Israël demande à l'armée de «se préparer à rester» dans la zone tampon en Syrie tout l'hiver

L'occupation par Israël de la zone tampon a suscité de nombreuses critiques internationales, notamment de la part du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. (AFP)
L'occupation par Israël de la zone tampon a suscité de nombreuses critiques internationales, notamment de la part du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. (AFP)
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Publié le Vendredi 13 décembre 2024

Israël demande à l'armée de «se préparer à rester» dans la zone tampon en Syrie tout l'hiver

  • Israël s'est emparé de la zone démilitarisée dimanche, quelques heures seulement après la fuite du président syrien, Bachar al-Assad, chassé du pouvoir par les rebelles syriens
  • Depuis, l'armée israélienne a mené des centaines de frappes aériennes et navales contre des installations militaires en Syrie, visant aussi bien les stocks d'armes chimiques que les défenses aériennes

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné vendredi à l'armée de "se préparer à rester" tout l'hiver dans la zone tampon entre Israël et la Syrie sur le sommet du plateau du Golan, dont Israël a conquis une partie lors de la guerre israélo-arabe de 1967.

Israël s'est emparé de la zone démilitarisée dimanche, quelques heures seulement après la fuite du président syrien, Bachar al-Assad, chassé du pouvoir par les rebelles syriens.

Depuis, l'armée israélienne a mené des centaines de frappes aériennes et navales contre des installations militaires en Syrie, visant aussi bien les stocks d'armes chimiques que les défenses aériennes, afin de les empêcher de tomber selon elle entre les mains des rebelles.

La présence de troupes israéliennes dans la zone tampon intervient à un moment où l'armée continue de retirer des soldats du sud du Liban après le cessez-le-feu conclu fin novembre à l'issue de deux mois de guerre ouverte contre le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah. Parallèlement, la guerre menée par l'armée israélienne contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 est loin d'être terminée.

"En raison de ce qui se passe en Syrie, il est d'une importance sécuritaire capitale de maintenir notre présence au sommet du mont Hermon, et il faut tout faire pour garantir la préparation de (l'armée) sur place, afin de permettre aux combattants de séjourner dans cet endroit malgré les conditions climatiques difficiles" durant l'hiver, a déclaré le ministre israélien de la Défense dans un communiqué.

Le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a indiqué jeudi que l'effondrement du gouvernement Assad avait créé un "vide à la frontière d'Israël et dans la zone tampon", soulignant que la présence de troupes israéliennes y était temporaire, en attendant que la sécurité à la frontière entre Israël et la Syrie puisse être garantie.

L'occupation par Israël de la zone tampon a suscité de nombreuses critiques internationales, notamment de la part du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Il a appelé jeudi, par la voix de son porte-parole, "toutes les parties" à "mettre fin à la présence non autorisée dans la zone de séparation et à s'abstenir de toute action qui saperait le cessez-le-feu et la stabilité du Golan".

Les Etats-Unis, principal allié militaire d'Israël, ont demandé que l'incursion israélienne soit "temporaire".

Selon certains analystes, Israël craint que les stocks d'armes chimiques ou d'autres armes stratégiques conservées par les forces armées du président syrien déchu ne tombent entre les mains de groupes jihadistes, qui pourraient les utiliser contre lui.


Les progrès des droits de l'homme en Arabie saoudite sont « irréversibles » en raison de la popularité des jeunes, selon un fonctionnaire de l'UE

Olof Skoog, représentant spécial de l'UE (RSUE) pour les droits de l'homme. (Photo AN de Jaafer Alsaleh)
Olof Skoog, représentant spécial de l'UE (RSUE) pour les droits de l'homme. (Photo AN de Jaafer Alsaleh)
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  • Le Royaume se modernise rapidement », déclare Olof Skoog à Arab News.
  • J'ai été très impressionné par les changements en faveur des femmes en particulier ».

RIYADH : Une grande partie des progrès de l'Arabie saoudite sont « irréversibles » en raison de sa popularité auprès des jeunes, a déclaré à Arab News un émissaire de l'UE chargé des droits de l'homme.

Olof Skoog, représentant spécial de l'UE pour les droits de l'homme, s'est entretenu avec Arab News pour discuter des progrès réalisés par le Royaume, avant le 4e dialogue UE-KSA sur les droits de l'homme qui a eu lieu à Riyad mardi.

