KABOUL: Des responsables à Kaboul ont salué le plan de la nouvelle administration américaine de revoir l’accord de paix entre Washington et les talibans, accord qui a balisé le terrain à un retrait complet d’ici mai des troupes dirigées par les États-Unis d’Afghanistan.
Le conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden, Jake Sullivan, a déclaré samedi à son homologue afghan, Hamdullah Mohib, que Washington réexaminerait l'accord de l'année dernière – une révision réclamée depuis longtemps par Kaboul – signe d'un éventuel changement de politique à la Maison Blanche sous sa nouvelle direction.
L'accord, signé à Doha en février 2020, faisait suite à des négociations secrètes entre le précédent gouvernement américain de Donald Trump et les dirigeants talibans. Il engageait les militants à réduire les violences en Afghanistan et à entamer des discussions avec le gouvernement afghan.
Toutefois, les violences se sont intensifiées depuis la signature de l’accord qui a également contraint Kaboul à libérer des milliers de prisonniers talibans ; ce qui a détérioré les liens du président Ashraf Ghani avec Washington.
Sediq Sediqqi, vice-ministre de l’Intérieur afghan déclare : « Nous nous félicitons de l’intention des États-Unis de revoir l’accord de février 2020 entre les États-Unis et les talibans», dans un tweet à la suite de la conversation de Sullivan avec Mohib.
« L’accord n’a pas atteint l’objectif escompté à savoir de mettre fin à la violence des talibans et d’instaurer le cessez-le-feu souhaité par les Afghans. Les talibans n'ont pas respecté leurs engagements. »
Le porte-parole de Mohib, Rahmatullah Andar, a déclaré à Arab News que les responsables afghans de la sécurité avaient mis l’accent sur « un cessez-le-feu, une paix juste, un Afghanistan démocratique et la protection des acquis des 20 dernières années ».
Les talibans ont dirigé l'Afghanistan de 1996 jusqu'à l'arrivée des forces menées par les États-Unis en 2001.
Andar a affirmé l’attachement de l'Afghanistan à son « partenariat fondamental avec les États-Unis » et que le pays travaillera en étroite collaboration avec Washington sur la sécurité, la paix, la lutte contre le terrorisme et l'engagement régional.
Entretemps, les talibans déclarent s’attendre à ce que la nouvelle administration américaine s'en tienne à l'accord de février.
Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid a rapporté à Arab News que « l'émirat islamique demande à la nouvelle administration américaine de mettre intégralement en œuvre l'accord de Doha»,
« L’accord de Doha est la meilleure feuille de route pour la fin de la guerre en Afghanistan et pour le retrait des forces américaines. L'émirat islamique est attaché à l'accord », a-t-il dit.
Dans le cadre de cet accord, les talibans ont accepté de rompre leurs liens avec les « groupes terroristes » et de mettre fin aux attaques contre les troupes dirigées par les États-Unis.
Les responsables de l'administration Trump ont affirmé qu'il n'y avait pas eu de frappes des talibans contre les troupes américaines depuis la signature de l'accord.
Des milliers de soldats américains sont partis depuis février, et seuls 2 500 demeurent dans le pays avec 30 000 entrepreneurs étrangers.
Les analystes afghans sont divisés sur les implications de l'annonce de l'administration américaine.
Tamim Asey, ancien vice-ministre de la Défense, souligne que la réévaluation de l'accord pourrait entraîner un ralentissement du retrait américain.
« Je suis maintenant convaincu que les États-Unis ralentiront le retrait de leurs troupes jusqu'à ce qu'un examen de leur politique soit finalisé », dit-il.
Toreq Farhadi, un ancien conseiller du gouvernement, déclare à Arab News qu'il n'y aura probablement que « des changements mineurs dans la réévaluation » puisque les États-Unis veulent mettre fin à la guerre.
Cependant, Taj Mohammad, pense qu'une révision de l'accord pourrait conduire à une « nouvelle vague de combats ».
« Les talibans et certaines parties dans la région s'y opposent parce que cela pourrait être considéré comme un renforcement de la présence des forces américaines », ajoute-t-il.
Ce texte est une traduction d'un article d'Arab News.