Syrie: réunion virtuelle du G7 vendredi, le nouveau pouvoir promet un «Etat de droit»

Une vue aérienne montre un Syrien brandissant le drapeau syrien de l'époque de l'indépendance sur la place centrale des Omeyyades à Damas, le 11 décembre 2024. (AFP)
Une vue aérienne montre un Syrien brandissant le drapeau syrien de l'époque de l'indépendance sur la place centrale des Omeyyades à Damas, le 11 décembre 2024. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 13 décembre 2024

Syrie: réunion virtuelle du G7 vendredi, le nouveau pouvoir promet un «Etat de droit»

  • Les dirigeants des pays du G7 se réunissent en visioconférence vendredi pour examiner la situation en Syrie
  • Le nouveau pouvoir a promis d'instaurer un "Etat de droit" quatre jours après la chute de Bachar al-Assad

DAMAS: Les dirigeants des pays du G7 se réunissent en visioconférence vendredi pour examiner la situation en Syrie, où le nouveau pouvoir a promis d'instaurer un "Etat de droit" quatre jours après la chute de Bachar al-Assad.

A l'issue d'une offensive de 11 jours, une coalition rebelle dominée par le groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a renversé dimanche le pouvoir de Bachar al-Assad, qui a fui en Russie.

Face aux défis politiques, sociaux et sécuritaires auxquels le pays multiethnique, multiconfessionnel et morcelé doit faire face, les nouvelles autorités tentent de rassurer en interne et à l'international.

La Syrie sera au coeur des discussions des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays du G7 qui doivent se réunir vendredi en visioconférence. Ce sommet avait été convoqué avant la chute de Bachar al-Assad et prévu initialement pour la passation de la présidence tournante du groupe, ont indiqué à l'AFP des sources de la présidence italienne du G7.

A Rome, le G7 s'est dit prêt jeudi à soutenir une transition vers un gouvernement "inclusif et non sectaire" respectant les droits des femmes et "les minorités religieuses et ethniques".

Après une visite du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, la Jordanie a annoncé la tenue samedi d'un sommet consacré à Syrie, réunissant ministres et haut-diplomates américains, européens, arabes et turcs.

En Jordanie, M. Blinken a également appelé à "une transition inclusive" vers un gouvernement "responsable et représentatif".

Evoquant les activités militaires israélienne et turque depuis la victoire rebelle, il a jugé "vraiment important" que tous fassent "en sorte de ne pas déclencher de nouveaux conflits".

Il s'est ensuite entretenu à Ankara avec le président Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient des forces rebelles luttant contre le contrôle kurde dans le nord-est syrien.

En Turquie, M. Blinken a insisté sur la nécessité que "tous les acteurs en Syrie (...) prennent toutes les mesures possibles pour protéger les civils", a indiqué le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller.

- Les FDS "essentielles" face à l'EI -

Israël, qui a annoncé ces derniers jours des centaines de frappes en Syrie contre des sites militaires stratégiques, ne veut pas que les équipements de l'armée syrienne tombent entre de "mauvaises mains", a mis en avant M. Blinken. Mais Washington discute avec Israël "de la voie à suivre", a-t-il dit en Jordanie.

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, est "très préoccupé" par les "violations importantes" de la souveraineté et intégrité territoriale syrienne, et par les frappes israéliennes, a fait savoir son porte-parole, alors que l'armée israélienne est aussi entrée dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée par Israël.

Avant une trêve mercredi sous l'égide américaine, des combats meurtriers ont par ailleurs opposé des combattants proturcs aux forces prokurdes dans le nord syrien.

Les Forces démocratiques syriennes, FDS, dominées par les Kurdes et soutenues par les Etats-Unis, qui contrôlent de vastes régions du nord-est sont "essentielles" pour empêcher la résurgence du groupe jihadiste Etat islamique (EI), a souligné M. Blinken.

L'administration autonome kurde a annoncé plus tôt troquer le drapeau kurde pour les nouvelles couleurs flottant sur Damas.

Après plus d'un demi-siècle de pouvoir sans partage du clan Assad, le nouveau gouvernement entend instituer "un Etat de droit", a affirmé un porte-parole, Obaida Arnaout.

Les autorités vont "geler la Constitution et le Parlement" en vue d'amender la Constitution, a-t-il indiqué à l'AFP.

