WASHINGTON : Comment panser les plaies d'une Amérique à cran? A l'ouverture d'une semaine historique, le camp Biden a dévoilé dimanche sa feuille de route pour sortir les Etats-Unis de ses crises écononomique, sociale et sanitaire, sans être empêché par la procédure de destitution de Donald Trump.
Militaires à tous les coins de rues, fils barbelés et imposants grillages... Joe Biden sera investi le 20 janvier dans une capitale méconnaissable, transformée en camp retranché après l'assaut meurtrier du Capitole.
Le démocrate a placé sa prestation de serment sous le thème de «l'Amérique unie» et prévoit de s'entourer de ses prédécesseurs Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush pour lancer une main tendue à un pays meurtri et divisé.
«Ces dernières semaines ont montré à quel point l'âme de l'Amérique est endommagée et combien il est important de la restaurer: ce travail commence mercredi», a affirmé le futur chef de cabinet du président Biden, Ron Klain, à CNN dimanche.
Dès le premier jour de son mandat, Joe Biden entend ainsi ré-engager les Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat et lever l'interdiction d'entrée sur le territoire américain visant les ressortissants de plusieurs pays, principalement à majorité musulmane.
Le 46ème président des Etats-Unis espère aussi donner un nouvel élan à la plus grande campagne de vaccination de l'histoire américaine.
Il y a urgence: en moyenne, depuis le 1er janvier, plus de 3.000 personnes sont mortes du Covid-19 chaque jour aux Etats-Unis, et plus de 236.000 cas quotidiens ont été détectés.
Une hécatombe que n'a pas ralenti, loin s'en faut, le début hoquetant de la campagne de vaccination.
L'ancien vice-président d'Obama souhaite ainsi que 100 millions de doses soient injectées pendant ses 100 premiers jours de mandat, via des centres de vaccination de proximité dans des gymnases, stades ou écoles. Quelque 100 000 soignants seront mobilisés.
Crime «le plus grave»
Ce vétéran de la politique sera, dans un premier temps, contraint de gouverner par décrets, afin d'éviter d'en passer par le Congrès et en particulier le Sénat, occupé par la procédure de destitution de Donald Trump.
Des pans entiers de son programme, comme son plan de relance économique titanesque de 1.900 milliards de dollars, censé aider les millions d'Américains qui vivent aujourd'hui d'aides au chômage, doivent toutefois être soumis à l'approbation des élus américains.
Et le procès en destitution de son prédecesseur pourrait s'ouvrir seulement quelques heures après la prise de fonctions de Joe Biden.
Les démocrates accusent le milliardaire républicain d'avoir «incité à l'insurrection» de ses partisans contre le Capitole le 6 janvier, un assaut qui a fait 5 morts.
Donald Trump a commis «le crime présidentiel le plus grave de l'histoire américaine», a jugé sans détours Jamie Raskin, un des élus à l'origine de cette procédure.
Le camp Trump voit en ce procès »une attaque honteuse contre la Constitution et la démocratie» américaine. Son équipe a indiqué dans un communiqué ne pas avoir encore choisi d'avocat pour le représenter.
Donald Trump a d'ores et déjà annoncé faire l'impasse sur la prestation de serment de son successeur. Il s'envolera mercredi à l'aube vers son luxueux complexe hôtelier de Floride.
En attendant, la Maison Blanche l'assure: il continue «à travailler sans relâche pour les Américains», et ses journées comportent «beaucoup de réunions et beaucoup d'appels téléphoniques».
L'influent sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président sortant, a exhorté les leaders démocrates du Sénat à rejeter cette procédure, une fois arrivée au Sénat. Autrement, promet-il dans une lettre dimanche, «nous retarderons indéfiniment, voire à jamais, la guérison de cette grande nation.»