NEW YORK: Avec l’élection cette année de l’Inde, de la Norvège, de l’Irlande, du Kenya et du Mexique en tant que membres non permanents et rotatifs du Conseil de sécurité, les 15 membres de l’organe de l’Organisation des Nations unies (ONU) ont une population combinée de 3,5 milliards de personnes.
«C’est une avancée significative qui mérite d’être examinée», expliquait lundi Barbara Woodward, la représentante permanente du Royaume-Uni auprès de l’ONU, alors que le Royaume-Uni succède à la Tunisie à la présidence mensuelle du Conseil.
«L’objectif global du Royaume-Uni est de permettre au Conseil de sécurité de relever les défis mondiaux les plus importants», poursuit-elle, décrivant l’ordre du jour du Conseil pour le mois. «Ces défis peuvent se résumer en trois mots: Covid, conflits et climat.»
L’arrivée des nouveaux membres, ainsi qu’un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme de la part de la nouvelle administration à Washington, a ouvert la voie à un Conseil qui pourrait créer des opportunités pour de nouveaux accords, confie Mme Woodward.
La représentante permanente du Royaume-Uni auprès de l’ONU promet de se concentrer sur la transparence et les résultats, et de prendre en compte le point de vue des jeunes, car les défis actuels auxquels le monde est confronté sont «intergénérationnels».
«Une réconciliation avec la nature est la tâche déterminante du XXIe siècle», a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. L’une des tâches du Conseil de sécurité est de maintenir la paix et la sécurité internationales. Dans cet objectif, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, présidera ce mois-ci une session du Conseil axée sur la dimension sécuritaire des changements climatiques et ses liens avec la prévention des conflits.
«Nous voulons examiner en particulier les menaces que le climat fait peser sur les conflits, la paix et la sécurité, et la manière dont les sécheresses mènent à la famine», explique Barbara Woodward. «La famine et les inondations peuvent provoquer des déplacements et très facilement provoquer des conflits. Nous voulons donc explorer ce type de liens et chercher des moyens de prévenir les risques pour la paix et la sécurité.»
Alors que la pandémie de Covid-19 se poursuit, le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, présidera également une réunion du Conseil de sécurité pour discuter des effets du déploiement des vaccins sur la paix et la sécurité internationales, et des moyens de gérer les cessez-le-feu dans les zones de conflit.
Il examinera également la logistique pour le déploiement des fonds collectés par Covax, le programme de distribution de vaccins codirigé par l’Organisation mondiale de la Santé, dans l’objectif de surmonter les obstacles auxquels les pays les plus pauvres sont confrontés pour accéder aux fournitures de vaccins ainsi que les implications pour la paix et la sécurité de la disponibilité des vaccins dans le monde à des rythmes différents.
«Nous restons très attachés au déploiement mondial du vaccin», explique la représentante permanente du Royaume-Uni. «C’est un truisme de dire qu’aucun de nous n’est en sécurité tant que nous ne sommes pas tous en sécurité.»
«Le véritable défi est celui de la logistique de la distribution des vaccins dans les pays du Sud. Nous consacrerons notre présidence à faire parvenir des vaccins dans les zones difficiles.»
Le Conseil de sécurité n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il prend la forme d’une assemblée pour résoudre les problèmes, et le Royaume-Uni souhaite aider à surmonter les différences entre les membres et à négocier des accords», ajoute Barbara Woodward.
«Tout au long de notre présidence, nous encouragerons des discussions ouvertes et constructives ainsi que l’interactivité et le débat», poursuit-elle.
Une réunion cependant, sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie, ne sera pas une discussion ouverte. «Une certaine pression d’un État membre l’a rendu impossible», confie Mme Woodward. Des réunions séparées auront lieu pour discuter de la situation humanitaire et politique dans ce pays ravagé par la guerre.
«Il est désolant que nous ayons fait si peu de progrès sur ce conflit de longue date et ses implications humanitaires», ajoute-t-elle. «Le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire en Syrie est passé d’environ 2 millions à 13 millions, soit les trois quarts de la population.»
Au cours de sa présidence du Conseil, le Royaume-Uni mettra également en évidence la menace permanente que représente Daech. Selon Barbara Woodward, la question la plus difficile à cet égard est de savoir que faire des combattants étrangers capturés en Syrie. Selon elle, pour les Britanniques, ces terroristes étrangers devraient être jugés le plus près possible de l’endroit où ils ont commis leurs crimes.
La situation au Yémen est également à l’ordre du jour du mois, «où le processus politique a été gravement endommagé après l’attaque de l’aéroport d’Aden à la fin de l’année», poursuit Mme Woodward. «Et plus inquiétant encore, la famine menace 13,5 millions de personnes dans le pays.»
Sur la question palestinienne, elle souligne que son pays a demandé à plusieurs reprises à Israël de mettre fin à l'expansion illégale de ses colonies en Cisjordanie et a condamné la récente décision de procéder à de nouvelles implantations.
«Il y a des signes encourageants», confie-t-elle. «Les États-Unis ont réaffirmé leur attachement à une solution à deux États, à un réengagement auprès des autorités palestiniennes et à un travail avec le Quatuor.» Le Quatuor – l’ONU, les États-Unis, l’Union européenne et la Russie – est impliqué dans les efforts de médiation du processus de paix israélo-palestinien.
Concernant l'Iran et la possibilité de relancer le Plan d'action global conjoint (JCPOA), communément appelé «accord nucléaire iranien», Mme Woodward explique que des «négociations assez importantes» doivent avoir lieu sur la question, mais que le JCPOA reste un «point central». L'accord a été signé en 2015, mais le président Donald Trump a retiré les États-Unis de l'accord en 2018. Selon l'administration Biden, les États-Unis pourraient revenir à l'accord, mais de nouvelles négociations seront nécessaires.
Barbara Woodward exprime également sa préoccupation à la suite de l’annonce récente de l’Iran et les preuves de ses nouvelles activités d’enrichissement d’uranium dans le cadre de son programme nucléaire, censé être limité par le JCPOA.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com