BEYROUTH: «Proches», c’est le titre choisi par l’Institut français pour sa 6e édition. Ce titre fait plus que jamais écho aux grandes questions qui agitent notre présent, et l’événement annuel international rappelle l’engagement permanent de la France en faveur de la circulation des idées et du débat public.
Pour l’édition 2021, 103 pays (200 villes) sur les cinq continents proposent 200 événements composés de conférences, débats, projections, concerts et ballades urbaines en live viendront rythmer ces vingt-quatre heures non-stop. Un contenu exclusif en provenance de tous les continents où de nombreux artistes de renommée internationale, des philosophes, des écrivaines, des scientifiques, des activistes et de jeunes intellectuels s’exprimeront pour faire découvrir leurs villes, leurs créations ou leurs travaux.
Nous avons rencontré Marie Buscail, directrice de l’Institut français du Liban (IFL).
«Les sujets choisis sont souvent surprenants, nous mettent au défi et nous font réfléchir. La question n’est pas posée directement dans le thème: il nous revient, à nous, dans nos pays respectifs et avec les participants, de formuler les questions autour de la thématique choisie. Cela nous laisse de la latitude afin de choisir en fonction des défis que rencontre chaque société et de définir des angles selon l’actualité de chacun des pays participant», explique Marie Buscail.
Après «Un monde commun» en 2017», «L’imagination au pouvoir?» en 2018, «Face au présent: aux impossibles imminents» en 2019 et «Être vivant(e)» en 2020, l’Institut français a choisi «Proches» pour 2021, «un thème lié à notre actualité: au monde de la Covid-19, au confinement, à la distance sociale, à la communication par voie numérique et à la place que le numérique occupe dans nos sociétés. En même temps se pose un réel questionnement sur ce qui nous rapproche dans un monde comme celui-là», explique Marie. Et cette «nuit» mondiale n’aurait pas été possible sans le numérique. Lors de cette Nuit des idées, je serai aussi proche des personnes participant depuis l’Asie ou l’Afrique du Nord que de personnes à Beyrouth autour de moi, mais que je ne peux voir à cause du confinement» ajoute la directrice de l’Institut français du Liban.
À Beyrouth, la parole aux artistes
«Au Liban, nous avons choisi une programmation très artistique et donné la parole aux artistes. Les participants sélectionnés cette année ont voulu retranscrire les conséquences de l’explosion du 4 août qui a beaucoup rapproché les Libanais parce qu’un sentiment de solidarité incroyable a ressurgi. D’autre part, une nouvelle dimension est apparue chez les artistes, celle du rapport à l’intimité blessée par ces explosions. Les corps, les âmes ont été blessés lors de la catastrophe. Comment se reconstruire après cela?» confie-t-elle encore.
«Le Liban a une particularité de plus cette année par rapport au reste du monde. C’est cette réflexion autour de l’explosion que le pays a subie qui va être mise en exergue. Et, bien entendu, d’autres sujets seront abordés tels que les dialogues transfrontaliers: deux metteurs en scène libanais et égyptien aborderont la question de la distance et ses conséquences sur le théâtre qui est un art de proximité, un art de présence physique. Ces artistes ont réfléchi autour de cette problématique: que devenons-nous quand nous sommes privés de la présence du public? Que pouvons-nous dire à travers notre art?»
«L’art blessé» conséquence de l’explosion 4 août
«Les vidéos que nous allons présenter sont pour la plupart sur le rapport à l’intime, ce rapport à la blessure, à l’espace – être dans Beyrouth, une ville qui ressemble à un corps meurtri – et sur la façon de prendre de la distance. Une vidéo est consacrée à l’exposition de l’art blessé en référence aux artistes eux-mêmes blessés ou aux œuvres d’art détruites», poursuit la directrice de l’IFL.
«Nous allons alterner le programme de la Nuit des idées mondiale qui est programmée par Paris avec des parties qui sont nos propres contributions et créations au Liban. Par ailleurs nous allons proposer certaines productions propres à la Nuit des Idées Liban. Tout cela va se dérouler sur vingt-quatre heures, dès ce matin, sur notre page Facebook.»
Maintenir le lien avec le public, malgré ces temps difficiles
«L’organisation a été marquée par de nombreuses incertitudes, liées notamment à la pandémie, mais l’Institut français à Paris a fait le choix très clair de maintenir cette manifestation. Tout d’abord afin de maintenir le lien avec les nombreux partenaires de l’Institut français et du réseau culturel français à l’étranger, mais aussi, plus important, avec le public, malgré ces temps difficiles», précise Marie Buscail.
«Par ailleurs, la Nuit des idées 2021 se présente comme une expérience numérique. Mais nous avons surmonté cette particularité et nous espérons, cette année encore, mobiliser la jeunesse et valoriser les scènes culturelles et intellectuelles», conclut la directrice de l’Institut français du Liban.
*Pour plus d’informations sur la programmation du streaming 24 heures de la Nuit des idées dans plus d’une centaine de pays du monde, connectez-vous sur: Accueil - La Nuit des Idées 2021 (lanuitdesidees.com) ou sur les pages Facebook des Instituts français dans les pays qui participent.