L'envoyé spécial de l'ONU demande de mettre fin aux sanctions contre la Syrie

Geir Pederson, l'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, au centre, écoute une femme qui cherche un parent disparu, lors de sa visite à la prison militaire tristement célèbre de Saydnaya, au nord de Damas, en Syrie, le lundi 16 décembre 2024. (AP)
Geir Pederson, l'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, au centre, écoute une femme qui cherche un parent disparu, lors de sa visite à la prison militaire tristement célèbre de Saydnaya, au nord de Damas, en Syrie, le lundi 16 décembre 2024. (AP)
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Publié le Mercredi 18 décembre 2024

L'envoyé spécial de l'ONU demande de mettre fin aux sanctions contre la Syrie

  • Même si Assad n'est plus au pouvoir, «le conflit n'est pas encore terminé», soutient M. Pedersen
  • Il a appelé les autorités israéliennes à mettre fin à toutes les activités de colonisation «illégales» dans le Golan syrien occupé

NEW YORK: L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a appelé la communauté internationale à «soutenir largement» la Syrie pour mettre fin aux sanctions économiques paralysantes et aider à la reconstruction du pays après 14 ans de guerre civile environ.

S'exprimant depuis Damas mardi, Geir Pedersen a informé les membres du Conseil de sécurité des Nations unies de la situation actuelle en Syrie. Il s'agissait de la première réunion publique du Conseil sur le pays depuis la chute du régime du dictateur Bachar el-Assad le 8 décembre.

Le chef de l'aide humanitaire de l'ONU, Tom Fletcher, a également appelé tous les États à veiller à ce que «les sanctions et les mesures antiterroristes n'entravent pas» les opérations d'aide en Syrie, qui continue de subir les répercussions de l'une des crises humanitaires les plus graves au monde.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne et d'autres instances internationales ont imposé des sanctions sévères à la Syrie après que la répression par le président Assad des manifestations en faveur de la démocratie en 2011 a dégénéré en guerre civile.

Elles ont également imposé des sanctions à Hayat Tahrir al-Cham – le groupe militant qui a été le fer de lance de la prise de Damas ce mois-ci et qui a chassé Assad – il y a plus de dix ans. À l'époque, HTC était officiellement affilié à Al-Qaïda en Syrie, mais il a rompu ses liens avec le groupe terroriste en 2016. Toutefois, il figure toujours sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies et fait l'objet d'un gel des avoirs et d'un embargo sur les armes à l'échelle mondiale.

Les pays occidentaux sont désormais confrontés à la question de savoir comment réagir au mieux à l'évolution de la situation en Syrie, maintenant que HTC est au pouvoir. Bien que le groupe ait modéré ses propos, il est toujours largement qualifié d'organisation «terroriste» par les autorités occidentales.

M. Pedersen a déclaré: «Une évolution concrète vers une transition politique inclusive sera essentielle pour garantir que la Syrie reçoive le soutien économique dont elle a besoin.»

Il a mis en avant les mesures prises pour assurer une transition pacifique et ordonnée du pouvoir dans le pays, notamment les efforts visant à garantir la sécurité des ministres de l'ancien gouvernement et les appels lancés aux employés de l'État pour qu'ils poursuivent leur travail.

«Cela constitue une première base solide, mais ce n'est pas suffisant en soi», a déclaré M. Pedersen aux membres du conseil. La transition doit également être «crédible et inclusive, en incluant le plus large spectre de la société syrienne et des partis syriens, afin de favoriser la confiance du public», a-t-il ajouté. Il a également insisté sur la nécessité de rédiger une nouvelle constitution et d'organiser des élections libres et équitables.

Bien que les événements survenus ce mois-ci aient fait naître l'espoir d'une réelle opportunité de paix, de stabilité économique, de responsabilité et de justice en Syrie, M. Pedersen a prévenu que de nombreuses personnes restaient préoccupées par les «énormes» défis qui nous attendent.

«Je crains que si les Syriens et la communauté internationale ne prennent pas les choses en main, la situation ne s'aggrave à nouveau», a-t-il déclaré.

Même si Assad n'est plus au pouvoir, «le conflit n'est pas encore terminé», a poursuivi M. Pedersen, soulignant que les affrontements entre les groupes soutenus par la Turquie et les groupes kurdes dans le nord du pays sont particulièrement préoccupants.

«Bien qu'il y ait une stabilité dans de nombreuses régions et que l'ordre public se soit amélioré, cette stabilité peut être fragile, avec de nombreuses lignes de front et des hostilités ouvertes toujours en cours dans le nord-est, où des civils sont tués, blessés et déplacés. Une telle escalade pourrait être catastrophique», a-t-il affirmé.

