de défense sanitaire réunis autour du chef de l'Etat.

Les chiffres semblent confirmer jour après jour que la circulation du coronavirus n'explose pas. 135 190 personnes ont été testées positives la semaine dernière de lundi à samedi, contre 140 445 la semaine précédente, qui était déjà stable. Mardi, le taux de positivité (le pourcentage de cas détectés de Covid sur la totalité des tests) s'établissait à 6,3%, en baisse continue depuis le 28 janvier (7,1%).

Mais la propagation des variants du coronavirus, qui ont d'abord circulé au Royaume-Uni, en Afrique du sud et au Brésil, fait toujours peser une menace. Ces derniers jours, des cas de variant sud-africain ont été détectés dans plusieurs établissements scolaires, à Eaubonne (Val d'Oise), Colmar, Mulhouse (Haut-Rhin) ou aux Sables-d'Olonne (Vendée), entraînant des fermetures de classes temporaires.

Le virologue Bruno Lina, membre du conseil scientifique chargé d'éclairer le gouvernement, a confirmé mercredi sur France Inter que le variant anglais, qui s'avère plus contagieux, se situe aux alentours de 30 à 35% des cas en Ile-de-France.

«Bombe nucléaire»

Mais «pour l'instant, on a l'impression d'un certain freinage de ce virus, même s'il deviendra majoritaire», «quelque part entre le 1er et le 15 mars», a relevé le scientifique, chargé de suivre l'évolution de ces nouvelles formes.

Selon cette hypothèse, ce variant progresserait moins vite en France qu'au Portugal ou au Royaume-Uni, parce que des restrictions sanitaires, comme la fermeture des bars, restaurants et lieux culturels, puis le couvre-feu à 18H00, étaient déjà en cours pour ralentir sa progression. Le gouvernement compte aussi sur les vacances scolaires, qui ont démarré lundi sur une partie de la France et vont se dérouler jusqu'au 8 mars, pour que l'épidémie reste maîtrisée. 

«Tout l'enjeu est de voir si l'équilibre, même fragile, peut être maintenu», a ajouté Bruno Lina, comparant le confinement à une «bombe nucléaire», «une arme extrêmement efficace mais avec des conséquences terribles».

Après avoir renoncé in extremis à y recourir fin janvier, le gouvernement s'accroche à sa promesse de tout faire pour éviter un troisième confinement.

Une gageure selon des médecins et épidémiologistes. «Il ne faut plus avoir peur d'un confinement total, à condition qu'il soit de courte durée», estime dans une tribune au Monde le directeur médical de crise de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Bruno Riou, en soulignant que «de mi-décembre 2020 à début février, malgré les mesures restrictives prises, l'épidémie a continué à prendre de l'ampleur» et que ce scenario ne satisfait ni les médecins, ni les restaurateurs, ni les étudiants, ni les économistes.

Pas de Carnaval à Nice

Victime des restrictions, le Carnaval de Nice, temps fort touristique de la Côté d'Azur, n'aura pas lieu samedi. 

Le secteur de l'interim a aussi fait les frais de la crise sanitaire, avec un recul de 23,6% du travail temporaire en 2020, soit près de 185 000 emplois intérimaires en équivalent temps plein, selon le baromètre de la fédération du secteur, Prism'emploi, publié mercredi. L'Insee estimait récemment le nombre total d'emplois détruits dans le privé à 360 000 en 2020, dont 40 000 dans l'intérim.

Mais dans les hôpitaux, «nous n'avons pas de réserves», s'est alarmé sur BFM-TV Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon à Paris.

La situation y est en effet tendue, avec environ 27 600 patients diagnostiqués Covid-19, pas loin des pics de la première et de la seconde vagues épidémiques (33 000 à l'automne, 32 000 au printemps), un niveau qui met les équipes soignantes à flux tendu. Plus de 3 300 malades se trouvaient en réanimation mardi, moins que les plus hauts de la première et de la deuxième vagues (7 000 et 4 900).

Conséquence de la hausse des entrées à l'hôpital en janvier, le rythme des décès reste aussi élevé, à 450 par jour en février, et la barre des 80.000 morts a été dépassé mardi, sur un total de 500 000 dans l'Union européenne.

«On est au début d'une courbe exponentielle. Les modèles prédisent une explosion pendant la première quinzaine de mars. Si l'on a vraiment un variant britannique dominant qui est 50% plus transmissible», les «nombres de cas et d'hospitalisations (...) seront bien au-dessus de ceux de l'année dernière lorsqu'on est monté à 7 000 patients en réanimation», assure l'épidémiologiste Dominique Costagliola dans L'Obs, parlant de «prévisions (...) assez apocalyptiques».

Pour cette chercheuse de l'Inserm, qui aurait «profité du mois de février, pendant lequel chaque zone géographique a deux semaines de vacances, pour confiner tout le monde pendant quatre semaines», «on peut seulement retarder l'échéance. En espérant qu'un grand nombre de personnes soient vaccinées d'ici-là». 

Selon les derniers chiffres de la Direction générale de la Santé mardi, 1 986 617 personnes ont reçu au moins une première dose de vaccin et parmi elles, 366 733 personnes ont été vaccinées avec les deux doses.

 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".