BRUXELLES : Un groupe d'eurodéputés va lancer une enquête sur Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, accusée d'avoir participé à des refoulements illégaux de migrants, ont annoncé vendredi plusieurs groupes politiques.
Ce « groupe de travail » a été constitué au sein de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen.
Il sera chargé de mener une enquête pendant quatre mois sur les violations des droits fondamentaux dont Frontex est accusé mais également, de façon permanente, de surveiller le fonctionnement de l'agence, indique la GUE/NGL (gauche radicale) dans un communiqué.
Ces mesures sont « nécessaires pour rebâtir la confiance » dans Frontex, a souligné l'eurodéputée néerlandaise Sophie in't Veld (Renew Europe) sur Twitter.
« Il était temps que le Parlement réagisse », a estimé l'eurodéputé français Damien Carême (Verts), ajoutant que « les réponses apportées jusque-là par le directeur de Frontex (Fabrice Leggeri) ont été largement insatisfaisantes ».
Ce dernier était venu s'expliquer devant les eurodéputés en décembre mais sans convaincre les parlementaires, de gauche notamment, qui réclament sa démission.
L'agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes a été pointée du doigt en octobre dans une enquête de plusieurs médias, dont le magazine allemand Spiegel, l'accusant d'être impliquée avec les garde-côtes grecs dans des incidents de refoulement de bateaux de demandeurs d'asile de Grèce vers la Turquie.
Cette pratique contraire au droit d'asile est régulièrement dénoncée par les ONG.
Ces accusations ont aussi conduit l'Office européen de lutte antifraude (Olaf) à ouvrir une enquête.
Créée en 2004, Frontex, dont le mandat a été renforcé en décembre 2019, doit disposer d'un effectif permanent de 10 000 gardes-frontières et garde-côtes à l'horizon 2027.
Des agents en uniforme et armés, employés directement par Frontex, et non plus mis à disposition temporairement par les Etats membres.
L'agence a annoncé mercredi, de façon inédite, avoir suspendu ses opérations en Hongrie à la suite d'une décision de la justice européenne condamnant les méthodes de Budapest à l'égard des migrants.
La commissaire européenne aux Affaires intérieures Yva Johansson, qui a salué cette décision, a critiqué jeudi de nombreuses carences au sein de Frontex.
« Il devrait y avoir trois vice-directeurs exécutifs, il n'y en a pas, nous devrions avoir un officier aux droits fondamentaux, il n'y en a qu'un temporaire, nous devrions avoir 40 surveillants aux droits fondamentaux, nous n'en avons aucun », a-t-elle énuméré.
Elle a aussi souligné que les 700 agents qui devaient être déployés à partir du 1er janvier « n'étaient pas encore là ».
« J'attends du conseil d'administration et du directeur exécutif (qu'ils puissent) résoudre ces problèmes pour qu'on puisse disposer de l'agence solide et en état de marche dont nous avons tant besoin », a-t-elle ajouté.