CASABLANCA: L’économie marocaine devrait croître cette année à un rythme plus soutenu que la moyenne régionale. La Banque mondiale (BM) table en effet sur une croissance de 4% pour le Maroc, contre 2,1% pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). C’est ce qu’indique le dernier rapport de l’institution de Bretton Woods sur «les perspectives économiques mondiales du mois de janvier pour les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord».
Ces prévisions optimistes s’expliquent principalement par trois facteurs: la hausse prévue de la valeur ajoutée agricole, l’annonce d’un plan de vaccination massive de la population, et un allègement des mesures restrictives et de confinement. Les dernières pluies du mois de janvier 2021 ont en effet été comme une bouée de sauvetage pour la campagne agricole 2020-2021 après deux années successives de sécheresse. Car l’économie marocaine reste fortement dépendante du secteur agricole: ce dernier représente près de 14% du produit intérieur brut (PIB), c’est-à-dire un peu plus de 120 milliards de dirhams (environ 11 milliards d’euros).
La croissance dépendra du démarrage de la campagne de vaccination
Concernant le plan de vaccination, le Maroc a été l’un des premiers pays au monde à annoncer le démarrage imminent d’une campagne de vaccination massive. Les préparatifs de cette campagne ont été salués par la BM, notamment grâce à un dispositif logistique performant et une sécurisation de l’approvisionnement des vaccins. Toutefois, deux mois après cette annonce, rien n’a encore été fait. Plusieurs rumeurs récentes remettaient en cause la capacité du Maroc à lancer rapidement cette campagne: les approvisionnements en vaccins feraient défaut, notamment auprès du laboratoire chinois Sinopharm, malgré la signature, le 20 août 2020, d’un accord entre le Maroc et la Chine destiné à rendre ces livraisons prioritaires. Ce retard pourrait ralentir la reprise économique du pays et entraîner une révision à la baisse de ses prévisions de croissance par la BM. Tout dépendra donc de la date du démarrage de cette campagne de vaccination, et de son efficacité.
De grandes incertitudes
Malgré l’optimisme de la BM, la croissance de l’économie marocaine demeure toutefois sujette à plusieurs risques cette année. Certes, la croissance va s'accélérer progressivement à moyen terme. Mais une grande incertitude entoure le rythme et la durée de la reprise; c’est ce que souligne l’institution financière internationale dans un autre rapport, intitulé «De la riposte d'urgence à la reprise», et consacré au suivi de la situation économique du Maroc. Ce rapport semestriel provient du département économique de la BM. Parmi les risques évoqués figurent la marge de manœuvre de la politique économique pour faire face à une éventuelle aggravation de la crise sanitaire, la forte hausse de créances en souffrance, que ce soit du côté des particuliers ou des entreprises, les besoins de financement assez élevés et des conditions de financement extérieur qui risquent de se détériorer.
Le document révèle que la reprise économique post-Covid serait retardée, le PIB réel ne devant revenir à son niveau d’avant la Covid qu’en 2022 au plus tôt. «Nous nous attendons à ce que la pandémie élargisse le déficit et augmente la dette publique en 2021. Les recettes fiscales seront plus faibles que ce qui était prévu en 2020 et 2021. Du côté des dépenses, des augmentations significatives sont prévues sous l'effet de dépenses supplémentaires dans le domaine de la santé et la protection sociale», indiquent les auteurs du rapport.
La situation demeure fragile
Bien que l'économie marocaine montre quelques signes de reprise, «la situation reste fragile, étant donné la dégradation récente de la situation épidémiologique», indique la BM. Dans ce contexte incertain, une contraction du PIB réel de 6,3% est prévue en 2020, selon la même source. «La pandémie de Covid-19 a brusquement interrompu plus de deux décennies de progrès socio-économique soutenus au Maroc. En 2020, le pays subira sa première récession depuis celle des années 1990. La crise a eu un impact sévère sur les emplois et les revenus des ménages, générant une hausse importante du chômage et une détérioration des indicateurs de pauvreté et de vulnérabilité», alerte la BM.