BRUXELLES: Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a recommandé mardi l'adoption de sanctions contre le Kremlin, après l'affront subi lors de sa visite à Moscou, et a annoncé son intention de faire des propositions en ce sens aux Etats membres.
« Le gouvernement russe est sur une voie autoritaire et se montre sans pitié dans l'affaire Navalny (...). Il serait bon de prévoir des sanctions. Je vais user de mon droit d'initiative et je ferai des propositions qui combineront des actions pour lutter contre la désinformation et les cyberattaques », a-t-il déclaré lors d'un discours devant le Parlement européen à Bruxelles.
Josep Borrell devrait soumettre ses propositions aux ministres des Affaires étrangères de l'UE lors de leur réunion le 22 février. L'adoption de sanctions nécessité l'unanimité.
L'Union européenne a plusieurs catégories pour ses sanctions: violation des droits humains, utilisation des armes chimiques, cyberattaques, terrorisme dont les trois premières ont déjà été utilisées pour sanctionner les autorités russes.
PERSONNES SANCTIONNÉES
Six personnalités russes, notamment les milliardaires Roman Abramovitch et Alicher Ousmanov, le présentateur de télévision fidèle au Kremlin Vladimir Soloviov, le directeur de la chaîne de télévision Pervy Kanal Konstantin Ernst, le banquier Andreï Kostine ou encore Igor Chouvalov, un ancien haut responsable gouvernemental.
Ces sanctions concerneraient également les enfants du secrétaire général du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, dont le fils est le ministre de l'Agriculture, et du directeur des services de sécurité (FSB), Alexandre Bortnikov, inscrits en octobre sur la liste pour leur implication dans l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny.
« La confiance ne règne plus entre l'UE et la Russie et les relations économiques ont été mises à mal par les sanctions imposées après l'annexion de la Crimée », a souligné Josep Borrell.
« Ma visite à Moscou avait un double objectif: exposer la position de l'UE sur l'affaire Navalny et voir si les autorités russes voulaient inverser la tendance négative dans nos relations », a-t-il rappelé aux élus européens.
« La réponse a été non. Ils ne sont pas intéressés si nous continuons à nous attacher à la défense des droits de l'homme. Or nous ne pouvons pas nous taire », a-t-il lancé.
« Je suis particulièrement inquiet quand aux choix géostratégiques des autorités russes. Mais nous devons trouver un modus vivendi pour éviter la confrontation permanente », a-t-il reconnu.
Trois diplomates européens ont été expulsés au moment même de la visite de Josep Borrell, qui n'a par ailleurs pas pu voir Alexeï Navalny comme il en avait exprimé le souhait auprès des autorités russes.
PERVERSION DE LA JUSTICE
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a également dénoncé mardi la détention d'Alexeï Navalny comme une « perversion de la justice, car elle vise la victime d'une tentative de meurtre, alors que les agresseurs sont toujours en liberté ».