Déçue, frustrée, pessimiste : une climatologue kényane à la COP29

La climatologue kényane Joyce Kimutai montre une photo lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou, le 15 novembre 2024. (Photo AFP)
La climatologue kényane Joyce Kimutai montre une photo lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP29) à Bakou, le 15 novembre 2024. (Photo AFP)
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Publié le Dimanche 17 novembre 2024

Déçue, frustrée, pessimiste : une climatologue kényane à la COP29

  • Participer à la COP, où la politique prend souvent le pas sur la science, peut être décourageant, estime Joyce Kimutai, experte du réchauffement climatique dans un pays africain sujet aux catastrophes.
  • Les pourparlers tournent en rond, mettant à l'épreuve ceux dont les communautés sont à la merci de conditions météorologiques de plus en plus aléatoires et extrêmes.

BAKOU : Participer à la COP, où la politique prend souvent le pas sur la science, peut être décourageant, estime Joyce Kimutai, experte du réchauffement climatique dans un pays africain sujet aux catastrophes.

« Si le monde écoutait les scientifiques, peut-être que nous ne ferions pas ces COP », souffle à l'AFP cette climatologue kényane de 36 ans, en marge de la conférence climatique qui a lieu cette année en Azerbaïdjan.

« Notre action est très lente. Nous avons peur de prendre des mesures audacieuses. Et je ne comprends pas pourquoi", confie-t-elle.

Alors que la conférence s'apprête à entrer dans sa seconde semaine, les pays réunis ne semblent pas plus près de consentir à augmenter l'aide financière indispensable aux pays vulnérables au changement climatique en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.

Sans cet argent, les pays en développement affirment qu'il leur sera difficile de passer aux énergies renouvelables et de s'adapter aux chocs climatiques plus fréquents.

Les pourparlers tournent en rond, mettant à l'épreuve ceux dont les communautés sont à la merci de conditions météorologiques de plus en plus aléatoires et extrêmes.

« C'est vraiment frustrant », témoigne Mme Kimutai, une des autrices principales du Giec, le groupe d'experts de l'ONU sur le climat.

« J'essaie de rester optimiste, mais honnêtement, il y a des jours où je me réveille en étant très pessimiste, devant la souffrance de ces communautés vulnérables ».

- Le front du climat -

Joyce Kimutai comprend le coût de l'inaction climatique mieux que personne dans les salles de négociations de la COP29. Spécialiste de l'attribution des événements météorologiques extrêmes au réchauffement causé par les humains, elle collabore avec un réseau mondial de scientifiques reconnus dans cette discipline en pleine croissance.

« Mais je préfère travailler sur le continent africain, car c'est là que je sens que mon expertise est requise », dit Mme Kimutai, qui vit à Nairobi.

Là, la climatologue n’échappe pas aux phénomènes qu'elle étudie. Cette année, après avoir subi sa pire sécheresse depuis des décennies, le Kenya a enduré averses et inondations qui ont tué des centaines de personnes et détruit routes et maisons.

Elle raconte que c'est l'étude de la vallée du Rift, en cours de géographie au lycée, qui a éveillé sa passion pour la science. Les glissements de terrain y devenaient déjà de plus en plus fréquents, ainsi que les saisons aléatoires, et l'herbe et l'eau se faisaient de plus en plus rares pour le bétail.

Elle déplore le coût « terrible » du changement climatique au Kenya, tout comme dans d'autres pays africains ou régions en développement.

« Ils ne sont pas prêts pour ces événements », craint Mme Kimutai.

Même les pays riches ne seront pas « épargnés », pense-t-elle, soulignant les récentes inondations meurtrières en Espagne.

- « Humiliant » -

À la COP29, Mme Kimutai conseille le gouvernement kényan dans le bras de fer financier avec les pays riches, réticents à accroître fortement leurs contributions.

Selon elle, le Kenya « porte le continent » africain, puisqu'il est actuellement à la tête du groupe de négociateurs africains, formellement reconnu dans le processus onusien.

