DUBAÏ: Pour la première fois depuis plus d'un an, le prix du pétrole brut a dépassé lundi les 60 dollars le baril, propulsé par la «surprise saoudienne» qui a vu le Royaume baisser sa production.
Le Brent, la référence mondiale en termes de qualité et de prix, a atteint 60,20 dollars, une hausse de plus de 15% depuis le début de l'année. L'indice américain West Texas Intermediate, qui a brièvement glissé en territoire négatif en avril dernier, a bondi au-dessus de 57 dollars le baril, également un record en 12 mois.
Les analystes, qui ont élevé leurs objectifs de prix pour l’année en cours, attribuent l'essentiel du mérite à Riyad. L'Arabie saoudite a annoncé en janvier une réduction unilatérale de l’approvisionnement mondial d’un million de barils supplémentaires par jour, et ce pour une période de deux mois.
Bassam Fattouh, directeur de l'Oxford Institute for Energy Studies, explique que «depuis l'annonce de la réduction, le prix du pétrole a rebondi malgré le confinement de nouveau en vigueur dans de nombreuses régions au monde».
La décision saoudienne a épargné à l'alliance OPEP+ une confrontation. La majorité des 23 membres souhaitaient reporter les augmentations préétablies de l'offre face à un marché encore fragile, alors que la Russie tenait à maximiser la production.
Certains analystes estiment que le pétrole connaîtra un nouveau bond cette année, car la reprise économique, particulièrement en Asie, stimule la demande dans des conditions d'offre serrées.
Christyan Malek, chef du département de la recherche sur le pétrole et le gaz à JP Morgan, la banque d'investissement américaine, prédit la flambée des cours depuis un moment. Il a déclaré à Arab News: «Je vois déjà le prix du pétrole bondir considérablement et atteindre les 100 dollars».
Il estime que des restrictions environnementales et financières sur le pétrole de schiste américain sous l'administration Biden pourraient mener vers un nouveau «super cycle» des marchés pétroliers. «Nous sommes déjà à 60 dollars alors que nous n’avons pratiquement pas un avion dans le ciel», a-t-il déclaré.
Norbert Rucker, chef économiste à la banque suisse Julius Baer, a déclaré: «À court terme, nous élevons notre objectif de prix du pétrole à 65 dollars. Les prix du pétrole pourraient grimper au-dessus de 70 dollars d'ici le milieu de l'année».
Le ministre saoudien de l'Énergie, le prince Abdel Aziz ben Salmane, avait annoncé la réduction supplémentaire le mois dernier en tant que «gardien de l'industrie pétrolière», afin de soutenir l'économie saoudienne et celles des pays de l'OPEP+.
Tous les yeux sont à présent rivés vers la prochaine réunion de l'OPEP+ au début du mois prochain, où une décision clé doit être prise concernant la future offre.
La réduction saoudienne expire début avril, et sa production s’ajoutera au volume de l'offre mondiale.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com