PARIS : Si Donald Trump engage un bras de fer commercial avec l'UE, l'Europe doit « essayer de le rouler comme elle avait fait lors de son premier mandat », a lancé lundi l'ancien directeur de l'OMC, Pascal Lamy.
Le nouveau président élu « vise d'abord la Chine, le Mexique et le Canada. Nous, Européens, sommes plutôt en seconde ligne, sauf sur un secteur qui obsède Donald Trump : l'automobile », a-t-il précisé sur Radio Classique.
Lors de son premier mandat, Donald Trump avait exprimé à Angela Merkel son agacement devant l'omniprésence des Mercedes à New York, alors que les Chevrolet se faisaient rares à Berlin, a-t-il rappelé. « Ceux qui sont les plus exposés en Europe, ce sont les Allemands, cinq fois plus que nous les Français. »
Si la Chine, le Mexique et le Canada ont déjà averti qu'ils prendraient des mesures de rétorsion, l'Europe s'interroge encore pour savoir si elle doit « répliquer ou négocier », a expliqué l'ancien président de l'Organisation mondiale du Commerce, qui a également été commissaire européen au Commerce.
« Je pense que la tactique, à Bruxelles, c'est d'attendre de voir ce qui se passe, et de proportionner la réponse, quitte à essayer de rouler Trump, qui n'est pas infaillible », selon lui.
« Dans son dernier mandat, il avait déjà essayé le coup des voitures, et Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission, l'avait roulé dans la farine en lui disant : “Ne faites pas ça, je vous promets, on va importer davantage de soja”. Quoi qu'il en soit, on allait importer davantage de soja. Ça s'est arrêté là. »
« Mais l'arsenal européen de rétorsion est redoutable », assure-t-il.
Selon lui, ces menaces de hausse des droits de douane sont une « méthode mafieuse » visant à « tordre le bras d'un pays » en pointant un revolver sur sa tempe.
Selon lui, les principaux enjeux des relations transatlantiques ne porteront pas sur le commerce, mais sur l'Ukraine, la régulation de la technologie, de l'environnement, la régulation financière et notamment les cryptomonnaies. « Quand on voit que Trump vient de faire fortune en lançant sa propre cryptomonnaie (le $Trump, NDLR), les banques centrales vont avoir un problème », a-t-il déclaré.
Il a aussi jugé que la hausse des droits de douane de Donald Trump serait « clairement inflationniste » et entraînerait une hausse des taux d’intérêt « partout dans le monde », avec un risque de « ralentissement de l'économie mondiale ».