« Si vous faites face à trois ou quatre catastrophes par an, vous devez aller chercher des bailleurs quatre fois, qui réclament de l'argent. Et cela signifie que vous vous retrouvez constamment endetté », souligne la chercheuse.

Être obligée de marchander pour réparer un problème causé par d'autres est « humiliant », fustige-t-elle, d'autant plus quand le temps est compté.


« L'action en faveur du climat doit être un effort collectif », déclare M. Soltanov, PDG de la COP

La majorité des pays vulnérables au changement climatique se trouvent sur le continent africain, a déclaré Elnur Soltanov, PDG de la COP29. (Photo d'archives AFP)
La majorité des pays vulnérables au changement climatique se trouvent sur le continent africain, a déclaré Elnur Soltanov, PDG de la COP29. (Photo d'archives AFP)
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  • La lutte contre le changement climatique échouera si les pays ne s'unissent pas.
  • L'intérêt national est lié aux actions mondiales.

Baku : selon Elnur Soltanov, PDG de la COP29, les pays du monde entier doivent s'unir dans un « effort collectif » pour lutter contre le changement climatique, a déclaré Arab News.

Lorsque nous disons « solidaires pour un monde plus vert », nous voulons dire que l'action climatique doit être un effort collectif. « Si elle n'est pas collective, elle ne fonctionnera pas et nous risquons de tout perdre », a déclaré M. Soltanov.

Il a souligné l'impératif moral de la solidarité internationale, en particulier pour les nations qui contribuent peu au réchauffement climatique mais qui souffrent le plus de ses effets, comme les pays africains et les petites nations insulaires.

« Les pays africains contribuent à moins de 4 % au réchauffement de la planète, mais la majorité des pays vulnérables au climat se trouvent sur le continent africain », a-t-il déclaré.

Par exemple, depuis l'année dernière, des vagues de chaleur extrêmes durant l'été ont gravement affecté les régions du nord de l'Afrique, telles que la Tunisie. Selon l'Organisation météorologique mondiale, la température a atteint 49 °C à Tunis et 50,4 °C à Agadir, au Maroc.

L'une des principales composantes de cette solidarité est le financement de la lutte contre le changement climatique, qui, selon M. Soltanov, est essentiel pour créer un juste équilibre des responsabilités entre les nations.

« Chaque pays a des responsabilités différentes, compte tenu de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui. Il y a des bénéficiaires, il y a des bénéficiaires moins nombreux, donc cet équilibre et cette équité entre eux ne peuvent être assurés que si nous agissons collectivement. Pour agir collectivement, nous pensons que nous devrions obtenir des résultats en matière de financement climatique cette année », a-t-il déclaré, soulignant que le financement climatique est essentiel pour permettre l'action collective.

M. Soltanov a reconnu que les résultats de ces réunions étaient souvent examinés à la loupe.

« La crise à laquelle nous sommes confrontés est réelle, elle est importante, et chaque fois qu'elle est aidée, quels que soient les résultats, il y aura des critiques. Il ne s'agit pas de l'Azerbaïdjan, ni de l'Arabie saoudite, ni d'aucun autre pays », a-t-il déclaré.

Malgré les critiques, le PDG préfère se concentrer sur l'obtention de résultats concrets et la mise en œuvre d'actions significatives en faveur du climat, plutôt que de se demander qui doit être blâmé pour ce problème environnemental mondial.

« Nous sommes prêts à écouter des arguments constructifs », a-t-il déclaré. « Ce que je dirais à tout le monde, c'est que si vous voulez servir l'intérêt national de l'Azerbaïdjan, vous devez servir l'intérêt mondial, qui consiste à produire des résultats et des réalisations en termes de lutte contre la crise climatique.

Il a ajouté : « Nous nous concentrons sur l'action, l'action climatique, qui est vraiment conséquente ».

