Plus de 25.000 Syriens sont rentrés en Syrie depuis la Turquie en 15 jours, selon Ankara

Des Syriens vivant en Turquie font la queue au poste frontière de Cilvegozu avant d'entrer en Syrie dans le district de Reyhanli à Hatay, le 9 décembre 2024. (AFP)
Des Syriens vivant en Turquie font la queue au poste frontière de Cilvegozu avant d'entrer en Syrie dans le district de Reyhanli à Hatay, le 9 décembre 2024. (AFP)
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Publié le Mardi 24 décembre 2024

Plus de 25.000 Syriens sont rentrés en Syrie depuis la Turquie en 15 jours, selon Ankara

  • Plus de 25.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour rentrer dans leur pays au cours des quinze derniers jours
  • La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie, accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant fui la guerre

ISTANBUL: Plus de 25.000 réfugiés syriens ont traversé la frontière turque pour rentrer dans leur pays au cours des quinze derniers jours, a affirmé mardi le ministre turc de l'Intérieur Ali Yerlikaya.

Un précédent nombre communiqué par les autorités turques faisait état de 7.621 retours depuis la Turquie entre les 9 et 13 décembre, les quatre jours ayant suivi la chute de Bachar al-Assad.

La Turquie, qui partage une frontière de plus de 900 km avec la Syrie, accueille toujours sur son sol quelque 2,92 millions de Syriens ayant fui la guerre qui a meurtri leur pays à partir de 2011, a précisé M. Yerlikaya.

Parmi eux, plus de 500.000 résident à Istanbul, la plus grande ville de Turquie, a-t-il ajouté à l'agence de presse étatique Anadolu.

Le ministre turc a déclaré que des bureaux de gestion des migrations seraient créés au sein de l'ambassade de Turquie à Damas et du consulat de Turquie à Alep afin de faciliter les démarches des réfugiés rentrant en Syrie.

Les autorités turques, qui espèrent le retour en Syrie d'importants contingents de réfugiés afin d"atténuer le fort sentiment anti-Syriens dans la population, permettront également à un membre de chaque famille de réfugiés de se rendre en Syrie et revenir à trois reprises au cours du premier semestre 2025 afin de préparer leur réinstallation.

Les réfugiés syriens pourront également emporter avec eux leur véhicule, ce qui leur était jusqu'ici impossible, a ajouté M. Yerlikaya.


Israël reconnaît avoir tué en juillet le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran

Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, est mort dans une explosion en Iran en juillet 2024 (Reuters/File).
Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, est mort dans une explosion en Iran en juillet 2024 (Reuters/File).
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  • Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a reconnu lundi que son pays avait tué en juillet à Téhéran le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans une déclaration où il a menacé de décapiter la direction des rebelles yéméni
  • L'Iran et le Hamas avait imputé l'assassinat de Haniyeh, le 31 juillet dans la capitale iranienne, à Israël, qui n'avait pas commenté

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a reconnu lundi que son pays avait tué en juillet à Téhéran le chef du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans une déclaration où il a menacé de décapiter la direction des rebelles yéménites.

L'Iran et le Hamas avait imputé l'assassinat de Haniyeh, le 31 juillet dans la capitale iranienne, à Israël, qui n'avait pas commenté. Une guerre oppose depuis octobre 2023 le Hamas à l'armée israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous frapperons durement les Houthis, ciblerons leurs infrastructures stratégiques et décapiterons leur leadership, tout comme nous l'avons fait avec Haniyeh, (Yahya) Sinouar (du Hamas, ndlr) et (Hassan) Nasrallah (du Hezbollah libanais, ndlr) à Téhéran, Gaza et au Liban", a déclaré M. Katz lors d'un événement au ministère de la Défense.

"Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée, et le long bras des forces de défense israéliennes le frappera et le tiendra pour responsable", a ajouté M. Katz, selon un communiqué publié par le ministère.

Il s'agit de la première reconnaissance publique qu'Israël est derrière l'assassinat de Haniyeh, tué en juillet dans une explosion dans la capitale iranienne.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dont le mouvement avait ouvert un front contre Israël en octobre 2023 en solidarité avec les Palestiniens, a lui été tué le 27 septembre à Beyrouth.

