DOUAI: Trois hommes accusés d'avoir torturé en janvier 2016, à son domicile de Hem (Nord de la France), la veuve du fondateur de l'entreprise de vente à distance La Redoute pour lui extorquer de l'argent ont été condamnés vendredi à 17 et 18 ans de prison.
Fanny Pollet, alors âgée de 86 ans, souffrait d'un début d'Alzheimer. Elle est morte six mois après les faits.
«Il s'attaquaient à une femme qu'ils savaient fragile et riche», a lancé l'avocate générale Juliette Lebon, après quatre jours de débats, soulignant la «sauvagerie» des accusés.
Elle avait requis 18 ans de réclusion criminelle à leur encontre. La cour a finalement condamné deux d'entre eux, Rachid Belkhir et Aniss Tajer, à 17 ans, et le troisième, Yacine Kherzane, à 18 ans.
Le 4 janvier 2016 vers 22H30, Rachid Belkhir et Aniss Tajer, alors âgés de 29 et 21 ans et déjà condamnés, sont entrés par effraction dans la demeure de la victime.
Ils avaient ligoté son aide à domicile, puis ont fait vivre un calvaire à Mme Pollet, désorientée, pour qu'elle leur donne les clefs: coups de taser, simulacres de noyade dans sa baignoire, coups sur la tête.
Pendant ce temps, ils avaient parlé au téléphone à plusieurs reprises avec Yacine Kherzane, alors âgé de 30 ans, jamais condamné et décrit par l'accusation comme l'instigateur de ce «homejacking», qui faisait le guet dans une voiture à l'extérieur.
Faute d'avoir obtenu les clefs, le duo est reparti en volant l'une des voitures de la victime, 250 euros en liquide, un bracelet et des alliances. Ils ont été trahis par leurs téléphones.
«Elle devait être terrorisée», a lancé Me Olivier Péan de Ponfilly, avocat des enfants et d'un petit-fils de Fanny Pollet, après avoir saisi la cour d'effroi en mimant la scène. «Bien sûr qu'elle est morte à cause de ça», a-t-il assuré.
Prostrés dans le box, les trois accusés se sont excusés envers la famille Pollet et l'auxiliaire de vie, également partie civile.
«Il a participé à quelque chose de monstrueux, mais ce n'est pas un monstre», a plaidé l'avocat d'Aniss Tajer.