M. Soltanov a fait remarquer que les pays développés ont la responsabilité particulière d'aider les autres, soulignant la nécessité d'une approche coopérative pour s'assurer que personne n'est laissé pour compte.

« Nous ne voyons pas de différence entre les pays producteurs et les pays consommateurs de pétrole, car les transactions de pétrole, de gaz et de charbon se déroulent sur un marché libre. Personne n'est obligé d'acheter à qui que ce soit ».

Il a ajouté : « Par conséquent, tous les pays sont des pays pétroliers et tous les pays sont des pays gaziers, car l'ensemble des modèles de développement mondiaux sont basés sur les hydrocarbures. Nous essayons de trouver d'autres modèles de développement pour que le développement et la sécurité énergétique, le développement et la pauvreté ne soient pas des choix, mais des choses qui se produisent en même temps ».

L'Azerbaïdjan et l'Arabie saoudite, par exemple, peuvent partager leurs capacités, leur expérience et leurs partenariats pour apporter davantage.

« Nous pensons que si l'Arabie saoudite ou un pays comme l'Azerbaïdjan peuvent nous apporter quelque chose, ils sont précieux en termes d'expérience et de technologie, car ils sont à l'avant-garde des autres formes de développement énergétique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Donald Trump, vedette de la soirée de MMA à New York

Le PDG de l'Ultimate Fighting Championship Dana White, le président élu des États-Unis Donald Trump, le chanteur Kid Rock et le PDG de Tesla et SpaceX Elon Musk posent pour une photo alors qu'ils assistent à l'UFC 309 au Madison Square Garden à New York, le 16 novembre 2024. (Photo AFP)
Le PDG de l'Ultimate Fighting Championship Dana White, le président élu des États-Unis Donald Trump, le chanteur Kid Rock et le PDG de Tesla et SpaceX Elon Musk posent pour une photo alors qu'ils assistent à l'UFC 309 au Madison Square Garden à New York, le 16 novembre 2024. (Photo AFP)
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  • Le président élu Donald Trump et plusieurs de ses alliés, dont le milliardaire Elon Musk, ont fait une entrée triomphale lors de la soirée de MMA UFC 309, samedi, au Madison Square Garden de New York.
  • Acclamé par des chants « USA, USA » de la foule, il a salué chaleureusement les présentateurs de la soirée, dont son soutien Joe Rogan, avant de s'asseoir au pied de la cage.

NEW-YORK : Le président élu Donald Trump et plusieurs de ses alliés, dont le milliardaire Elon Musk, ont fait une entrée triomphale lors de la soirée de MMA UFC 309, samedi, au Madison Square Garden de New York.

Quelques heures avant l'affiche principale de la soirée, qui opposait les poids lourds américains Jon Jones et Stipe Miocic, le républicain de 78 ans a fait un retour triomphal au Madison Square Garden, la salle où il avait organisé un meeting controversé moins de deux semaines avant l'élection présidentielle.

Un humoriste y avait tenu des propos dénoncés ensuite comme racistes envers la population portoricaine.

Donald Trump est un habitué des soirées de l'UFC, où il est régulièrement acclamé, accompagné du patron de l'organisation Dana White, soutien actif pendant la campagne électorale, qui est également apparu sur scène lors de son discours de victoire le 6 novembre.

Dans une entrée scénarisée, Trump est apparu entouré de plusieurs de ses proches et alliés, dont Elon Musk, Bobby Kennedy Junior, Tulsi Gabbard, Vivek Ramaswamy ou encore le chef de la chambre des représentants, Mike Johnson.

Acclamé par des chants « USA, USA » de la foule, il a salué chaleureusement les présentateurs de la soirée, dont son soutien Joe Rogan, avant de s'asseoir au pied de la cage.

L'écran géant de la salle new-yorkaise a diffusé un clip de la campagne électorale victorieuse de Trump.