En représailles à la mort de Haniyeh et Nasrallah, l'Iran avait lancé début octobre 200 missiles vers Israël, qui a en réponse frappé des sites militaires en Iran.

Yahya Sinouar, chef du Hamas à Gaza qui avait remplacé Haniyeh à la tête du mouvement, avait lui été tué par des soldats israéliens le 16 octobre dans le sud de la bande de Gaza.

Plus tôt lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait déclaré avoir demandé aux forces israéliennes "de détruire les infrastructures des Houthis car quiconque essaie de s'en prendre à nous doit être frappé avec force".

Les rebelles yéménites Houthis, alliés de l'Iran, du Hamas et du Hezbollah, ont tiré dans la nuit de vendredi à samedi un missile balistique sur Tel-Aviv, faisant 16 blessés légers.


«Pas un Noël comme les autres»: avec la guerre, des fêtes moroses à Bethléem

L'emblématique édifice est aussi dépeuplé que la place de la Mangeoire attenante, où seuls résonnent les chants de moines arméniens depuis le site de la grotte dans laquelle Jésus a vu le jour selon la tradition chrétienne. (AFP)
L'emblématique édifice est aussi dépeuplé que la place de la Mangeoire attenante, où seuls résonnent les chants de moines arméniens depuis le site de la grotte dans laquelle Jésus a vu le jour selon la tradition chrétienne. (AFP)
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  • "Les chrétiens de Ramallah (distante d'une vingtaine de kilomètres) ne peuvent pas venir à cause des checkpoints. Les soldats israéliens nous malmènent, c'est dangereux et ça provoque de gros bouchons", dénonce M. Sabeh
  • Le maire de Bethléem, Anton Salman, regrette que l'armée israélienne ait ajouté de nouveaux points de contrôle à ceux existant déjà, ce qui dissuade les visiteurs potentiels

BETHLEEM: Des milliers de visiteurs devraient normalement se presser dans l'église de la Nativité à l'approche de Noël, mais pour la deuxième année consécutive, l'ambiance n'est pas à la fête à Bethléem en raison de la guerre à Gaza et des entraves israéliennes à la circulation en Cisjordanie occupée.

L'emblématique édifice est aussi dépeuplé que la place de la Mangeoire attenante, où seuls résonnent les chants de moines arméniens depuis le site de la grotte dans laquelle Jésus a vu le jour selon la tradition chrétienne.

"Entre 3.000 et 4.000 personnes devraient normalement visiter quotidiennement l'église à cette date", affirme un agent de sécurité, Mohammed Sabeh.

Les touristes étrangers ne sont pas les seuls à avoir déserté Bethléem, dont l'économie repose quasi exclusivement sur eux. C'est aussi le cas des Palestiniens, rebutés par un trajet de plus en plus compliqué.

"Les chrétiens de Ramallah (distante d'une vingtaine de kilomètres) ne peuvent pas venir à cause des checkpoints. Les soldats israéliens nous malmènent, c'est dangereux et ça provoque de gros bouchons", dénonce M. Sabeh.

Le maire de Bethléem, Anton Salman, regrette que l'armée israélienne ait ajouté de nouveaux points de contrôle à ceux existant déjà, ce qui dissuade les visiteurs potentiels.

"Certains d'entre eux arriveront peut-être à venir", dit-il à l'AFP. "Mais les autres vont se heurter aux barrières et aux checkpoints mis en place par Israël".

L'économie affectée 

L'élu estime qu'organiser de fastueuses célébrations de Noël dans sa ville n'est pas de mise, quand la bande de Gaza est chaque jour encore davantage ravagée par la guerre déclenchée après l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

"Nous souhaitons montrer au monde que ce n'est pas un Noël comme les autres à Bethléem", témoigne-t-il.

Des messes auront lieu et le patriarche latin de Jérusalem fera le déplacement, comme d'habitude, mais les festivités se cantonneront au religieux, sans parade ni grand rassemblement.

"Bethléem est un lieu à part à Noël et en Terre sainte. C'est ici qu'est né Jésus", dit Souad Handal, une guide local de 55 ans. "Ce qui se passe est regrettable car l'économie de Bethléem dépend du tourisme".