Entre-temps, les forces israéliennes ont mené plus de 350 frappes contre des installations, des équipements et des fournitures militaires dans toute la Syrie depuis la chute du régime d'Assad, et les attaques se poursuivent, y compris un assaut majeur sur Tartus.

«Ces attaques font courir des risques supplémentaires à une population civile meurtrie et compromettent les perspectives d'une transition politique ordonnée», a déclaré M. Pedersen, qui a appelé les autorités israéliennes à mettre fin à toutes les activités de colonisation «illégales» dans le Golan syrien occupé.

«Les attaques contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie doivent cesser», a-t-il ajouté.

M. Pedersen a indiqué qu'il s'était entretenu avec les nouveaux dirigeants de facto de la Syrie. Il a également visité les «cachots» et les «chambres de torture et d'exécution» de la prison de Saydnaya, qu'il a décrits comme «un témoignage de la barbarie du régime déchu à l'égard de son propre peuple».

Il a déclaré que cette visite lui rappelait brutalement l'importance de la justice transitionnelle, de l'élucidation du sort de toutes les personnes encore portées disparues et du lieu où elles se trouvent, et de la garantie d'une procédure régulière dans les poursuites pénales, qui est une protection nécessaire contre les actes de vengeance.

«Sans cela, la Syrie et les Syriens ne pourront pas guérir», a ajouté M. Pedersen.

Dans un premier temps, il a appelé à la préservation et à la protection de toutes les preuves et de tous les documents liés aux crimes présumés, ainsi que des sites des fosses communes.

M. Fletcher, le chef de l'aide humanitaire des Nations unies, a déclaré au Conseil de sécurité que la crise humanitaire en Syrie restait l'une des pires au monde, avec 17 millions de personnes ayant besoin d'aide, plus de 7 millions de personnes déplacées à travers le pays et des millions d'autres vivant en tant que réfugiés.

Près de 13 millions de personnes sont déjà confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, a-t-il ajouté, et les événements récents n'ont fait qu'accroître ces besoins. Plus d'un million de personnes ont été déplacées en moins de deux semaines lors des événements qui ont abouti à la chute du régime d'Assad, et des centaines de civils ont été tués ou blessés, dont au moins 80 enfants.

Les services de santé et l'approvisionnement en eau ont été interrompus et plus de 12 000 écoles ont été temporairement fermées, ce qui a affecté des millions d'élèves. Les frontières et les routes commerciales restant fermées, il y a des pénuries de pain et de carburant, a ajouté M. Fletcher.

«Le flux de l'aide humanitaire a été gravement perturbé, la plupart des organisations ayant temporairement suspendu leurs opérations. Plusieurs entrepôts ont été pillés. Plusieurs travailleurs humanitaires ont perdu la vie», a-t-il ajouté.

Il a déploré le fait que l'effort de financement de l'aide à la Syrie, «l'appel le plus important au monde», soit l'un des moins bien soutenus.

«Alors qu'il ne reste que deux semaines avant 2024, moins d'un tiers du financement est assuré, ce qui représente le déficit de financement le plus important jamais enregistré pour la réponse à la crise syrienne», a déclaré M. Fletcher. «Il est temps d'investir dans le peuple syrien.»

L'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a déclaré que l'avenir de la Syrie était «actuellement très incertain compte tenu du manque de stabilité interne et des menaces palpables qui pèsent sur la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie».

Il a mis en garde contre le «risque réel de voir la Syrie devenir un certain nombre de cantons, divisés en fonction de leurs caractéristiques ethniques et religieuses», et a appelé le peuple syrien à tout mettre en œuvre pour qu'un dialogue national inclusif ait lieu, sans séparer les gens en «perdants et en gagnants».

La représentante permanente adjointe de la Slovénie auprès des Nations unies, Ondina Blokar Drobic, a déclaré au Conseil que l'avenir prospère de la Syrie dépendrait d'une transition politique crédible et inclusive, ainsi que d'un processus politique inclusif mené par les Syriens et contrôlé par les Syriens. Elle a souligné la nécessité de la participation des femmes à ce processus.

Mme Drobic a également souligné l'obligation pour toutes les parties de prendre position contre le terrorisme, en insistant sur l'importance d'empêcher Daech et d'autres groupes terroristes de rétablir leurs capacités et de leur refuser l'asile.

Les autorités intérimaires syriennes «doivent également respecter les autres obligations internationales de la Syrie, y compris la Convention sur les armes chimiques», a-t-elle ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".