La visite historique de Biden en Amazonie, un symbole pour le climat juste avant le retour de Trump

Joe Biden va devenir dimanche le premier président américain en exercice à se rendre en Amazonie (Photo AFP)
Joe Biden va devenir dimanche le premier président américain en exercice à se rendre en Amazonie (Photo AFP)
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  • Biden se rendra dans la ville de Manaus, au Brésil, au cœur de la plus grande forêt tropicale au monde, dans le cadre d'une tournée en Amérique du Sud — probablement le dernier grand voyage à l'étranger de son mandat.
  • Trump a retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat lors de son premier mandat et a averti qu'il comptait faire de même lors du second.

MANAUS : Joe Biden va devenir dimanche le premier président américain en exercice à se rendre en Amazonie, une visite historique assombrie par les craintes concernant la politique environnementale des États-Unis que crée le retour prochain de Donald Trump à la Maison Blanche.

Biden se rendra dans la ville de Manaus, au Brésil, au cœur de la plus grande forêt tropicale au monde, dans le cadre d'une tournée en Amérique du Sud — probablement le dernier grand voyage à l'étranger de son mandat.

Le président de 81 ans doit survoler la forêt et visiter un musée avant de s'adresser aux médias, a indiqué la Maison Blanche. Il rencontrera également des indigènes et des responsables locaux qui travaillent à protéger l'Amazonie.

Cette étape, entre un sommet Asie-Pacifique à Lima et une réunion des dirigeants du G20 à Rio de Janeiro, souligne l'engagement du démocrate « à lutter contre le changement climatique, dans son pays et à l'étranger », a expliqué le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.

« C'est, à l'évidence, l'une des causes qui définissent la présidence du président Biden », a insisté M. Sullivan lors d'un briefing mercredi. Ce sera la première visite d'un président américain en exercice en Amazonie.

La visite est d'autant plus symbolique que le monde se prépare au retour au pouvoir le 20 janvier de Donald Trump, qui suscite des inquiétudes quant aux engagements des États-Unis en matière de climat. Ce pays est en effet le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine.

Trump a retiré les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat lors de son premier mandat et a averti qu'il comptait faire de même lors du second.

- Incendies et déforestation - 

La forêt amazonienne, qui s'étend sur neuf pays, joue un rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique grâce à sa capacité d'absorption du dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre. Cependant, c'est aussi l'une des zones les plus vulnérables au changement climatique et à la dégradation de l'environnement.

L'Amazonie est d'ordinaire l'une des régions les plus humides au monde. Cependant, avec la grave sécheresse qui frappe toute l'Amérique du Sud, elle a été ravagée cette année par ses pires incendies depuis deux décennies, d'après l'observatoire européen Copernicus.

La déforestation lui a par ailleurs fait perdre, en quatre décennies, une superficie équivalant à peu près à celle combinée de l'Allemagne et de la France, évaluait une étude récente du Réseau amazonien d'information socio-environnementale et géographique (RAISG), un collectif de chercheurs et d'ONG.

La semaine prochaine, M. Biden rencontrera le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à Rio de Janeiro. Ce dernier a fait de la protection de la forêt l'une de ses priorités et s'est notamment engagé à réduire à zéro la déforestation illégale de l'Amazonie au Brésil d'ici 2030.

Une rencontre bilatérale doit se tenir en marge du sommet des dirigeants du G20 organisé lundi et mardi dans la ville brésilienne, sur lequel planera l'ombre de Donald Trump.

Beaucoup d'experts ont prévenu que le deuxième mandat de Trump risquait de freiner la transition vers les énergies renouvelables engagée par l'administration Biden et de miner les espoirs d'atteindre de cruciaux objectifs climatiques à long terme.

Pendant sa campagne, le républicain a promis de « forer à tout va » et d'augmenter l'extraction d'énergies fossiles. Il a également mis ouvertement en doute la réalité du changement climatique.

Un retrait des États-Unis des négociations climatiques pourrait miner les efforts mondiaux pour réduire la dépendance aux énergies fossiles, en donnant à de gros pollueurs comme la Chine et l'Inde une excuse pour revoir leurs propres ambitions à la baisse.