BEYROUTH: Les autorités libanaises ont promis samedi de punir les responsables d'une attaque contre un convoi de l'ONU à Beyrouth qui a fait deux blessés sur une route bloquée par des partisans du Hezbollah pro-iranien près de Beyrouth.
Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité intérieure a été convoquée samedi matin par le ministre de l'Intérieur, le général Ahmad Al-Hajjar.
Vendredi soir, un convoi de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) transportant des Casques bleus vers l'aéroport international de Beyrouth a été "violemment attaqué et un véhicule a été incendié. Le commandant adjoint sortant de la Finul (...) a été blessé", a indiqué l'organisation.
L'attaque a eu lieu sur une route bloquée, pour le deuxième jour consécutif, par des dizaines de partisans du Hezbollah protestant contre une décision d'interdire, selon des sources officielle et aéroportuaire, l'atterrissage de deux avions iraniens à l'aéroport de Beyrouth.
Un journaliste de l'AFP a vu un véhicule calciné portant le sigle de l'ONU sur la route de l'aéroport, autour duquel l'armée s'est déployée en promettant elle aussi "d'interpeller les fauteurs de troubles".
On ignore pour le moment qui a mis le feu au véhicule.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré des manifestants, certains cagoulés et portant des drapeaux du Hezbollah, s'en prenant à un homme en tenue militaire et un autre en tenue civile près du véhicule de la Finul incendié.
- "Punis" -
Le général Hajjar a rendu visite à l'hôpital à deux officiers de la Finul blessés et souligné "le rejet par le gouvernement de cet attentat", selon l'agence officielle libanaise ANI. Il a ordonné aux autorités compétentes de travailler à l'identification des agresseurs et de les arrêter.
Le président libanais Joseph Aoun a lui aussi condamné sur X l'attaque et "souligné que les assaillants seraient punis". "Les forces de sécurité ne feront preuve d'aucune indulgence envers quiconque tentera de perturber la stabilité et la paix civile."
"Nous exigeons des autorités libanaises une enquête complète et immédiate et que tous les responsables soient traduits en justice", a dit la Finul, déployée dans le sud du pays depuis 1978 pour faire tampon avec Israël.
Elle a dénoncé une "violation flagrante du droit international" et s'est déclarée "choquée par cette attaque scandaleuse contre des soldats de la paix qui oeuvrent à restaurer la sécurité et la stabilité dans le sud du Liban en cette période difficile".
La représentante de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a condamné une "attaque inacceptable".
Lors d'une conversation avec Mme Hennis-Plasschaert et le commandant de la Finul, le général Aroldo Lazaro, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a condamné une "attaque criminelle" et promis "des mesures urgentes pour identifier les attaquants et les traduire" en justice.
- "Eléments incontrôlés" -
Le Hezbollah n'a pas réagi dans l'immédiat mais son allié, le mouvement Amal, dirigé par le chef du Parlement Nabih Berri, a estimé que "les blocages de routes constituaient une atteinte à la paix civile".
La chaîne Al Manar du Hezbollah, sans mentionner l'incendie du véhicule, a rapporté que "des éléments anarchiques et incontrôlés aux objectifs douteux provoquaient un chaos sur la route de l'aéroport, incluant des barrages routiers et l'incendie de panneaux publicitaires".
Jeudi, un responsable aéroportuaire a déclaré à l'AFP que les autorités libanaises avaient interdit l'atterrissage à Beyrouth de deux avions de la compagnie nationale iranienne Mahan Air, sans en préciser les raisons. "Les deux vols ont été reportés à la semaine prochaine."
Israël a accusé à plusieurs reprises le Hezbollah d'utiliser le seul aéroport du Liban pour transférer des armes depuis l'Iran, allié du mouvement libanais.
Le Hezbollah et les responsables libanais ont démenti.
Une guerre ouverte a opposé le Hezbollah et Israël de septembre à novembre 2024. Le mouvement libanais, qui dominait la vie politique du pays, en est sorti affaibli après que sa direction a été largement décimée par Israël.
Une trêve entrée en vigueur fin novembre a été prolongée jusqu'au 18 février, date à laquelle Israël doit retirer ses troupes du sud du pays pour que l'armée libanaise, censée démanteler l'infrastructure du Hezbollah, se déploie en coordination avec la Finul.