LONDRES: La banque HSBC a signalé lundi une chute de 69% de ses profits nets. Le géant bancaire a annoncé un profit de 3,1 milliards de $, contre près de 10 milliards de $ au cours des six premiers mois de 2019.
« Notre performance du premier semestre a été affectée par la pandémie de Covid-19, la baisse des taux d’intérêt, l’augmentation du risque géopolitique et l’accroissement de la volatilité des marchés », a déclaré le directeur général de la banque, Noel Quinn.
HSBC a déclaré que son profit avant impôts avait glissé de 64% à 4,3 milliards de $ au premier semestre, tandis que ses revenus étaient en baisse de 9% à 26,7 milliards de $. La banque basée à Londres estime désormais que ses provisions pour créances douteuses pourraient atteindre 13 milliards de $ pour 2020, contre 8 milliards envisagés précédemment. Elles ont grimpé à 3,83 milliards de $ sur le trimestre clos fin juin.
HSBC, comme les autres grandes banques mondiales, n’a pas échappé aux conséquences économiques du coronavirus. La première banque française Société Générale a aussi annoncé lundi une perte de plus d'un milliard d'euros au deuxième trimestre, la pandémie l'obligeant à constituer davantage de provisions pour créances douteuses. Les banques britanniques Barclays, Lloyds et NatWest ont également déclaré que la pandémie avait eu d’énormes retombées financières pour elles.
Dans le marasme général, on a toutefois pu déceler quelques signes positifs: la banque française BNP Paribas a résisté à la tempête du coronavirus au deuxième trimestre, annonçant seulement une légère baisse des profits nets grâce à des bons chiffres de la banque d'investissement. Le Crédit Suisse a quant à lui vu son profit net bondir de près d'un quart entre avril et juin, également grâce aux gains de la banque d'investissement.
« Les annonces d’HSBC n’a rien fait pour remonter le moral des investisseurs, et ont conclu un semestre très morose pour les banques en général. Même si elles sont bien mieux préparées à cette crise que lors de la crise financière d'il y a plus de dix ans, les perspectives immédiates restent sombres », note Richard Hunter, responsable des marchés chez Interactive Investor.
Mais dans la tempête économique, HSBC a peut-être encore plus souffert que d’autres banques. Déjà avant l’émergence de la crise, elle connaissait une croissance décevante de ses profits, affectée par les incertitudes de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. La banque a annoncé mi-juin la reprise de son vaste plan de restructuration. Celui prévoit la suppression de 35.000 emplois en trois ans (soit 15% des effectifs), essentiellement en Europe et aux Etats-Unis. La banque avait déjà annoncé la suppression de 4000 postes en août 2019. La mise en œuvre de ce programme annoncé en février avait été suspendue en mars au plus fort de la crise sanitaire, afin de protéger les salariés du groupe.
Dans l’immédiat, HSBC a un autre casse-tête à résoudre: les tensions géopolitiques entre la Chine et l’Occident. La banque réalise en effet 90% de ses profits en Asie, la Chine et Hong Kong étant les principaux moteurs de la croissance. Elle s’est retrouvée prise entre les tirs croisés entre Washinghton et Pékin.
La banque a essayé de rester dans les bonnes grâces de Pékin. Elle a vigoureusement soutenu une loi draconienne sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hong Kong en juin pour mettre fin à une année de troubles et de manifestations en faveur de la démocratie. Cette décision a suscité des critiques à Washington et à Londres, mais les analystes y ont vu une tentative de protéger son accès à la Chine, qui a déjà puni les entreprises qui ne suivent pas la ligne de Pékin.
Mais cette attitude ne l’a pas protégé de la colère de Pékin. Quinn a fait référence à la vulnérabilité politique croissante de la banque lors de la révélation de ses résultats lundi. « Les tensions actuelles entre la Chine et les États-Unis créent inévitablement des situations difficiles pour une organisation portant l'empreinte d’ HSBC, a-t-il déclaré. Cependant, une banque capable de faire le lien entre les économies de l'Est et de l'Ouest reste indispensable, et nous sommes particulièrement bien placés pour remplir ce rôle. »
Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com