MAMUJU: Une course contre la montre est en cours dimanche sur l'île indonésienne de Célèbes pour tenter de retrouver d'éventuels survivants du séisme qui a fait 60 morts, selon un nouveau bilan, et détruit les maisons de milliers de personnes.
Les hôpitaux sont débordés par l'afflux de centaines de blessés depuis le tremblement de terre de magnitude 6,2 qui s'est produit vendredi à l'aube. Il a déclenché la panique chez les habitants de l'ouest de l'île, déjà dévastée en 2018 par un très fort séisme suivi d'un tsumani dévastateur qui avait fait 4.300 morts.
Depuis deux jours, des dizaines de corps sans vie ont été retirés des décombres de bâtiments effondrés à Mamuju, la capitale provinciale peuplée de 110.000 habitants, où un hôpital et un centre commercial ont été détruits. D'autres victimes ont été retrouvées plus au sud, où une forte réplique s'est fait sentir samedi matin.
Le bilan officiel était dimanche de 60 morts, contre 46 samedi, et il risque encore de s'alourdir.
Des images aériennes de cette ville baignée par le Détroit de Makassaren montrent quantités de bâtiments en ruines, parmi lesquels le bureau du gouverneur de la province de Sulawesi occidental.
On ignore combien de corps sont encore sous les décombres, ou si des survivants y sont toujours pris au piège. Les autorités n'ont donné aucun chiffre quant au nombre de personnes secourues.
Des milliers de personnes ayant perdu leurs maisons ont trouvé refuge sous des abris de fortune, généralement une tente recouverte d'une bâche, alors que les pluies de mousson aggravent leurs conditions.
Inondation et éruption volcanique
Beaucoup disent manquer de nourriture et de couvertures. Des vivres et des équipements d'urgence ont été dépêchés sur l'île par avions et bateaux, et la marine a envoyé un navire médical pour suppléer les hôpitaux encore en fonctionnement, débordés par l'afflux de blessés.
Si des milliers de personnes ont perdu leurs maisons, d'autres ne veulent pas rentrer chez elles, par peur de répliques ou d'un tsunami comme en 2018.
"C'est mieux de s'abriter au cas où quelque chose de pire arrive", explique un habitant de Mamuju, Abdul Wahab, réfugié sous une tente avec son épouse et quatre enfants, dont un bébé. "Nous espérons que le gouvernement pourra nous envoyer vite de l'aide, des vivres, des médicaments et du lait pour les enfants."
Inquiètes d'une éventuelle flambée de Covid-19 dans des campements surpeuplés, les autorités ont annoncé qu'elles allaient tenter de constituer des groupes de personnes en fonction des risques.
"La situation en Indonésie relève de l'urgence", a affirmé l'ONG Project HOPE. "Le Covid-19 complique encore la réponse."
L'épicentre du tremblement de terre de magnitude 6,2 a été localisé à 36 km au sud de Mamuju, à une profondeur relativement faible de 18 km.
Des glissements de terrain, qui ont suivi le séisme, et les fortes pluies ont coupé l'accès à l'une des principales routes de la province. L'aéroport a aussi été endommagé ainsi qu'un hôtel, alors qu'une partie de la ville reste sans électricité.
Ce séisme n'est cependant pas la seule catastrophe naturelle frappant actuellement l'archipel.
Sur la partie indonésienne de l'île voisine de Bornéo, au moins cinq personnes ont péri dans des inondations, et des dizaines étaient portées disparues, selon les médias.
Des inondations ont également fait cinq morts à Manado, la grande ville de l'extrême Nord de Célèbes.
Dans la province de Java occidental, au moins 28 personnes ont péri à la suite des précipitations.
A l'autre bout de cette même île, le Semeru est entré en éruption samedi soir, crachant une colonne de fumée et de poussières à 4.500 mètres d'altitude, alors que de la lave rougeoyante s'écoulait sur ses flancs. On ne faisait état d'aucune victime dans cette éruption.
L'archipel indonésien, qui se trouve sur la "ceinture de feu" du Pacifique, une zone de forte activité sismique, connaît souvent des tremblements de terre et des éruptions volcaniques.