Propriétaire de l'une des boutiques les mieux placées de la ville, sur la place de la Mangeoire, Joseph Giacaman n'ouvre qu'une fois ou deux par semaine, pour "faire le ménage".

"Beaucoup de familles ont perdu leur commerce à cause de l'absence de touristes", soupire Abood, gérant d'un autre magasin de souvenirs.

Dans la vieille ville de Jérusalem, à seulement une quinzaine de kilomètres au nord, de l'autre côté du mur de séparation construit par Israël, le quartier chrétien n'arbore pas non plus ses décorations habituelles, dont le grand sapin de l'emblématique porte Neuve.

"Quittons cet endroit"

De nombreux habitants de Bethléem ont choisi de quitter la ville en raison du renforcement des mesures de sécurité depuis le début de la guerre à Gaza et des difficultés économiques.

"Quand vous ne pouvez pas subvenir aux besoins de votre enfant, ce n'est pas possible d'en faire abstraction", avance le maire, selon lequel environ 470 familles chrétiennes ont déménagé au cours des 12 derniers mois.

Les chrétiens, qui représentaient en 2017 autour de 11% des 215.000 habitants du gouvernorat de Bethléem, ne sont pas les seuls concernés et le phénomène, s'il n'est pas nouveau, "s'est accéléré et amplifié avec les récents événements", relève le père Frédéric Masson.

"Un nombre considérable de gens partent", poursuit ce prêtre syriaque catholique de la paroisse de Bethléem. "Surtout des jeunes qui ne peuvent pas se projeter dans l'avenir. Il n'y a plus d'espoir quand le pouvoir politique en place confisque votre avenir".

Fayrouz Aboud, directrice de l'Alliance française de la ville, fait le même constat. Pour elle, "l'espoir est plus douloureux que le désespoir" dans le contexte actuel.

Alors que des responsables politiques israéliens évoquent de plus en plus souvent une annexion de la Cisjordanie occupée, où la guerre à Gaza a attisé les violences, des jeunes viennent apprendre le français auprès de son institut dans l'optique de partir vivre à l'étranger.

A commencer par son propre fils, âgé de 30 ans. "Viens, quittons cet endroit", lui a-t-il demandé. "Ils (les Israéliens) vont venir et vont nous tuer".


Malgré l'espoir d'un cessez-le-feu, la violence se poursuit à Gaza

L'armée israélienne a affirmé avoir mené "une frappe ciblée contre des terroristes du Hamas qui opéraient" au sein de l'établissement "pour préparer des attaques terroristes contre les troupes israéliennes et l'Etat d'Israël". (AFP)
L'armée israélienne a affirmé avoir mené "une frappe ciblée contre des terroristes du Hamas qui opéraient" au sein de l'établissement "pour préparer des attaques terroristes contre les troupes israéliennes et l'Etat d'Israël". (AFP)
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  • Le mouvement  Hamas et deux autres groupes palestiniens avaient laissé entendre samedi qu'un accord pour une trêve à Gaza était "plus proche que jamais"
  • Des habitants s'affairaient en matinée dimanche, au milieu des gravats tachés de sang de l'école Moussa Ben Nousseir, afin de récupérer les affaires qui pouvaient encore être utilisées

TERRITOIRES PALESTINIENS: Malgré les espoirs grandissants d'un cessez-le-feu, la violence se poursuit dans la bande de Gaza, où 35 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures selon la Défense civile du territoire palestinien, ravagé par plus d'un an de guerre entre le Hamas et Israël.

Le mouvement  Hamas et deux autres groupes palestiniens avaient laissé entendre samedi qu'un accord pour une trêve à Gaza était "plus proche que jamais".

Les combats ne faiblissent pas d'ici-là le long de la bande côtière palestinienne, touchée à plusieurs endroits en l'espace de quelques heures par des frappes aériennes de l'armée israélienne.

L'une d'entre elles a visé dans la nuit de samedi à dimanche un bâtiment scolaire abritant des déplacés dans la ville de Gaza (nord) et fait huit morts, dont quatre enfants, a indiqué à l'AFP la Défense civile.

