L'ONU massivement en faveur d'une enquête de la CIJ sur le rôle d'Israël dans le «cauchemar humanitaire dystopique» de Gaza

Bien que les décisions de la CIJ, plus haute juridiction de l'ONU basée à La Haye, soient juridiquement contraignantes, la cour ne dispose d'aucun moyen concret pour les faire respecter. (AFP)
Bien que les décisions de la CIJ, plus haute juridiction de l'ONU basée à La Haye, soient juridiquement contraignantes, la cour ne dispose d'aucun moyen concret pour les faire respecter. (AFP)
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Publié le Lundi 23 décembre 2024

L'ONU massivement en faveur d'une enquête de la CIJ sur le rôle d'Israël dans le «cauchemar humanitaire dystopique» de Gaza

  • 137 pays votent en faveur de la résolution, qui a été rédigée par la Norvège et coparrainée par plusieurs pays, dont l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Égypte et l'Espagne
  • Le vice-ministre norvégien des affaires étrangères déclare qu'Israël ne collabore pas avec les organisations humanitaires et manque à ses obligations en vertu du droit international

NATIONS-UNIES: L'Assemblée générale des Nations unies a adopté jeudi à une écrasante majorité une résolution demandant à la Cour internationale de justice d'émettre un avis consultatif sur les obligations humanitaires d'Israël, qui doit garantir et faciliter l'acheminement sans restriction de l'aide humanitaire nécessaire à la survie des civils palestiniens à Gaza.La résolution, rédigée par la Norvège, a été adoptée par 137 États membres. Israël, les États-Unis et 10 autres pays ont voté contre, et 22 se sont abstenus.
En octobre, le parlement israélien a adopté des lois interdisant à l'agence des Nations unies pour l'aide aux Palestiniens, l'UNRWA, d'opérer en Israël et à Jérusalem-Est. Israël prétend que l'agence, qui apporte un soutien essentiel aux réfugiés palestiniens depuis sept décennies, a été infiltrée par le Hamas, mais n'a jamais réussi à fournir de preuves à l'appui de cette accusation.
Depuis le début de la guerre à Gaza, Israël maintient un contrôle strict sur l'aide qui entre dans le territoire assiégé. Jeudi, Human Rights Watch est devenue la dernière organisation internationale en date à accuser les autorités israéliennes de commettre des actes d'extermination et de génocide à l'encontre des Palestiniens en restreignant délibérément l'accès à l'eau.
Georgios Petropoulos, chef du bureau humanitaire des Nations unies à Gaza, a déclaré jeudi qu'Israël militait contre le système d'aide, ce qui limite considérablement la capacité à fournir une assistance aux civils.
"Chaque jour, en tant que travailleur humanitaire à Gaza, vous êtes contraint de prendre d'horribles décisions", a-t-il déclaré. "Dois-je laisser les gens mourir de faim ou de froid ? Faut-il apporter plus de nourriture pour apaiser la faim, ou plus de bâches en plastique pour abriter les gens de la pluie la nuit ? Dois-je réduire les fournitures d'hygiène ou apporter plus d'analgésiques pour les malades et les blessés ?
Le soutien israélien aux opérations humanitaires est "quasiment nul", ajoute M. Petropoulos.
"En tant que puissance occupante, il impose des interdictions générales sur presque tout. Les importations commerciales sont interdites. Le matériel et les fournitures humanitaires destinés à Gaza sont constamment bloqués, et nos propres mouvements à l'intérieur de la bande de Gaza sont le plus souvent interdits dans la plupart des régions."
La résolution adoptée jeudi par les Nations unies, qui a été coparrainée par plusieurs pays, dont l'Arabie saoudite, le Qatar, l'Égypte et l'Espagne, se déclare "gravement préoccupée par la situation humanitaire désastreuse dans le territoire palestinien occupé" et "demande à Israël de respecter et de se conformer à ses obligations de ne pas empêcher le peuple palestinien d'exercer son droit à l'autodétermination".
La Cour internationale de justice est la plus haute instance judiciaire des Nations unies. Si ses avis consultatifs ont une portée juridique et politique, ils ne sont pas juridiquement contraignants. La Cour, dont le siège est à La Haye, n'a pas le pouvoir de faire appliquer ses avis s'ils ne sont pas respectés.
Le vice-ministre norvégien des affaires étrangères, Andreas Kravik, a déclaré après le vote que la résolution faisait suite à plusieurs mois au cours desquels le monde a vu la situation humanitaire catastrophique à Gaza se transformer en "un cauchemar dystopique".
Il a ajouté : "45 000 Palestiniens ont été tués - beaucoup plus, probablement, si l'on inclut ceux qui se trouvent sous les décombres - et nous avons l'obligation, en tant que représentants de la communauté internationale, de répondre et de réagir, et c'est ce que nous avons fait aujourd'hui avec cette résolution".
S'il a affirmé que de nombreux pays et l'ONU étaient prêts à intensifier leurs efforts humanitaires à Gaza, M. Kravik a déploré le manque d'accès au territoire, qui constitue "le problème fondamental" auquel ils sont confrontés.
"Israël ne collabore pas", a-t-il déclaré. "Israël ne facilite pas l'accès humanitaire. (Aujourd'hui, la communauté internationale a dit : "Trop c'est trop".
"Israël prétend avoir le droit de faire ce qu'il fait. Nous cherchons maintenant à obtenir des conseils de la plus haute juridiction du monde, la CIJ, pour étayer cet argument. Nous voulons des éclaircissements sur les questions juridiques.
"Nous sommes déterminés. Nous sommes lucides sur les obligations d'Israël. En vertu du droit international, Israël a l'obligation de fournir une assistance, de collaborer avec les organisations humanitaires des Nations unies et les États tiers et de les laisser aider ceux qui souffrent.

