PARIS: L'histoire de l'Algérienne qui a porté plainte contre l'écrivain Kamel Daoud pour avoir utilisé des éléments de sa vie privée était "publique", a affirmé le romancier prix Goncourt mercredi sur France Inter.
Après avoir reçu ce prix début novembre pour "Houris", le Franco-Algérien a été dénoncé par une femme qui clame qu'il a utilisé son histoire dans ce roman.
"Tout le monde connaît son histoire en Algérie, et surtout à Oran. C'est une histoire publique", a expliqué Kamel Daoud sur la radio publique française.
"La mère adoptive de cette jeune femme est l'ex-ministre de la Santé algérienne. Elle a raconté son histoire partout", a-t-il ajouté.
Cette plaignante, Saâda Arbane, est apparue sur la chaîne algérienne One TV mi-novembre pour affirmer que l'héroïne de "Houris" était calquée sur elle, rescapée en 1999 d'une tentative d'égorgement perpétrée par des jihadistes, et que Kamel Daoud connaissait sa vie personnelle parce que sa femme psychiatre l'avait eue comme patiente.
"J'allais chez elle en consultation", et "tout le monde sait que je ne veux pas parler de cette histoire. C'est quelque chose qui me perturbe dans ma vie", expliquait-elle en interview.
"Le fait qu'elle se reconnaisse dans un roman qui ne la cite pas, qui ne raconte pas sa vie, qui ne raconte pas les détails de sa vie, je suis désolé, je n'y peux rien", a poursuivi l'écrivain. "Mon roman n'a rien à voir avec cette femme-là. (...) Il n'y a aucun secret médical dans ce livre".
Interrogée pour savoir si la plaignante était "manipulée par le régime", il a répondu: "Ah mais totalement".
"Je savais que ça allait venir. Je savais que je ne pouvais pas échapper à ça", a-t-il dit à ce sujet, car après la parution du roman en août, "dès la première semaine, il y avait des éditos dans les journaux gouvernementaux, qui parlaient de complot, de cheval de Troie".
Kamel Daoud est visé par une autre plainte d'associations de victimes du terrorisme.
"C'est la même méthode", a commenté le romancier.
"Houris" ne peut pas être édité en Algérie, car il tombe sous le coup d'une loi interdisant tout ouvrage sur la décennie noire entre 1992 et 2002, qui a fait au moins 200.000 morts, selon des chiffres officiels.