En ce qui concerne les changements intervenus ces dernières années, Mme Skoog a déclaré : « Je les considère comme de véritables réformes. La population de l'Arabie saoudite est très jeune. Le pays se modernise rapidement, d'une certaine manière, il est plus à l'écoute de ce qui se passe dans le monde, et les jeunes sont très sensibles à cette évolution ».

« C'est pourquoi je pense qu'une grande partie de ce qui se passe ici est irréversible, d'une certaine manière, parce que la prochaine génération va exiger le maintien de ces droits, au moins pour les filles et les femmes.

« Plus vous verrez les femmes prendre une part importante dans l'ensemble de la main-d'œuvre ici, des avocats aux médecins en passant par les juges et les politiciens, plus je pense que ce sera une source d'inspiration irréversible pour la prochaine génération.

S'exprimant sur les progrès réalisés par l'Arabie saoudite en matière de droits des femmes, Mme Skoog a ajouté : « J'ai été très impressionnée par les changements intervenus en faveur des femmes en particulier.

« En très peu de temps, beaucoup de choses se sont produites pour l'émancipation des femmes, y compris sur le marché du travail. Nous nous en réjouissons. Et j'aimerais encourager d'autres mesures en faveur de l'égalité en Arabie saoudite », a-t-il déclaré.

Dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, les droits des femmes ont connu des avancées significatives, à commencer par la levée en 2018 de l'interdiction de conduire.

Ces réformes se sont étendues à une participation accrue à la main-d'œuvre, à des initiatives visant à renforcer l'autonomie des femmes sur le marché du travail, à des protections juridiques et sociales plus importantes, à des rôles de leadership accrus au sein du gouvernement et des entreprises, à la participation à la sécurité et au service militaire, et à l'autonomie en matière de voyages et de décisions personnelles.

M. Skoog a également évoqué l'importance de relever les défis qui subsistent tant en Arabie saoudite que dans l'UE.

Il a déclaré que l'Arabie saoudite avait encore des progrès à faire par rapport aux sociétés européennes, mais il a également reconnu les lacunes communes aux deux régions : « Malheureusement, dans toutes les sociétés, y compris en Europe, il y a des difficultés lorsqu'il s'agit de violence basée sur le genre, par exemple, et nous essayons de mobiliser une législation et des campagnes fortes contre cela.

Une partie du rôle de l'UE dans le monde consiste à promouvoir les organisations de la société civile, à s'engager avec elles et à créer un espace bien équilibré pour qu'elles puissent partager leurs préoccupations.

Alors que la question délicate des droits de l'homme semble être un défi à relever tout en promouvant des liens diplomatiques et politiques forts, M. Skoog assure qu'il n'y a pas lieu de le faire.

« Je pense que l'Arabie saoudite est en train de montrer, dans le cadre de son programme de réformes, que toute autorité, tout gouvernement et tout dirigeant doit être très attentif aux intérêts, aux droits et aux aspirations de sa population », a-t-il déclaré.

« C'est une question de droits de l'homme. Il s'agit de construire un contrat solide entre la population et le gouvernement, ou entre le gouvernement et la population.

« Il s'agit de droits politiques, de droits civiques, mais aussi de droits économiques, sociaux et culturels, qui vont tous ensemble.

Le représentant spécial a déclaré que l'accueil par l'Arabie saoudite de la Coupe du monde de la FIFA 2034 attirera l'attention du monde entier sur la législation du travail du pays, comme ce fut le cas pour le Qatar lorsqu'il a accueilli l'événement en 2022.

« Je pense que la Coupe du monde va attirer l'attention du monde extérieur, et encore plus celle des Saoudiens, vous savez, l'industrie de la construction et tout ce qui va se passer ici », a-t-il déclaré.

Un nouveau domaine sur lequel les deux entités travaillent d'arrache-pied est de veiller à ce que le secteur privé respecte les obligations internationales en matière de promotion de la dignité et des droits de l'homme dans sa main-d'œuvre, ses chaînes d'approvisionnement, sa présence numérique et ses pratiques durables.