 


Un enfant meurt chaque jour en tentant de franchir la Méditerranée centrale, selon l'Unicef

Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie. (Photo AFP)
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  • Environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.
  • Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages.

ROME : Selon un rapport publié mardi par l'Unicef, environ 3 500 enfants sont morts ou portés disparus ces dix dernières années, soit un par jour, en tentant de traverser la Méditerranée centrale entre l'Afrique du Nord et l'Italie.

L'Unicef se fonde sur le fait que parmi les personnes arrivées sur le sol européen par cette voie migratoire, un sur six est un enfant, pour estimer ce chiffre.

Ce chiffre pourrait être sous-estimé, car de nombreux naufrages passent inaperçus, faute de survivants pour témoigner.

Par ailleurs, sept enfants sur dix voyagent seuls, sans leurs parents, selon l'agence onusienne chargée des enfants.

« Beaucoup d’enfants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale fuient la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté », indique le rapport, précisant que « plus de la moitié des enfants et des jeunes interrogés déclarent avoir subi des violences physiques et un tiers affirment avoir été détenus contre leur gré ». 

« Les gouvernements doivent protéger les droits et l'intérêt supérieur des enfants (...). Les droits consacrés par la Convention relative aux droits de l'enfant ne connaissent pas de frontières ni de rivages : ils accompagnent les enfants lorsqu’ils les traversent », a déclaré Regina De Dominicis, haut responsable de l'Unicef, citée dans le rapport.

L'agence onusienne rappelle que si l’adoption du Pacte européen sur la migration et l’asile devant entrer en vigueur mi-2026 « peut permettre de mieux organiser la gestion des migrations, ce dernier doit être mis en œuvre en parfaite conformité avec les obligations légales de défense de l'intérêt supérieur de l’enfant ».

L'Unicef appelle également à renforcer les opérations de recherche et de sauvetage en mer pour prendre en compte les besoins spécifiques des enfants. 

« À son arrivée, chaque enfant doit immédiatement bénéficier d'une représentation juridique ainsi que de solides mesures de protection. Les mesures de restriction des déplacements ne doivent jamais entraîner la détention d'un enfant dans un centre de rétention, que ce soit lors des procédures de contrôle, de passage des frontières, de demande d’asile ou de renvoi », conclut l'Unicef. 


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. »