HTS affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé "terroriste" par plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis.

- "Sortis à la lumière" -

Le Premier ministre de transition, Mohammad al-Bachir, a appelé mercredi les Syriens exilés à rentrer.

Quelque six millions de Syriens, soit un quart de la population, ont fui le pays depuis 2011, quand la répression de manifestations prodémocratie a déclenché une guerre civile dévastatrice qui a fait plus d'un demi-million de morts.

L'agence humanitaire des Nations unies (Ocha) a déclaré jeudi que 1,1 million de personnes, principalement des femmes et des enfants, avaient été déplacées depuis que les rebelles ont lancé leur offensive le 27 novembre.

A Damas, où flotte désormais le drapeau de la révolution, la vie a repris son cours.

"On a l'impression que nous étions tous des prisonniers sous terre, désormais sortis à la lumière du jour", confie un habitant de 38 ans, Razan al-Halabi.

Des anciens militants du parti Baas remettent leurs armes dans des permanences de cette formation, pilier pendant un demi-siècle du pouvoir déchu, au lendemain de la suspension de ses activités.

Les nouvelles autorités ont annoncé la reprise des activités de la chancellerie italienne et de missions diplomatiques de sept pays arabes. La Turquie a nommé un nouveau chef de mission pour son ambassade à Damas, fermée de longue date.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a de son côté lancé un appel urgent à des crédits de 250 millions de dollars pour fournir "une aide alimentaire à jusqu'à 2,8 millions de personnes déplacées et vulnérables" dans le pays.

"Barbarie inimaginable"

De nombreux Syriens mènent aussi une douloureuse quête de proches disparus lors des décennies de féroce répression.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a demandé la libération immédiate des "innombrables" personnes encore arbitrairement détenues, dénonçant la "barbarie inimaginable" endurée par le pays.

La Commission d'enquête des Nations unies sur la Syrie a indiqué à l'AFP avoir établi des listes de milliers d'auteurs de crimes graves en Syrie.

Ancien chef de la prison d'Adra à Damas entre 2005 et 2008, Samir Ousman Alsheikh, qui est déjà emprisonné aux Etats-Unis, a été inculpé jeudi pour torture. Il est accusé par Washington d'avoir infligé de "graves douleurs physiques et mentales" sur des détenus, ou d'en avoir donné l'ordre.

Les nouvelles autorités ont annoncé qu'un citoyen américain, Travis Timmerman, avait été libéré, et se sont dit prêtes "à coopérer" avec Washington pour retrouver d'autres Américains disparus, dont le journaliste Austin Tice enlevé en 2012 lors d'une opération de l'armée en banlieue de Damas.


Israël: une femme tuée dans une attaque au couteau selon un hôpital

Dans un communiqué distinct, la police a déclaré que le suspect, un Palestinien de 28 ans de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, avait été arrêté, et qu'une enquête avait été ouverte. (AFP)
Dans un communiqué distinct, la police a déclaré que le suspect, un Palestinien de 28 ans de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, avait été arrêté, et qu'une enquête avait été ouverte. (AFP)
Short Url
  • Une femme âgée d'environ 80 ans a été tuée vendredi dans une attaque au couteau dans la ville d'Herzliya, au nord de Tel-Aviv, a indiqué un hôpital israélien, la police faisant état de l'arrestation d'un suspect palestinien
  • "Elle a été transportée à l'hôpital avec de multiples blessures par arme blanche", a déclaré l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv dans un communiqué. Malgré "des efforts de réanimation, le personnel hospitalier a constaté son décès à son arrivée", a-t-il ajouté

HERZLIYA: Une femme âgée d'environ 80 ans a été tuée vendredi dans une attaque au couteau dans la ville d'Herzliya, au nord de Tel-Aviv, a indiqué un hôpital israélien, la police faisant état de l'arrestation d'un suspect palestinien.

"Elle a été transportée à l'hôpital avec de multiples blessures par arme blanche", a déclaré l’hôpital Ichilov de Tel-Aviv dans un communiqué. Malgré "des efforts de réanimation, le personnel hospitalier a constaté son décès à son arrivée", a-t-il ajouté.

L'attaque a eu lieu sur la place De Shalit à Herzliya, a indiqué la police.

