PARIS : Railleries, accusations de mensonges et d'«indélicatesse» : après un premier échange de piques sur la campagne de vaccination, la mairie de Paris et le gouvernement se sont une nouvelle fois affrontés lundi dans un échange à l'avant-goût de campagne présidentielle.
Hasard pour les uns, calculée pour les autres, cette passe d'armes par médias interposés intervient au lendemain de l'annonce par l'entourage d'Anne Hidalgo du lancement d'une plateforme d'idées en vue de 2022, perçu comme le signe supplémentaire de la volonté de l'édile socialiste d'être candidate à l'élection présidentielle.
Cette dernière, qui répète à ce stade qu'elle prendra «tout sa part» à l'élection sans en dire plus, est montée au créneau la semaine dernière pour tirer à boulets rouges sur la stratégie de vaccination du gouvernement.
Après avoir dépêché son premier adjoint Emmanuel Grégoire en première ligne pour dénoncer une campagne trop lente et trop centralisée, elle a renchéri ce week-end dans les colonnes du Journal du Dimanche en raillant un Etat «incapable de faire le dernier kilomètre».
«Avec de telles carences, le Débarquement de juin 1944 aurait échoué», a-t-elle dénoncé, avant d'ouvrir un nouveau front et d'affirmer n'avoir pas vu «la couleur» du plan de relance de 100 milliards d'euros du gouvernement qui doit permettre de relancer une économie fortement éprouvée par l'épidémie de coronavirus.
«Ambitions présidentielles»
Une accusation qui a fait sortir de ses gonds le ministre de l'Economie Bruno Le Maire qui a accusé, lundi sur France Inter, la maire de «mentir».
«Les ambitions présidentielles de madame Hidalgo ne l'autorisent pas à mentir, à mentir aux Français», a-t-il fustigé. Du plan de relance, «elle en a vu environ 1 milliard d'euros», a-t-il assuré. «Nous avons mis 670 millions d'euros pour les transports en commun franciliens, 238 millions d'euros pour la rénovation des bâtiments publics de Paris, 5 millions d'euros pour les pistes cyclables dont elle nous parle, 10 millions pour le logement social».
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a de son côté raillé, sur Europe 1, les attaques de la maire de Paris contre la campagne de vaccination : «Si le débarquement avait été géré comme Anne Hidalgo a géré les Vélib', les bateaux n'auraient jamais quitté l'Amérique».
La veille, le ministre de la Santé Olivier Véran avait tancé la maire de Paris - mais également le président du Sénat Gérard Larcher ou encore le président de la région Grand Est Jean Rottner - estimant qu'Anne Hidalgo était devenue une «spécialiste» de «la polémique».
«Obsession anti-Hidalgo»
Pour l'équipe d'Anne Hidalgo, ce tir groupé ne doit «rien au hasard» au lendemain du nouveau pas fait par la maire en vue d'une possible candidature à la présidentielle.
«Ca ne peut pas être un hasard, on observe une forme d'obsession du gouvernement à tacler systématiquement Anne Hidalgo», estime Emmanuel Grégoire.
Quant aux accusations de mensonge, «soit le ministre est mal informé et a parlé trop, vite soit il le sait et auquel cas c'est lui qui ment», juge le premier adjoint d'Anne Hidalgo qui accuse le ministre de «mélanger les choux et les carottes» et de prendre en compte des chiffres intégrés dans des plans précédents ou qui ne concernent pas la ville de Paris à proprement parler.
«Si le ministre est déterminé à nous donner un milliard d'euros c'est une excellente nouvelle», a-t-il ironisé, «mais ce n'est pas vrai. Le préfet de région nous évoque une enveloppe budgétaire de 80 millions d'euros sur les deux prochaines années, on est donc très très loin du milliard».
Côté exécutif, Matignon semble vouloir jouer l'apaisement, et souligne que «les relations avec Anne Hidalgo sont faites de respect mutuel». Le Premier ministre Jean Castex, assure son entourage, «sait faire la différence entre les postures politiciennes et la réalité de la gestion sur le terrain, entre les campagnes électorales et les campagnes vaccinales».