MARSEILLE : La blessure par balles d'un jeune du quartier après un match de foot caritatif leur a servi d'électrochoc : quelque 150 habitants d'une cité de Marseille paupérisée et touchée par le trafic de drogue se sont rassemblés samedi pour dire « stop à la violence ».
« Par ce rassemblement, nous, habitants et intervenants sociaux, voulons marquer notre résistance collective à cette violence, être reconnus comme des citoyens à part entière », ont expliqué les manifestants dans un texte lu à la presse.
« Nous revendiquons dignité et respect. Nous voulons tout simplement pouvoir vivre en toute tranquillité », ont-ils ajouté.
Beaucoup de femmes et de mères de famille ont participé à cette manifestation organisée au cœur de la cité de la Busserine, dans les quartiers du nord de Marseille, touchés par de nombreux actes violents liés au trafic de drogue.
Le cortège s'est rendu à pied d'un bâtiment de la cité jusqu'au stade à proximité duquel, le 1er janvier, un homme de 22 ans a été blessé par balles aux jambes et au dos après une altercation musclée, à l'issue d'un match de football organisé en soutien à la famille d'un jeune homme décédé des suites d'une maladie. Le tireur est toujours en fuite.
Devant les grilles du stade, les manifestants ont brandi symboliquement au-dessus de leur tête des feuilles de papier blanc dessinant les mots « stop violence ».
« On a peur, on ne se sent pas protégé. On est pris en otage », a confié à l'AFP Saloua, une résidente qui préfère taire son nom de famille, expliquant que le couvre-feu à 18H n'empêche pas des jeunes de traîner dehors et de « faire leur loi ».
« Cette violence a toujours existé mais avant, elle était moins visible », raconte Guillaume Seze, directeur du centre social Agora voisin, qui lie cette évolution au développement du trafic de drogue. « Depuis le confinement de mars, on sent plus de tension, d'agressivité avec des gens armés, au vu et au su de tous », ajoute-t-il.