Des habitants s'affairaient en matinée dimanche, au milieu des gravats tachés de sang de l'école Moussa Ben Nousseir, afin de récupérer les affaires qui pouvaient encore être utilisées.

"Une grosse explosion et des cris nous ont réveillés", a raconté l'un deux, Abou Ali al-Jamal, à l'AFP. "On a retrouvé des femmes et des enfants déchiquetés et des morceaux de chair partout."

"Vivre normalement" 

L'armée israélienne a affirmé avoir mené "une frappe ciblée contre des terroristes du Hamas qui opéraient" au sein de l'établissement "pour préparer des attaques terroristes contre les troupes israéliennes et l'Etat d'Israël".

"De multiples mesures avaient été prises en amont afin de réduire le risque de toucher des civils", a-t-elle précisé.

Selon la Défense civile, une autre frappe, visant le domicile d'une famille à Deir al-Balah (centre), a fait 13 victimes.

Enveloppés dans des couvertures, deux corps y reposaient sur le sol poussiéreux alors que des habitants fouillaient les décombres, au soleil levant, à la recherche d'éventuels survivants.

"On perd des proches tous les jours", a dit à l'AFP Naïm al-Ramlawi. "Je prie Dieu pour qu'une trêve ait lieu rapidement et qu'une solution soit trouvée pour qu'on puisse vivre normalement."

L'armée israélienne a indiqué avoir visé, "sur la base de renseignements", un terroriste du Jihad islamique, autre mouvement armé palestinien dans la bande de Gaza, et que le nombre évoqué de 13 morts ne correspondait pas avec les informations dont elle disposait.

Les secouristes gazaouis ont par ailleurs fait état de trois morts, "non identifiés", dans une frappe près de Rafah (sud), et de quatre autres dans la ville de Gaza dans une attaque de drone confirmée à l'AFP par une source de sécurité israélienne.

En soirée dimanche, le bilan s'est encore alourdi, avec sept morts, selon la Défense civile, dans un camp de réfugiés de Khan Younès (sud), où l'armée israélienne a dit avoir ciblé "un terroriste du Hamas".

Le pape persiste et signe 

Ces nouvelles violences ont poussé le pape François à condamner pour la deuxième fois en deux jours la "cruauté" des frappes contre Gaza, en dépit des protestations de la diplomatie israélienne, qui l'avait accusé la veille de faire "deux poids, deux mesures".

"C'est avec douleur que je pense à Gaza, à tant de cruauté, aux enfants mitraillés, aux bombardements d'écoles et d'hôpitaux", a-t-il dit à l'issue de la prière dominicale de l'Angélus.

Le directeur de l'hôpital Kamal Adwan, l'un des deux seuls encore opérationnels dans la bande de Gaza, a affirmé dimanche que les générateurs alimentant son établissement avaient été touchés.

"L'armée essaye de viser le réservoir de carburant, ce qui fait courir un gros risque d'incendie", a dénoncé Hossam Abou Safia. Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a nié toute frappe en direction de l'hôpital.

Israël contrôle en outre strictement l'arrivée de l'aide internationale, indispensable pour les 2,4 millions de Gazaouis, et a été accusé à plusieurs reprises de commettre un "génocide" à Gaza, y compris devant la justice internationale à l'initiative de l'Afrique du Sud -- des accusations que les autorités israéliennes rejettent avec force.

"Sur les rares 34 camions transportant de la nourriture et de l'eau autorisés à entrer dans le gouvernorat du nord de Gaza au cours des deux derniers mois et demi, des retards délibérés et des obstructions systématiques de la part de l'armée israélienne ont fait que seuls 12 ont réussi à distribuer de l'aide aux civils palestiniens affamés", a affirmé l'ONG Oxfam dimanche dans un communiqué, tirant la sonnette d'alarme sur la détérioration de la situation dans le territoire palestinien assiégé.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023 qui a entraîné la mort de 1.208 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées sur le sol israélien, dont 96 restent otages à Gaza, parmi lesquelles 34 déclarées mortes par l'armée.

Selon le dernier bilan dimanche des autorités sanitaires locales, 45.259 personnes, en majorité des civils, ont été tuées à Gaza dans la campagne militaire israélienne de représailles depuis le 7-Octobre, des données jugées fiables par l'ONU.