PARIS: La cour d'appel de Paris a reporté mercredi au 19 février l'examen de la demande d'extradition émise par l'Algérie d'un opposant et haut responsable du Mouvement d'autodétermination de la Kabylie (MAK), Aksel Bellabbaci, accusé par la justice algérienne d'"actes terroristes".
La chambre des extraditions avait ordonné le 2 octobre un complément d'informations, estimant que "les informations communiquées par les autorités algériennes se (révélaient) très incomplètes".
Aksel Bellabbaci, 41 ans, est accusé par la justice algérienne de 14 infractions, dont certaines lui font encourir la peine de mort.
Si la peine capitale est prévue par le code pénal algérien, elle n'est plus appliquée en vertu d'un moratoire en vigueur depuis 1993.
Il est accusé d'avoir commandité les incendies qui ont fait au moins 90 morts et ravagé des milliers d'hectares en août 2021 en Kabylie.
M. Bellabbaci est également soupçonné d'avoir été "l'instigateur" du lynchage mortel d'un artiste peintre de 38 ans, Djamel Bensmaïl, qui venait aider les habitants à éteindre les flammes et qui a été désigné à tort à la foule comme un pyromane.
Dans une note diplomatique "assez volumineuse", reçue le 3 décembre, la justice algérienne a répondu à chacune des questions, a indiqué l'assesseur mercredi.
"La surprise", a-t-il poursuivi, c'est que "figure une nouvelle demande d'extradition" portant sur l'exécution d'une peine à la réclusion criminelle à perpétuité prononcée le 24 novembre 2022 par le tribunal d'Alger.
Cette condamnation porte sur les mêmes faits et quasiment les mêmes infractions que ceux détaillés dans la première demande d'extradition formulée par l'Algérie en septembre 2021.
Et, dans cette seconde demande, qui fait l'objet d'une nouvelle procédure d'extradition, le casier judiciaire de M. Bellabbaci "pratiquement vierge" dans la première demande, "se retrouve désormais criblé de treize autres condamnations" à partir de 2021, s'est étonné l'assesseur.
"Le dossier n'est pas en état (d'être examiné) aujourd'hui car se pose la question de la jonction des deux procédures", a-t-il conclu.
Sympathisant depuis 2007 du MAK, M. Bellabbaci est le bras droit de Ferhat Mehenni, président de ce mouvement accusé par Alger d'avoir des visées "séparatistes" et classé comme organisation terroriste.
Il fait partie des 16 membres du MAK considérés comme "terroristes" par les autorités depuis février 2022 et a été condamné plusieurs fois par contumace en Algérie.
L'opposant kabyle vit en France depuis 2012 et n'est plus retourné en Algérie depuis août 2019.