LONDRES: Le plan de Donald Trump visant à ce que les États-Unis prennent le contrôle de Gaza et forcent les Palestiniens à quitter l'enclave serait un «nettoyage ethnique» qui déclencherait un conflit et une effusion de sang, a déclaré mercredi le prince Turki al-Faisal, ancien ambassadeur d'Arabie saoudite à Washington.
Dans un entretien accordé à CNN, le prince Turki, qui est également un ancien chef des services de renseignement du Royaume, a rejeté avec colère les propos du président américain, qui a notamment menacé d'envoyer des troupes américaines pour aider à transformer Gaza en «Riviera du Moyen-Orient».
Le prince Turki a déclaré qu'il s'attendait à ce que les pays arabes et musulmans, ainsi que d'autres nations et l'Europe, abordent la question à l'ONU pour montrer que le monde s'opposait à «ce plan fou de nettoyage ethnique».
«Il est illusoire de penser que le nettoyage ethnique au XXIe siècle puisse être toléré par une communauté mondiale qui reste les bras croisés et ne réagit pas», a déclaré le prince Turki à la présentatrice Christiane Amanpour. «Le problème de la Palestine n'est pas celui des Palestiniens. C'est l'occupation israélienne. Et cela a été clair et compris par tout le monde.»
Le prince Turki a déclaré que les propos de M. Trump remettaient en cause la politique américaine antérieure qui favorisait une solution à deux États basée sur l'échange de territoires contre la paix.
Il a ajouté que le plan de M. Trump était basé sur la position du politicien extrémiste israélien Itamar Ben-Gvir, «l'ultime nettoyeur ethnique», qui a récemment démissionné de son poste de ministre de la Sécurité nationale en raison du cessez-le-feu à Gaza.
Les propos de M. Trump constituent une «acceptation totale de la position israélienne par le gouvernement américain», a déclaré le prince Turki, ajoutant que cette approche avait gagné du terrain dans les cercles politiques américains au cours des deux dernières années.
Le prince Turki a déclaré que si M. Trump se rendait en Arabie saoudite, il recevrait probablement «un avertissement» de la part des dirigeants saoudiens concernant «non seulement la sagesse de ce qu'il propose, mais aussi l'injustice flagrante».
M. Trump entretient des relations étroites avec l'Arabie saoudite et a fait du Royaume sa première visite à l'étranger au cours de son premier mandat. Le prince Turki a déclaré que le prince héritier Mohammed ben Salmane s'était engagé le mois dernier à investir 600 milliards de dollars (1 dollar = 0,96 euro) aux États-Unis.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a fermement condamné les menaces visant à déplacer les Palestiniens de leurs terres et a réitéré la position du Royaume selon laquelle il n'y aurait pas de normalisation des relations avec Israël avant la création d'un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale.
«C'est la position de l'Arabie saoudite depuis le début», a déclaré le prince Turki.
Il a déclaré que le plan de Trump pour Gaza, qui s'ajoute à la «destruction» du territoire pendant la campagne israélienne, ne ferait que renforcer le soutien aux groupes militants tels que le Hamas.
«Tout le monde a dit aux Israéliens qu'en réprimant ces gens, en les punissant, en leur infligeant la mort, la destruction, le chaos et le génocide, ils ne feront que créer plus d'opposition», a déclaré le prince Turki.
«C'est pourquoi ils veulent recourir à l'épuration ethnique pour expulser la population du territoire.»
«Leur politique est donc claire et nette et, malheureusement, elle se reflète aujourd'hui dans les propos de M. Trump.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com