L'UE s'efforce de faire en sorte que, si nous constatons que le secteur privé n'est pas en mesure de s'engager volontairement à respecter certains codes de conduite ou règles que nous avons établis, des ensembles de règlements qui les lient... ».

« Les entreprises du secteur privé qui veulent faire des affaires en Europe doivent montrer qu'elles sont responsables et durables dans leurs chaînes d'approvisionnement », a-t-il déclaré.

Bien que l'UE fournisse un certain nombre d'orientations sur les normes internationales de conduite en matière de droits de l'homme, la collaboration est, en fin de compte, une voie à double sens.

Le représentant a évoqué l'importance d'un dialogue interrégional constructif, y compris la critique de l'UE elle-même.

« Au fil des ans, l'UE a subi de fortes pressions migratoires, comme beaucoup d'autres, en particulier après 2015, avec ce qui s'est passé en Syrie. Je pense que cela a également mis à l'épreuve l'engagement de l'UE envers les obligations internationales en matière d'asile et ce genre de choses », a déclaré M. Skoog.

« Nous avons aussi la xénophobie, le racisme, ou l'antisémitisme, ou les expressions anti-musulmanes dans nos sociétés qui doivent être traitées », a-t-il ajouté.

« Aucune société n'est à l'abri des défis et il faut essayer de trouver le bon équilibre entre la liberté d'expression, mais pas d'une manière qui apporte la haine ou incite à la violence.

 

 


Syrie : l'ONU appelle à des élections « justes et libres » après la période de transition

L'envoyé spécial des Nations unies, Geir Pedersen, s'adresse aux médias à l'extérieur d'un hôtel à Damas, le 18 décembre 2024. (Photo AFP)
L'envoyé spécial des Nations unies, Geir Pedersen, s'adresse aux médias à l'extérieur d'un hôtel à Damas, le 18 décembre 2024. (Photo AFP)
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  • « Je pense qu'il est important de dire qu'il y a beaucoup d'espoir et que nous assistons aujourd'hui aux débuts de la nouvelle Syrie », a affirmé le représentant onusien dans une déclaration aux journalistes.
  • Mohammad al-Bachir, Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1^(er) mars, a promis de « garantir les droits de tous ».

DAMAS : Depuis Damas, l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie, Geir Pedersen, a appelé mercredi à des « élections libres et justes » après la période de transition, insistant sur le besoin d'une « aide humanitaire immédiate » dans ce pays exsangue après des années de guerre.

Le 8 décembre, une coalition de groupes armés menée par les islamistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris le pouvoir en Syrie, renversant le président Bachar al-Assad qui dirigeait sans partage le pays depuis plus de 20 ans.

« Je pense qu'il est important de dire qu'il y a beaucoup d'espoir et que nous assistons aujourd'hui aux débuts de la nouvelle Syrie », a affirmé le représentant onusien dans une déclaration aux journalistes.

« Une nouvelle Syrie (...) qui adoptera une nouvelle constitution garantissant un nouveau contrat social à tous les Syriens et qui organisera des élections justes et libres » après la période de transition.

Mohammad al-Bachir, Premier ministre chargé de la transition jusqu'au 1^(er) mars, a promis de « garantir les droits de tous ».

« Il y a de la stabilité à Damas, mais des défis persistent dans d'autres zones », a souligné M. Pedersen.

Il a notamment dit espérer une « solution politique » dans le nord-est de la Syrie concernant les zones autonomes kurdes, qui constituent l'un des « plus grands défis » du nouveau pouvoir en place.

Enfin, l'envoyé spécial de l'ONU a réaffirmé la nécessité d'une « aide humanitaire immédiate », espérant une « reprise économique » du pays sous sanctions internationales.

La Syrie a été le théâtre d'une guerre dévastatrice déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratiques. Le conflit a fait plus d'un demi-million de morts, des millions de déplacés et de réfugié. 


Au Soudan, le système de santé est à l'agonie et les médecins sont pris pour cible

Le 17 août 2024, dans un centre d'isolement rural à Wad Al-Hilu, dans l'État de Kassala, dans l'est du Soudan, un médecin soigne un enfant atteint de choléra. (Photo de l'AFP).
Le 17 août 2024, dans un centre d'isolement rural à Wad Al-Hilu, dans l'État de Kassala, dans l'est du Soudan, un médecin soigne un enfant atteint de choléra. (Photo de l'AFP).
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  • Sous les bombardements incessants, Mohamed Moussa, un médecin soudanais, dit continuer de travailler, comme d'autres, au milieu d'un système de santé en ruines.
  • En octobre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recensé 119 attaques contre des établissements de santé, dont des bombardements, des tirs d'artillerie, des fusillades, des pillages et des intrusions.

