La Syrie a un bel avenir sans Assad

Une vue générale de Damas, Syrie, dimanche 8 décembre 2024. (AP)
Une vue générale de Damas, Syrie, dimanche 8 décembre 2024. (AP)
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Publié le Lundi 09 décembre 2024

La Syrie a un bel avenir sans Assad

La Syrie a un bel avenir sans Assad
  • Nous assistons aux prémices d'un nouveau Moyen-Orient, libéré des interventions extérieures qui ont longtemps troublé la région
  • Ce que nous avons observé ces derniers jours, avec l'avancée des forces de l'opposition syrienne dans le nord et leur entrée progressive dans les villes sans destruction ni effusion de sang, signifie le passage à une nouvelle phase.

Nous assistons aujourd'hui à l'émergence d'une nouvelle Syrie, qui existe sans le régime Assad. Cela marque la fin de plus de cinq décennies de règne, de Hafez Assad à son fils Bashar. Ce changement représente non seulement une évolution pour le peuple syrien, mais aussi une transformation pour l'ensemble de la région.

Nous assistons aux prémices d'un nouveau Moyen-Orient, libéré des interventions extérieures qui ont longtemps troublé la région. Ce que nous avons observé ces derniers jours, avec l'avancée des forces de l'opposition syrienne dans le nord et leur entrée progressive dans les villes sans destruction ni effusion de sang, signifie le passage à une nouvelle phase.

Cette phase n'implique pas la réouverture de vieux griefs avec des personnalités syriennes de l'ancien gouvernement, ni ne vise à provoquer des guerres civiles. Ce sentiment est partagé non seulement par l'opposition, mais aussi par de nombreux anciens responsables qui reconnaissent la nécessité de dépasser le régime de Bachar Assad.

La coopération et la coordination entre les différentes factions ont permis d'assurer une transition en douceur vers une nouvelle structure de gouvernance qui incarne les aspirations du peuple syrien, qui a enduré des sacrifices considérables.

Je suis optimiste quant à l'évolution récente de la situation et fier d'avoir été l'un des premiers à annoncer la fuite d'Assad et de sa famille.

Ce changement représente non seulement une évolution pour le peuple syrien, mais aussi une transformation pour l'ensemble de la région.

Ghassan Ibrahim

Cette nouvelle phase n'est qu'un début. D'après mes observations des récents développements militaires et politiques, il est clair qu'il existe un désir collectif de servir la nation. Les gens veulent une Syrie gouvernée par ses citoyens, et non par une famille qui a longtemps privilégié ses propres intérêts étroits au détriment de ceux du pays. L'objectif est de créer une armée qui représente tous les Syriens, qui protège les droits et les intérêts de la population au lieu de se replier sur des bastions spécifiques.

Nous envisageons une phase de transition caractérisée par la justice, sans destruction ni vengeance - une période consacrée à la planification de l'avenir plutôt qu'à l'évocation du passé. Les discussions futures devraient se concentrer sur la structure du nouveau gouvernement, en tirant les leçons des expériences précédentes. Cette transition doit mettre l'accent sur les institutions de l'État plutôt que sur le pouvoir individuel, en favorisant un État civil, laïc ou libéral qui s'aligne sur les diverses identités du peuple syrien.

En tant que Syriens, nous nous efforçons de dépeindre la vision la plus optimiste de ce qui peut être réalisé. Cependant, nous devons reconnaître que des défis peuvent surgir en cours de route. Néanmoins, je crois que le pays est sur la voie de la stabilité et du rétablissement de relations normales avec les pays voisins, menant à un avenir où la Syrie deviendra un élément crucial de l'axe de modération dans la région.

La Syrie devrait favoriser les relations avec l'Est et l'Ouest, en se concentrant sur la reconstruction - non seulement la reconstruction des infrastructures, mais aussi le remodelage de l'État tout entier. Il est urgent de procéder à des changements globaux dans divers secteurs, des programmes d'enseignement au fonctionnement interne des institutions gouvernementales.

La Syrie a besoin d'une nouvelle approche de la prestation de services, mettant l'accent sur une gestion avisée qui améliore les performances et combat la corruption généralisée qui sévit dans le pays.

Il est urgent de procéder à des changements globaux dans divers secteurs, depuis les programmes d'enseignement jusqu'aux institutions gouvernementales.

Ghassan Ibrahim

Les événements auxquels nous avons assisté ces derniers jours sont un rêve devenu réalité pour d'innombrables Syriens. Je suis convaincu que cette transformation contribuera à la stabilité de la Syrie et au-delà. Ce nouveau chapitre pourrait ouvrir la voie à une paix globale entre les Syriens et avec Israël, car il n'y a pas de différences insurmontables.

La Syrie de demain sera accueillante pour toutes les nations. La moitié de la population syrienne vivant à l'étranger a acquis une expérience précieuse et nourrit de grandes aspirations, ce qui lui permet de participer efficacement à la reconstruction du pays.

La porte reste ouverte à la communauté internationale et aux nations arabes pour aider les Syriens à se préparer à cette phase de transition. Bien que des défis subsistent, notamment de la part de groupes militants, je pense que les expériences des villes libérées du contrôle du régime démontrent un désir collectif d'éviter l'imposition d'une gouvernance religieuse stricte. Les habitants souhaitent une autonomie dans la gestion de leurs affaires, ce qui représente une lueur d'espoir.

Nous devons poursuivre la vision d'une Syrie inclusive, qui constitue un modèle exceptionnel, ayant émergé de l'ombre de l'un des pires régimes de l'histoire.

- Ghassan Ibrahim est un journaliste et chercheur britannico-syrien spécialisé dans les questions relatives au Moyen-Orient, et plus particulièrement à la Turquie, à la Syrie et à l'Iran.

Il peut être joint à l'adresse suivante : www.ghassanibrahim.com

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com