DOHA : Israël et le Hamas ont accepté mercredi un accord pour un cessez-le-feu à Gaza et la libération d'otages, mettant ainsi fin à 15 mois de guerre ayant fait des dizaines de milliers de morts et plongé le territoire palestinien dans le chaos.
Les négociations indirectes, qui piétinaient depuis des mois, ont accéléré ces derniers jours en vue d'une trêve associée à la libération d'otages retenus prisonniers dans la bande de Gaza depuis l'attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Cette attaque a déclenché une offensive israélienne en riposte qui a réduit en ruines une grande partie du territoire et provoqué une crise humanitaire majeure.
À l'annonce du cessez-le-feu, des milliers de Palestiniens ont exulté à travers la bande de Gaza, dont la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants ont fui leur foyer pour tenter d'échapper aux combats et aux bombardements.
L'accord, âprement négocié par les médiateurs internationaux (le Qatar, les États-Unis et l'Égypte), a été conclu à quelques jours du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, et prévoit un échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
« Nous avons un accord sur les otages » à Gaza, a lancé le président élu américain, tandis qu'un responsable américain confirmait l'existence d'un accord.
« Un accord de cessez-le-feu à Gaza et de libération d'otages a été atteint à la suite de la rencontre du Premier ministre qatari (Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani) avec les négociateurs du Hamas et, séparément, avec les négociateurs israéliens », a annoncé à l'AFP une source proche des discussions.
Dans un premier temps, 33 otages devraient être libérés, les femmes et les enfants en premier, en échange d'un millier de Palestiniens détenus par Israël, selon deux sources proches des négociations.
La deuxième phase concernera la libération des derniers otages, « les soldats et les hommes en âge d'être mobilisés », ainsi que le retour des corps des otages morts, selon le Times of Israel.
Un responsable israélien a toutefois prévenu mardi qu'Israël ne quitterait pas Gaza tant que tous les otages ne seraient pas rentrés, vivants ou morts.
À mesure que les négociations progressaient, Israël a multiplié les frappes meurtrières sur la bande de Gaza, affirmant viser des combattants du Hamas.
Mercredi, 27 personnes ont encore été tuées, selon les secours, notamment à Deir el-Balah, dans le centre du territoire, et à Gaza-ville, dans le nord, où une frappe a touché une école abritant des personnes déplacées.
Une seule trêve d'une semaine avait été observée fin novembre 2023 et les négociations menées depuis se sont heurtées à l'intransigeance des deux parties.
Mais les pourparlers se sont intensifiés à l'approche de la prise de fonction de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le principal allié d'Israël, le 20 janvier, dans un climat de pression internationale croissante sur les différentes parties.
Donald Trump a récemment promis « l'enfer » à la région si les otages n'étaient pas libérés avant son retour.
Déjà minée par un blocus israélien imposé depuis 2007, la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza sort de la guerre plongée dans le chaos.
Les Nations unies estiment que la reconstruction du territoire, dont plus de la moitié du bâti a été détruit, prendra jusqu'à 15 ans et coûtera plus de 50 milliards d'euros.
Les infrastructures, notamment le réseau de distribution d'eau, ont été lourdement endommagées.
Si le cessez-le-feu met fin aux hostilités, il laisse toutefois en suspens l'avenir politique du territoire où le Hamas, à présent très affaibli, s'était emparé du pouvoir en 2007, chassant l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas.
La guerre à Gaza a relancé l'idée d'une solution à deux États, israélien et palestinien, pour régler le conflit israélo-palestinien, défendue par une large partie de la communauté internationale, mais à laquelle Israël s'oppose fermement.
Israël, qui avait promis de détruire le Hamas après l'attaque du 7 octobre 2023, dit refuser un retrait total de son armée et refuse que Gaza soit administré à l'avenir par le Hamas ou l'Autorité palestinienne.
Les Palestiniens affirment quant à eux que l'avenir de Gaza leur appartient et qu'ils ne toléreront aucune ingérence étrangère.
Mardi, le secrétaire d'État américain sortant, Antony Blinken, a proposé d'envoyer une force internationale de sécurité à Gaza et de placer le territoire sous la responsabilité de l'ONU.
Il a estimé que l'Autorité palestinienne, qui exerce une autorité administrative partielle en Cisjordanie occupée, devrait reprendre le contrôle du territoire.