"Nous avons (...) stoppé l’hémorragie, administré des médicaments et l’avons évacuée dans un état critique", a déclaré Idan Shina, un secouriste du Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, dans un communiqué, avant que l’hôpital n’annonce son décès.

Dans un communiqué distinct, la police a déclaré que le suspect, un Palestinien de 28 ans de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, avait été arrêté, et qu'une enquête avait été ouverte.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, plusieurs attaques ont été perpétrées en Israël par des activistes palestiniens.

Au moins 31 personnes, dont des soldats israéliens, ont été tuées, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens.


Syrie: un responsable du pouvoir déchu arrêté après des combats meurtriers selon une ONG

Mohammed Kanjo Hassan a acté la condamnation à mort de "milliers de personnes lors de procès expéditifs", a indiqué à l'AFP Diab Seria, cofondateur de l'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP). (AFP)
Mohammed Kanjo Hassan a acté la condamnation à mort de "milliers de personnes lors de procès expéditifs", a indiqué à l'AFP Diab Seria, cofondateur de l'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP). (AFP)
Short Url
  • Les nouvelles autorités en Syrie ont arrêté jeudi un dirigeant du pouvoir déchu de Bachar al-Assad, considéré comme responsable de nombreuses condamnations à mort dans la tristement célèbre prison de Saydnaya près de Damas, a indiqué l'observatoire syrien
  • Marquée par des affrontements meurtriers, l'opération pour arrêter le général Mohammed Kanjo Hassan, a été lancée mercredi par les forces de sécurité à Tartous

DAMAS: Les nouvelles autorités en Syrie ont arrêté jeudi un dirigeant du pouvoir déchu de Bachar al-Assad, considéré comme responsable de nombreuses condamnations à mort dans la tristement célèbre prison de Saydnaya près de Damas, a indiqué l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Marquée par des affrontements meurtriers, l'opération pour arrêter le général Mohammed Kanjo Hassan, a été lancée mercredi par les forces de sécurité à Tartous, dans l'ouest du pays, bastion de la minorité alaouite dont est issu M. Assad, renversé le 8 décembre par une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical sunnite Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Le chef de la justice militaire sous Bachar al-Assad, promu à ce poste en 2014, a été arrêté dans la localité de Khirbet al-Ma'zah avec 20 membres de sa garde rapprochée, a précisé l'OSDH.

Mohammed Kanjo Hassan a acté la condamnation à mort de "milliers de personnes lors de procès expéditifs", a indiqué à l'AFP Diab Seria, cofondateur de l'Association des détenus et des disparus de la prison de Saydnaya (ADMSP).

Ce centre pénitentiaire, construit dans les années 1980 durant le règne de Hafez al-Assad - le père de Bachar - pour accueillir des détenus politiques, est devenu un symbole du contrôle impitoyable de l'Etat syrien sur ses citoyens.

Selon l'ADMSP, environ 30.000 personnes avaient été détenues à Saydnaya depuis 2011, certaines soumises aux pires tortures, dont seulement 6.000 avaient été relâchées.

L'association estime à quelque 150 millions de dollars la fortune réalisée par Mohammed Kanjo Hassan aux dépens de familles de détenus qui payaient pour avoir des informations sur leurs proches, jamais données.

"Etape importante"

L'arrestation de "l'un des criminels du régime d'Assad", "représente une étape importante vers l'obtention de la justice et la poursuite des criminels", s'est réjoui sur X la Coalition syrienne de l'opposition, qui regroupe les principales formations politiques en exil.

Son arrestation a été marquée par des violences après que des hommes armés ont tenté d'empêcher les forces de sécurité de le capturer. Quatorze membres des forces de sécurité et sept hommes armés ont péri en 24 heures, selon l'OSDH.

L'opération à Tartous a permis de "neutraliser un certain nombre" de "miliciens" fidèles au président déchu, a indiqué l'agence officielle Sana. L'objectif est d'y "rétablir la sécurité"

Mercredi, des milliers d'alaouites ont manifesté à Tartous, Banias, Jableh, et Lattaquié (ouest) ainsi qu'à Homs (centre), après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux montrant des combattants attaquer un de leurs sanctuaires à Alep (nord), selon l'OSDH. Cinq employés du sanctuaire ont été tués.

Ces manifestations d'alaouites sont les premières depuis le renversement de M. Assad qui a fui avec sa famille à Moscou dans la foulée de l'offensive des rebelles qui ont pris en 11 jours le contrôle de la grande partie du pays.

