Russie: nouvelle journée de manifestations à l'appel de l'opposant emprisonné Navalny

La police anti-émeute détient un homme lors d'un rassemblement de soutien au leader de l'opposition emprisonné Alexei Navalny dans la ville de Vladivostok, à l'extrême est du pays, le 31 janvier 2021. (Pavel KOROLYOV / AFP)
La police anti-émeute détient un homme lors d'un rassemblement de soutien au leader de l'opposition emprisonné Alexei Navalny dans la ville de Vladivostok, à l'extrême est du pays, le 31 janvier 2021. (Pavel KOROLYOV / AFP)
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Publié le Dimanche 31 janvier 2021

Russie: nouvelle journée de manifestations à l'appel de l'opposant emprisonné Navalny

  • En Extrême-Orient et en Sibérie, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Omsk, Vladivostok, Khabarosvk, Novossibirsk et Tomsk.
  • La municipalité a également annoncé que des restaurants et magasins du centre de la capitale allaient rester fermés dimanche et que le circuit des bus serait modifié.

MOSCOU: Plus de 1 000 personnes ont été interpellées dimanche lors de manifestations dans toute la Russie pour appeler à la libération de l'opposant Alexeï Navalny, dont 142 dans la capitale quadrillée par la police, a indiqué l'ONG OVD-Info.

Selon cette organisation spécialisée dans le suivi des manifestations, le plus grand nombre d'arrestation a eu lieu à Moscou, suivi par Vladivostok (113), à l'autre bout du pays, puis à Novossibirsk (93) et à Krasnoïarsk (91) en Sibérie.

"Ma Russie est en prison!", ont scandé une petite dizaine de manifestants réunis à Vladivostok, selon des images publiées par l'antenne locale de l'organisation de l'opposant russe.

"Il y a peu de gens cette fois car la police et les forces anti-émeutes avaient bloqué à l'avance la place", a indiqué un manifestant de 25 ans, Andreï. "Mais comme vous le voyez, personne n'a peur".

D'après l'ONG spécialisée OVD Info, au moins 261 personnes ont été interpellées par la police dans 25 villes. A Novossibirsk, la troisième agglomération de Russie, l'organisation de Navalny a estimé à "près de 10.000" le nombre de protestataires.

A Moscou, les partisans de M. Navalny doivent se rassembler à 12H00 (09H00 GMT) devant le siège des services de sécurités russes (FSB), place Loubianka, où les autorités, qui considèrent ces rassemblements comme illégaux, prévoient de limiter l'accès à plusieurs rues et de fermer sept stations de métro.

La municipalité a également annoncé que des restaurants et magasins du centre de la capitale allaient rester fermés dimanche et que le circuit des bus serait modifié.

Ces rassemblements font suite à une première journée de manifestations samedi dernier, qui a réuni des dizaines de milliers de Russes dans tout le pays et qui s'était soldée par plus de 4.000 interpellations et l'ouverture d'une vingtaine d'affaires pénales.

Ils se dérouleront avec pour toile de fond la comparution d'Alexeï Navalny devant des juges, prévue la semaine prochaine. L'opposant est visé par de multiples procédures judiciaires depuis son retour en Russie le 17 janvier, qu'il considère comme politiquement motivées.

Selon son avocate, il risque notamment "environ deux ans et demi" de prison ferme pour la violation des conditions d'une condamnation à trois ans et demi de prison avec sursis, qu'il s'était vu infliger en 2014.

La plupart de ses proches alliés ont été assignés à résidence vendredi par la justice russe, deux jours après une série de perquisitions ayant notamment visé le domicile de sa femme Ioulia et les locaux de son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption.

"N'ayez pas peur" 

Les jours précédents, les autorités ont multiplié les mises en garde aux partisans de M. Navalny. La police a affirmé que les manifestants pourraient être poursuivis pour "émeutes de masse" si les rassemblements se soldaient par la violence.

Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a annoncé pour sa part qu'il allait sanctionner les réseaux sociaux pour avoir laissé en ligne des messages encourageant, selon lui, les mineurs à aller manifester.

Malgré les pressions, Alexeï Navalny a encore appelé jeudi les Russes à descendre dans la rue. "N'ayez pas peur", a-t-il écrit dans une lettre publiée sur son blog. "La majorité est de notre côté. Allons la réveiller".

Les protestations sont aussi alimentées par la diffusion d'une enquête de l'opposant accusant le président Vladimir Poutine de bénéficier d'un immense "palais" sur les rives de la mer Noire, une investigation vue plus de 100 millions de fois sur YouTube.

Vladimir Poutine a démenti des accusations destinées à "laver le cerveau" des Russes, tandis que la télévision publique a diffusé des images montrant la résidence encore en travaux, loin du luxe décrit par l'opposant.

Samedi, le milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche de M. Poutine qui était son ancien partenaire de judo et qui se trouve sous sanctions occidentales, a affirmé être le véritable propriétaire de la résidence et assuré qu'il était en train d'y construire un hôtel.

Militant anticorruption et ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny, 44 ans, est revenu en Russie le 17 janvier après des mois de convalescence en Allemagne pour un empoisonnement présumé, dont il accuse Vladimir Poutine et les services de sécurité russes d'être responsable.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.