Baisse significative des féminicides en 2020, une première depuis 15 ans

Des militantes féministes, des membres de l'association des droits des femmes et membre de l'organisation féministe «Collages Feminicides Paris» Marguerite Stern (à droite) tiennent des lettres formant le message «Justice». (AFP)
Des militantes féministes, des membres de l'association des droits des femmes et membre de l'organisation féministe «Collages Feminicides Paris» Marguerite Stern (à droite) tiennent des lettres formant le message «Justice». (AFP)
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Publié le Vendredi 29 janvier 2021

Baisse significative des féminicides en 2020, une première depuis 15 ans

  • Le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex est en baisse en 2020 après une forte augmentation l'année précédente, mais il est «trop tôt» pour y voir une tendance durable
  • Ce bilan provisoire pourrait cependant compter quelques cas de plus, certaines affaires restant en suspens par manque d'éléments, d'autres n'ayant pas été dévoilées par les autorités

PARIS: la lutte contre les féminicides commencerait-elle à donner de premiers résultats ? Le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex est en baisse en 2020 après une forte augmentation l'année précédente, mais il est "trop tôt" pour y voir une tendance durable, soulignent les associations.

Cécile, tuée en décembre près de Paris par son ex-mari, malgré le dépôt de dizaines de plaintes. Vanessa, abattue en mars devant ses deux filles par son concubin dont elle était en train de se séparer. Sandy, mère de quatre enfants, brûlée vive en novembre dans une voiture par son compagnon.

L'actualité ces derniers mois a été marquée par des cas retentissants de meurtres de femmes dans un cadre conjugal. 

Stade ultime des violences subies par plus de 200.000 femmes par an, les féminicides ont connu une forte augmentation en 2019, avec 146 décès recensés, soit 25 de plus qu'en 2018. Selon les éléments réunis par l'AFP, leur nombre ne devrait cependant pas dépasser une centaine en 2020, une première depuis 2006, année où le gouvernement a commencé à les recenser.

D'après un décompte établi par l'AFP, au moins 88 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en 2020, soit une baisse d'environ 40% par rapport à 2019. 

Ce bilan provisoire pourrait cependant compter quelques cas de plus, certaines affaires restant en suspens par manque d'éléments, d'autres n'ayant pas été dévoilées par les autorités.

En 2019 et 2020, l'AFP a mobilisé ses journalistes à travers la France pour étudier en détail auprès des autorités (police, gendarmerie, parquets...) les cas de féminicides soupçonnés à partir du décompte associatif du collectif "Féminicides par compagnon ou ex".

"Accélération"

Ce collectif, qui recense depuis plusieurs années dans la presse locale chaque nouveau cas présumé, a dénombré 100 cas en 2020 (contre 152 en 2019).

Conformément à ses standards de vérification, l'AFP a écarté une dizaine d'affaires car l'autopsie a révélé une mort naturelle, l'enquête a montré que la femme et son meurtrier n'avaient jamais eu de relation intime, ou le couple avait annoncé dans une lettre commune son intention de mourir ensemble.

Sollicité par l'AFP, le ministère de la Justice a confirmé une "baisse substantielle" des féminicides en 2020 par rapport à 2019, sans dévoiler de chiffre.

Signe que ce fléau est devenu majeur dans la société, la Chancellerie a demandé pour la première fois l'an passé des "remontées systématiques d'informations" aux parquets généraux pour chaque homicide conjugal, afin d'avoir "un suivi plus précis" de ces meurtres et "évaluer l'impact des mesures du Grenelle".

Après une forte mobilisation associative, un "Grenelle" pour lutter contre les violences conjugales avaient abouti fin 2019 à une quarantaine de mesures, parmi lesquelles le déploiement de bracelets anti-rapprochement pour les conjoints ou ex-conjoints violents ou des "retours d'expérience" (retex) entre professionnels concernés après chaque féminicide.

En 2020, "beaucoup de dispositifs ont été mis en place ou ont connu une accélération", a plaidé la Chancellerie, évoquant les bracelets (17 prononcés dont 8 actifs au 18 janvier) ou le téléphone grand danger (1.200 distribués fin 2020).

Confinement 

Les associations en attendent davantage, demandant par exemple que la mesure qui permet de réquisitionner les armes à feu d'un conjoint violent dès la première plainte soit réellement appliquée. Les meurtres par arme à feu représentant près d'un tiers des féminicides.

L'épidémie de coronavirus et ses périodes de confinement ont aussi mis en lumière l'importance des violences subies par les femmes et les enfants à leur domicile, faisant bondir les signalements de ces faits. Selon les données de l'AFP, les féminicides n'ont pas particulièrement baissé pendant les confinements.

Pendant le confinement, "il y a eu un discours politique fort contre les violences intrafamiliales, les forces de l'ordre se déplaçaient systématiquement et les dossiers passaient en priorité dans les tribunaux", évoque Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, estimant que ces mesures provisoires ont permis de "sauver des vies".

Il est "trop tôt pour acter une tendance à la baisse car ça peut remonter l'année prochaine", a réagi la cofondatrice de #Noustoutes Caroline De Haas, estimant qu'avec "encore près de 100 mortes, on ne peut pas se satisfaire".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".