Les autorités ont affirmé que la vidéo datait de la prise d'Alep par les rebelles le 1er décembre, et le ministère de l'Information a averti jeudi qu'il était "strictement interdit de diffuser ou de publier toute information visant à semer la division".

"Les gens ont peur"

Les nouvelles autorités s'efforcent de rassurer la communauté internationale et les Syriens, s'engageant à respecter les droits des minorités d'un pays traumatisé par 13 ans d'une guerre dévastatrice, déclenchée en 2011 par la répression brutale de manifestations prodémocratie, et qui a fait plus de 500.000 morts.

L'analyste Sam Heller de la Century Foundation fait état à l'AFP d'un "certain degré d'anxiété" au sein des minorités. Les "informations sur des attaques (...) accentuent leur sentiment de vulnérabilité".

Ailleurs en Syrie, des heurts ont opposé dans le nord-ouest de la province de Homs des hommes armés pro-Assad aux forces de sécurité dont quatre membres ont été tués, a dit l'Observatoire. L'agence Sana a affirmé que des "groupes hors-la-loi liés aux milices d'Assad" avaient attaqué les forces de sécurité.

Un témoin a fait état d'"un important déploiement d'hommes de HTS dans des quartiers où des habitants ont manifesté la veille" dans la ville de Homs. "Les voitures sont fouillées, les gens ont peur."

A Lattaquié, des combattants armés, la plupart cagoulés, ont tiré en l'air au milieu d'une circulation dense et de bâtiments résidentiels, selon un correspondant de l'AFP sur place. L'un d'eux appelle à "neutraliser" les pro-Assad.

Dans la capitale Damas, les routes menant au quartier majoritairement alaouite de Mazeh 86 sont bloquées, a constaté une correspondante de l'AFP. "Interdiction d'entrer", a lancé à un checkpoint un combattant de HTS.


Gaza: le directeur d'un hôpital annonce cinq morts parmi son personnel dans un raid israélien

"Une frappe israélienne a fait cinq martyrs parmi le personnel de l'hôpital", a indiqué dans un communiqué le Dr Hossam Abou Safiya, précisant qu'il s'agissait d'un pédiatre, d'une technicienne de laboratoire, de deux ambulanciers et d'un agent de maintenance. (AFP)
"Une frappe israélienne a fait cinq martyrs parmi le personnel de l'hôpital", a indiqué dans un communiqué le Dr Hossam Abou Safiya, précisant qu'il s'agissait d'un pédiatre, d'une technicienne de laboratoire, de deux ambulanciers et d'un agent de maintenance. (AFP)
Short Url
  • Le directeur affirme depuis la semaine dernière que son établissement est pris pour cible par l'armée israélienne
  • Cette dernière a répondu à plusieurs reprises ne pas avoir connaissance "de la moindre frappe sur l'hôpital", l'un des seuls encore opérationnels dans le nord de la bande de Gaza, territoire palestinien ravagé par plus d'un an de guerre

TERRITOIRES PALESTINIENS: Le directeur de l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, a annoncé jeudi que cinq membres de son personnel, dont un médecin, avaient été tués dans un raid de l'armée israélienne, qui n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

"Une frappe israélienne a fait cinq martyrs parmi le personnel de l'hôpital", a indiqué dans un communiqué le Dr Hossam Abou Safiya, précisant qu'il s'agissait d'un pédiatre, d'une technicienne de laboratoire, de deux ambulanciers et d'un agent de maintenance.

Le directeur affirme depuis la semaine dernière que son établissement est pris pour cible par l'armée israélienne.

Cette dernière a répondu à plusieurs reprises ne pas avoir connaissance "de la moindre frappe sur l'hôpital", l'un des seuls encore opérationnels dans le nord de la bande de Gaza, territoire palestinien ravagé par plus d'un an de guerre entre le mouvement islamiste Hamas et Israël.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a affirmé tôt jeudi matin que les forces israéliennes avaient "fait exploser un robot devant l'hôpital" et que "des éclats" avaient "gravement blessé" un infirmier.

"Nous sommes toujours sous la menace", avait alors déclaré le directeur de l'hôpital. Selon lui, environ 75 patients et 180 membres du personnel se trouvent à l'heure actuelle au sein de l'établissement.