PARIS : La France est «réticente» sur la mise en place d'un passeport vaccinal communautaire, estimant que la question ne doit pas être au menu du Conseil européen de la semaine prochaine, selon son secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Clément Beaune.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a toutefois indiqué dimanche que ce débat, «très pertinent», serait lancé au sommet par visioconférence prévu jeudi.
«Nous sommes très réticents», a déclaré dans la matinée Clément Beaune sur la radio France Info. «Si on parle d'un papier, un document qui vous autorise à voyager en Europe, je crois que c'est très prématuré», a-t-il ajouté.
«C'est un débat qui n'a pas lieu d'être et ce serait choquant, alors qu'on débute encore partout cette campagne de vaccination en Europe, qu'il y ait des droits plus importants pour certains que pour d'autres. Ce n'est pas notre conception de la protection et de l'accès aux vaccins».
Le chef du gouvernement grec avait appelé mardi l'Union européenne à adopter un certificat «standardisé» de vaccination pour donner un coup de pouce à l'industrie du tourisme, terrassée par la pandémie du coronavirus.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est dite favorable à un tel certificat reconnu mutuellement, tout en soulignant que les droits qu'il pourrait ouvrir devaient faire l'objet d'une discussion au niveau européen.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est quant à elle déclarée opposée «pour le moment» à un passeport vaccinal à l'échelle planétaire.
«C'est une idée (...) sur laquelle la France considère qu'on ne doit pas ouvrir le débat maintenant. Quand l'accès au vaccin sera généralisé, ce sera un sujet différent», a insisté Clément Beaune.
Lors d'une interview sur la chaîne publique néerlandaise NPO, Charles Michel a jugé qu'il y avait «deux questions: sommes-nous d'accord pour introduire un tel certificat? Et si nous sommes d'accord, quand est-ce approprié de le faire?»
Il a aussi estimé qu'il fallait que davantage de personnes aient été vaccinées avant d'instaurer un passeport vaccinal. «S'il était mis en oeuvre trop tôt, cela provoquerait beaucoup de frustration en Europe», a-t-il dit.
Le Belge a reconnu que la question était «sensible» au sein des 27, mais que ce n'était pas une raison pour «éviter» le débat.
Clément Beaune a par ailleurs évoqué la situation des travailleurs frontaliers - 350.000 Français selon lui. «Nous envisageons de renforcer au sein de l'espace européen les mesures de contrôle», a-t-il indiqué, assurant qu'il n'y aurait pas de fermeture des frontières de l'espace Schengen.
«On vérifie aussi le type de tests que l'on peut exiger», a-t-il ajouté. »On réfléchit à une liste de tests antigéniques qui seraient reconnus partout en Europe. Aujourd'hui ce n'est pas encore le cas».