LE CAIRE : Sous les bombardements incessants, Mohamed Moussa, un médecin soudanais, dit continuer de travailler, comme d'autres, au milieu d'un système de santé en ruines, dans le contexte d'une guerre qui dure depuis plus d'un an et demi, d'une crise humanitaire sans précédent et de la famine.

« Les bombardements nous ont insensibilisés », déclare au téléphone à l'AFP ce généraliste de 30 ans qui travaille à l'hôpital Al-Nao, l'un des derniers établissements en activité à Omdourman, ville jumelle de Khartoum.

« Le personnel de santé n'a pas d'autre choix que de continuer », confie-t-il, même si les coups de feu crépitent au loin, les avions rugissent au-dessus de sa tête et le sol tremble sous ses pieds.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé 12 millions de personnes, provoquant ainsi ce que le Comité international de secours (IRC) qualifie de « plus grande crise humanitaire » mondiale.

À l'hôpital Al-Nao, qui a été la cible de bombardements selon Médecins sans frontières (MSF), le personnel soignant dit prendre en charge des blessures par balle à la tête, à la poitrine et à l'abdomen, ainsi que des brûlures graves, des os brisés et des amputations, y compris sur des enfants de quatre mois.

- « En ruines » -

Sur les 87 hôpitaux de l'État de Khartoum, près de la moitié ont subi des dommages visibles entre la mi-avril 2023 et le 26 août 2024, d'après les images satellite fournies par l'université de Yale et l'Association des médecins soudano-américains (SAPA).

En octobre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recensé 119 attaques contre des établissements de santé, dont des bombardements, des tirs d'artillerie, des fusillades, des pillages et des intrusions.

« Il y a un mépris total pour la protection des civils », a déclaré à l'AFP Kyle McNally, conseiller aux affaires humanitaires chez MSF, faisant état de « destructions généralisées » mettant « à bas les services de santé ».

Selon le syndicat des médecins soudanais, jusqu'à 90 % des établissements médicaux ont été contraints de fermer dans les zones de conflit, privant de soins des millions de personnes.

Quelque 78 professionnels de santé ont été tués depuis le début de la guerre sur leur lieu de travail ou à leur domicile, affirme le syndicat.

« Les deux camps pensent que le personnel médical coopère avec la faction adverse, ce qui conduit à les prendre pour cible », a déclaré à l'AFP son porte-parole, Sayed Mohamed Abdullah.

- « Aucune distinction » -

Le 11 novembre, MSF a suspendu la plupart de ses activités à l'hôpital Bachaïr, l'un des seuls établissements de santé encore en activité dans le sud de Khartoum, après que des combattants ont pris d'assaut l'hôpital.

« Rien ne justifie de cibler les hôpitaux ou le personnel médical, car les médecins ne font aucune distinction entre les patients », assure M. Abdullah.

Les médecins doivent également faire face à la famine : selon l'ONU, près de 26 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë au Soudan.

Entre mi-août et fin octobre, le personnel de l'hôpital pédiatrique d'Omdourman, qui accueille des enfants souffrant de malnutrition, s'occupait jusqu'à 40 enfants par jour, dont beaucoup étaient dans un état critique, selon le docteur Nora Idris, dont le nom a été modifié pour des raisons de sécurité.

« Chaque jour, trois à quatre d'entre eux meurent, car leur cas était désespéré ou à cause d'une pénurie de médicaments », a-t-elle précisé.

Adnan Hezam, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Soudan, a affirmé à l'AFP que « sans une aide immédiate aux structures de santé, nous craignons une détérioration rapide » des services.

Il souligne que le droit international humanitaire protège le personnel médical, les hôpitaux et les ambulances, mais ces principes ont peu de poids au Soudan.

Pour les professionnels de santé, soigner coûte que coûte « semble insupportable certains jours, mais nous ne pouvons pas nous arrêter », assure le docteur Moussa.