Les Palestiniens déplacés commencent à revenir dans le nord de Gaza

Les Palestiniens déplacés commencent lundi matin à retourner dans le nord de la bande de Gaza, selon un responsable du ministère de l'Intérieur du Hamas. (AFP)
Les Palestiniens déplacés commencent lundi matin à retourner dans le nord de la bande de Gaza, selon un responsable du ministère de l'Intérieur du Hamas. (AFP)
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Publié le Lundi 27 janvier 2025

Les Palestiniens déplacés commencent à revenir dans le nord de Gaza

  • Lundi matin, "le passage des Palestiniens déplacés a commencé le long de la route Al Rachid via la partie ouest du point de contrôle Netzarim vers la ville de Gaza et la partie nord" de Gaza
  • "Nous voulons retrouver nos souvenirs et les personnes qui nous sont chères", a confié à l'AFP Jihad Abou Miri, qui a dit attendre depuis 48 heures

TERRITOIRES PALESTINIENS: Les Palestiniens déplacés commencent lundi matin à retourner dans le nord de la bande de Gaza, selon un responsable du ministère de l'Intérieur du Hamas, après un déblocage des négociations entre Israël et le mouvement islamiste permettant la libération prochaine d'otages.

Cette entente permet de préserver le fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, dévastée par 15 mois de guerre et dont la quasi-totalité des habitants ont été déplacés.

Des "dizaines de milliers" de déplacés, selon la Défense civile, ont été empêchés dimanche par Israël de retourner dans le nord de Gaza via le passage de Netzarim, qui coupe le territoire en deux.

Israël avait justifié son refus de les laisser passer par la non-libération d'une civile, Arbel Yehud, et l'absence de liste sur la situation des otages. Le Hamas avait de son côté accusé Israël de "violer" l'accord en empêchant le retour des habitants du nord de Gaza.

Dimanche soir, le chef du gouvernement israélien Benjamin Netanyahu a finalement annoncé un déblocage des négociations et que le Hamas libérerait trois otages jeudi dont Arbel Yehud et, comme prévu par la première phase de l'accord de trêve, trois autres samedi. "Dans le cadre de ces arrangements", Israël a dit autoriser le passage des Gazaouis vers le nord de Gaza.

Lundi matin, "le passage des Palestiniens déplacés a commencé le long de la route Al Rachid via la partie ouest du point de contrôle Netzarim vers la ville de Gaza et la partie nord" de Gaza, a annoncé à l'AFP un responsable du ministère de l'Intérieur du Hamas.

"Nous voulons retrouver nos souvenirs et les personnes qui nous sont chères", a confié à l'AFP Jihad Abou Miri, qui a dit attendre depuis 48 heures.

"Nous ne quitterons pas Gaza" 

Le Hamas tout comme le président palestinien Mahmoud Abbas ont par ailleurs critiqué dimanche la proposition de Donald Trump de déplacer les habitants de Gaza vers l'Egypte et la Jordanie pour, selon lui, "faire le ménage" dans le territoire.

Le président américain a comparé samedi le territoire palestinien dévasté à un "site de démolition".

"On parle d'environ 1,5 million de personnes, et on fait tout simplement le ménage là-dedans", a déclaré M. Trump en suggérant un déplacement "temporaire ou à long terme". "J'aimerais que l'Egypte accueille des gens. Et j'aimerais que la Jordanie accueille des gens", a-t-il ajouté.

L'immense majorité des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés par la guerre à l'intérieur du territoire assiégé.

Pour les Palestiniens, toute tentative de déplacement hors de leur territoire évoque le souvenir de la "Nakba", ou "Catastrophe" en arabe, le nom donné au déplacement de masse qui a suivi la création d'Israël en 1948.

"Nous déclarons à Trump et au monde entier: nous ne quitterons pas la Palestine ou Gaza, peu importe ce qui arrive", a déclaré à l'AFP un déplacé originaire de la ville de Gaza, Rashad al-Naji.

Les Palestiniens "feront échouer" la proposition de M. Trump "comme ils ont fait échouer tous les projets de déplacement (...) pendant des décennies", a réagi dimanche Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas.

Le Jihad islamique, un autre mouvement palestinien armé, a estimé que ces propos encourageaient les "crimes de guerre et crimes contre l'humanité" à Gaza.

Rival du Hamas qui avait chassé l'Autorité palestinienne et pris le pouvoir à Gaza en 2007, Mahmoud Abbas a condamné "tout projet" visant à déplacer les Gazaouis.

La Jordanie, qui accueille environ 2,3 millions de réfugiés palestiniens, tout comme l'Egypte ont réaffirmé dimanche tout rejet d'un "déplacement forcé" des Palestiniens.

La Ligue arabe a mis en garde contre "les tentatives visant à déraciner les Palestiniens de leur terre", ce qui "ne pourrait être qualifié autrement que comme du nettoyage ethnique".

Le ministre israélien d'extrême droite Bezalel Smotrich a de son côté qualifié la proposition de Donald Trump d'"excellente idée", affirmant que les Palestiniens pourraient "établir une nouvelle et belle vie ailleurs".

 

- "Qu'ils ramènent les enfants" -

 

La première phase de l'accord de cessez-le-feu conclu après 15 mois de guerre doit durer six semaines et permettre la libération au total de 33 otages retenus à Gaza contre quelque 1.900 prisonniers palestiniens.

Dans le deuxième échange survenu durant cette trêve entrée dans sa deuxième semaine, quatre soldates israéliennes ont été libérées samedi par le mouvement islamiste contre environ 200 prisonniers palestiniens détenus dans des geôles israéliennes.

Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, qui doit permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre, avant la dernière étape portant sur la reconstruction de Gaza et la restitution des corps des otages morts en captivité.

La guerre a été déclenchée par l'attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.210 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées lors de l'attaque, 87 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

L'offensive lancée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait au moins 47.306 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

En Israël, des proches d'otages enlevés le 7 octobre 2023 mais ne figurant pas sur la liste de ceux devant être libérés en priorité ont fait part dimanche à l'AFP de leur colère.

"Nous voulons que l'accord se poursuive et qu'ils ramènent les enfants le plus vite possible et tous en une seule fois", a affirmé Dani Miran, un homme de 79 ans dont le fils Omri est otage à Gaza.

 


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.