KABOUL: L'Afghanistan et les États-Unis sont partenaires, et les deux parties prendront des actions conjointes face aux dangers qui guettent le pays, a déclaré un porte-parole du président Ashraf Ghani. Les propos du président viennent en réaction aux nouvelles au sujet de l'OTAN qui compte prolonger sa présence sur le terrain.
L’OTAN compte maintenir ses troupes en Afghanistan au-delà du mois de mai, la date fixée dans l’accord signé l’année dernière entre les talibans et l’ancienne administration américaine. Cette décision survient quelques jours après que la nouvelle équipe présidentielle a informé Ghani qu’elle va réévaluer l’entente.
Le président, exclu des discussions à l’époque, a applaudi les promesses de la nouvelle administration de Biden, et les a qualifiées de nouveau chapitre.
«Notre partenariat avec l’OTAN, dirigé par les États-Unis, est conçu pour agir contre les menaces», affirme Dawa Khan Menapal, porte-parole de Ghani, à Arab News qui lui demandait de commenter un rapport de Reuters relatif aux projets de l’OTAN. «Notre campagne sera aussi lancée conjointement, et toute décision sera prise après une évaluation commune», a-t-il ajouté.
Un haut fonctionnaire de l’administration de Ghani, et qui n’est pas autorisé à s’entretenir avec les médias, confie à Arab News que Kaboul n’a jusqu’à présent pas été officiellement informée par l’OTAN du prolongement de sa présence après la date butoir.
L'agence de presse Reuters a cité quatre hauts responsables de l'OTAN dans son article. L’un d’eux affirme : «Il n'y aura pas de retrait complet des alliés avant la fin d’avril».
Près de 10 000 soldats étrangers se trouvent actuellement en Afghanistan, en plus des troupes américaines. La source de l'OTAN assure à Reuters que le nombre de troupes devraient rester à peu près le même jusqu'après mai, mais que le plan reste à déterminer.
Kaboul ainsi que des agences et gouvernements étrangers affirment que les talibans n’ont pas respecté les clauses de l’accord. Ils imputent les obstacles à l’escalade de la violence et à l’incapacité de rompre les liens avec des groupes militants comme Al-Qaïda, chose que les talibans nient.
Un porte-parole des talibans n'a pas répondu aux demandes d’entretien d'Arab News à ce sujet. Des communicants du mouvement ont cependant déclaré récemment que les insurgés s’engagent à respecter l’accord conclu avec l'ancienne administration américaine et que la nouvelle devrait aussi l'honorer.
Les négociateurs talibans ont suspendu les pourparlers avec les émissaires de Kaboul au Qatar, où les deux parties se rencontrent depuis des mois pour baliser les futurs pourparlers de paix, et pour établir une feuille de route politique.
Plusieurs délégations du mouvement se sont rendues ces derniers jours en Russie et en Iran. Les deux États se sont prononcés contre la présence de troupes américaines en Afghanistan.
Ces dernières années, des responsables américains ont accusé les deux pays de fournir renseignements, armes et fonds aux talibans; une accusation qu'ils rejettent.
Certains analystes craignent que le plan de l'OTAN de maintenir des troupes en Afghanistan n'attire une forte résistance des talibans. Ceci conduirait à une nouvelle escalade du conflit et à une recrudescence de l’ingérence de ses voisins via leurs mandataires.
L'ancien conseiller du gouvernement, Torek Farhadi, pense que la coalition tente peut-être de provoquer une situation où Kaboul et les talibans s’entendraient sur une feuille de route avant de se retirer.
«Si les troupes US-OTAN restent quelques mois de plus pour donner aux Afghans une chance de créer un gouvernement de coalition né d’un règlement politique, je m'en réjouirais. Nous avons besoin de quelque assurance dans les 12 premiers mois de transition», a-t-il a déclaré à Arab News, et il ajoute que cette éventualité contraindrait les «deux parties à établir une structure de gouvernance de coalition rapidement, et ne pas gaspiller cette dernière chance».
Selon Farhadi, l'Afghanistan se dirige vers une autre décennie de guerre si les troupes demeurent, et si les conditions s’appliquent aux talibans mais pas aux «fauteurs de troubles de la paix» dans les rangs du gouvernement.
Un scénario semblerait injuste par rapport aux talibans, a-t-il ajouté, et ils «se retireraient simplement de la table des négociations. Ce n'est pas un bon calcul de la part des États-Unis et de l'OTAN, qui veut conclure sa mission. Il faut maintenir les troupes et assigner des conditions strictes aux parties belligérantes. Kaboul doit endiguer la corruption, neutraliser la cinquième colonne, et s'engager à la co-gouvernance avec les talibans, c’est le seul moyen d’obtenir les résultats escomptés et mettre fin à une grande partie des hostilités dans le pays».
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com