PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mardi la réforme du budget de l'Union européenne permettant notamment à l'UE de financer les centaines de milliards du plan de relance européen face à la crise de la Covid-19, dont la France est le 3ème bénéficiaire.
Le texte adopté en première lecture par 188 voix contre 16 autorise la ratification de l'accord de juillet 2020 réformant le cadre budgétaire de l'UE et lui permettant d'emprunter en commun pour financer les plans anti-crise.
Cet accord dit « ressources propres » avait été finalement entériné par les 27 le 14 décembre, mais reste soumis à ratification dans tous les Etats membres.
Il permet en particulier à la Commission européenne d'emprunter 750 milliards d'euros sur les marchés, une décision inédite destinée à soutenir les plans de relance nationaux massifs face à la crise. Le poids de l'UE doit permettre d'obtenir ces fonds dans des conditions plus favorables que pour des emprunts nationaux.
Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune a salué un « texte primordial » qui permet à l'UE d'être « enfin prête à répondre aux besoins des Européens en temps de crise ».
Isabelle Rauch (LREM) s'est félicitée d'une « étape historique, qui place la solidarité au cœur du projet politique européen ».
La France, où le plan européen doit contribuer à financer 40 des 100 milliards du plan de relance, en est le troisième bénéficiaire après l'Italie et l'Espagne.
Le rapporteur du texte, Pieyre-Alexandre Anglade (LREM), a assuré que grâce à de nouvelles ressources propres de l'UE il n'y aurait « pas de facture ou d'impôt caché pour les Français ».
A droite, Michel Herbillon a exprimé au nom de LR un « soutien vigilant et exigeant », ajoutant « qu'on ne peut pas être euphorique quand on parle d'emprunt, de dette et de taxes ».
A gauche, les socialistes ont émis un vote favorable, « en responsabilité mais sans réel enthousiasme » selon le député Alain David, évoquant les zones d'ombres qui subsistent dans l'accord européen, notamment sur les nouvelles ressources propres de l'UE.
Les opposants de droite et de gauche à la construction européenne s'y sont opposés radicalement en invoquant une « autre voie » pour l'Europe.
Jean-Luc Mélenchon (LFI) a notamment déclaré que « les Français se voient infliger de payer à eux tout seuls le quart de tous les rabais » budgétaires accordés par l'accord européen à l'Autriche, le Danemark, la Suède et l'Autriche. « C'est indigne de l'exigence de solidarité », a renchéri le communiste Jean-Paul Lecoq.
Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a fustigé un « accord historique pour son coût pour la France », et dénoncé un « effet d'affichage » au profit du président Emmanuel Macron.