Aoun à Paris: soutien à la souveraineté et la prospérité, mais Israël toujours en embuscade

Le président français Emmanuel Macron (C) pose avec (de gauche à droite) le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le président libanais Joseph Aoun et le président chypriote Nikos Christodoulides avant une réunion multilatérale "Méditerranée orientale - MEDOR" au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 28 mars 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) pose avec (de gauche à droite) le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le président libanais Joseph Aoun et le président chypriote Nikos Christodoulides avant une réunion multilatérale "Méditerranée orientale - MEDOR" au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 28 mars 2025. (AFP)
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Publié le Samedi 29 mars 2025

Aoun à Paris: soutien à la souveraineté et la prospérité, mais Israël toujours en embuscade

  • Il était important pour la France et plus précisément pour le président Emmanuel Macron, de mettre en évidence sa volonté de soutenir fermement le président élu après deux ans de vacance au pouvoir
  • Une approche globale et minutieuse vise à aider le Liban à avancer sur la voie de la stabilité et l’assainissement de ses institutions tout en cherchant à lever les contraintes liées à son environnement régional

PARIS : En recevant le président libanais Joseph Aoun, pour sa première visite dans un pays occidental, depuis son élection au mois de janvier, Paris n’a rien laissé au hasard.

Il était important pour la France et plus précisément pour le président Emmanuel Macron, de mettre en évidence sa volonté de soutenir fermement le président élu après deux ans de vacance au pouvoir, et d’affirmer son intention d’accompagner l’espoir suscité par son élection.

Pour cela, rien n’a été laisser au hasard dans la préparation de cette visite de travail qui n’a duré que quelques heures, et qui s’est déroulé dans un format inhabituel.

Tout d’abord, une rencontre bilatérale entre Macron et son homologue libanais, pour aborder les questions liées au redressement du pays, miné par une crise endémique à multiple facettes.

Ensuite, une rencontre trilatérale avec la participation en visioconférence du président de l’autorité de transition en Syrie, Ahmad Al-Charaa pour aborder les différents problèmes entre les deux pays, tels que la démarcation des frontières, la lutte contre le trafic trans-frontalier et la question des réfugiés syriens au Liban.

Pour finir, une rencontre méditerranéenne a rassemblé, en présentiel, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, et le président de la République de Chypre Nikos Christodoulidis, consacrée aux défis liés à la sécurité en Méditerranée orientale, ainsi qu’à la connectivité et à l’énergie.

Cette approche globale et minutieuse vise à aider le Liban à avancer sur la voie de la stabilité et l’assainissement de ses institutions tout en cherchant à lever les contraintes liées à son environnement régional.

A l’issue de cette visite, Paris estime les entretiens qui l’ont émaillé ont été très substantiels, et qu’elle a marqué un fois de plus le lien le plus étroit entre le Liban et la France, ainsi que l’engagement personnel du président français pour la restauration de la pleine souveraineté de ce pays et sa prospérité.

Ainsi face aux multiples crises que traverse le Liban, la France a réitéré son soutien au programme souverainiste et réformateur porter par le gouvernement libanais.

L'envoyé spécial français Jean-Yves Le Drian, s’est rendu récemment à Beyrouth dans le cadre d'une mission visant à poser les bases d'un cadre institutionnel robuste pour la reconstruction et la relance économique du Liban.

L'approche française se décline en deux étapes la première est celle de la mobilisation internationale avec une réunion des amis du Liban qui se tiendra à Paris au printemps prochain afin de soutenir les réformes structurelles engagées par l'exécutif libanais et de débloquer une première aide financière pour la reconstruction.

A ce niveau Paris estime que les réformes bancaires et celle du comité pour la reconstruction seront décisives pour convaincre les partenaires internationaux.

La deuxième étape sera celle d'une conférence internationale à Paris qui interviendra dès que les réformes institutionnelles et économiques nécessaires auront été lancées par les autorités libanaises.

Cet événement prépare la promulgation d'un programme de financement avec le Fonds monétaire international (le FMI).

La coopération franco libanaise se concentrera sur deux priorités cruciales d'une part la refondation de la justice libanaise.

Dans ce cadre-là une délégation française de haut niveau se rendra prochainement à Beyrouth pour instaurer une coopération judiciaire et technique au profit des magistrats libanais afin de renforcer l'indépendance de la justice et restaurer la confiance des citoyens dans les institutions étatiques.

La deuxième priorité est le secteur énergétique, là-dessus la France mobilisera son expertise et ses entreprises pour moderniser le secteur énergétique libanais qui est un levier essentiel pour une économie performante et une stabilité régionale durable.

La visite de travail a permis également d'aborder la coopération avec la Syrie, et la France a proposé de faciliter les discussions sur la démarcation des frontières et le retour sécurisé des réfugiés syriens.

Une coopération régionale inédite a été décidée avec la Grèce et Chypre visant à renforcer la souveraineté du Liban et à stabiliser la région. Sur les plans sécuritaire et économique une feuille de route détaillant les engagements des 5 pays participants sera finalisé prochainement.

D'autre part, le retour des réfugiés syriens, la démarcation des frontières et le soutien au désarmement du Hezbollah sont autant de priorités pour renforcer l'état libanais estime Paris qui assure être engagé aux côtés du Liban pour garantir sa sécurité et sa stabilité.

Pour cela la France demeure résolue à soutenir le Liban en étroite collaboration avec les nations unies et les États-Unis estimant que cette coopération illustre la profondeur des liens historiques et culturels entre les deux pays fondés sur une amitié de plus de 250 ans.

La France accueillera prochainement le président libanais pour une visite d'état destinée à renforcer ce partenariat stratégique et à approfondir les engagements pris ces derniers mois.

Le partenariat franco-libanais souligne Paris est ancré dans des valeurs partagées et ouvre la voie à un Liban souverain stable et prospère que la France continuera d'accompagner dans la réalisation de ses ambitions pour garantir un avenir meilleur à tous les libanais.

Tous ces éléments indiquent clairement l'intensité et la richesse des entretiens qui ont eu lieu pendant la visite de travail du président libanais à Paris.

Mais grand bémol, Israël c'est invité brutalement dans les entretiens en menant une série de frappes militaires dans le Sud-Liban et en visant pour la première fois depuis le cessez-le-feu du mois de novembre, la banlieue sud de Beyrouth.

Cette action le président français l’a qualifié de violation du cessez le feu en vigueur et de contre productive, surtout au regard de la détermination de l’état et de l’armée libanaise à établir le monopole des armes est lourde de sens.

La restitution de la souveraineté libanaise sur l’intégralité de ses frontières sud, reste un plaie ouverte difficile à guérir, en dépit des bonnes dispositions de la France et du Liban.

D’ailleurs, en dépit de l’appel ferme lancé par le président Emmanuel Macron pour le respect du cessez le feu, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé son intention de continuer à frapper des cibles sur tout le territoire libanais.

L’administration américaine, co-parraine de ce cessez-le-feu avec la France a indiqué que le Liban devra compter sur lui-même et désarmer le Hezbollah au lieu de s’en prendre à Israël.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.