CALI : Les 196 nations de la COP16 sur la biodiversité ont adopté samedi à Cali, en Colombie, la mise en œuvre d'un fonds multilatéral censé être abondé par les entreprises faisant des bénéfices grâce au génome numérisé de plantes ou d'animaux issus des pays en développement.
Ces pays espèrent que ce mécanisme financier, baptisé « Fonds Cali », permettra de lever des milliards de dollars, destinés à financer leurs engagements en matière de protection de la nature.
Cependant, le montant qui sera réellement collecté, principalement via des contributions volontaires, reste incertain.
En plénière, le représentant du Brésil a déclaré : « Le pillage des richesses des pays en développement est le problème que nous essayons tous de résoudre ici. »
Le partage équitable des bénéfices issus des « informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques » (DSI en anglais) est un serpent de mer des COP sur la biodiversité.
Ces données, issues souvent d'espèces présentes dans les pays pauvres, sont utilisées dans la fabrication de médicaments ou de produits cosmétiques, entre autres, qui peuvent rapporter des milliards.
Toutefois, peu de bénéfices tirés de ces données génétiques - téléchargées dans des bases de données en libre accès - reviennent aux communautés d'origine.
La vanille qui parfume des crèmes glacées est ainsi dérivée du séquençage génétique d'une plante autrefois connue seulement d'une tribu mexicaine.
La COP15 Biodiversité de 2022 avait acté la création de ce fonds réclamé de longue date, mais son fonctionnement restait à déterminer.
À Cali, les négociateurs se sont disputés près de deux semaines sur des questions fondamentales : qui paie, combien, dans quel fonds et comment distribuer l'argent ?
Samedi à l'aube, à la 10^e heure d'une plénière nocturne laborieuse, les détails du fonds ont été adoptés, après un ultime bras de fer impliquant notamment l'Inde et la Suisse.
Le fonds devrait être abondé par les entreprises se servant des DSI et qui « devraient verser une proportion de leurs profits ou revenus au fonds mondial ». Celles d'une certaine taille devraient contribuer à hauteur de 1 % des bénéfices ou de 0,1 % des revenus, selon le document.
Placé sous l'égide de l'ONU, le fonds répartira l'argent, moitié pour les pays, moitié pour les peuples autochtones.
L'accord énumère les secteurs ciblés, notamment l'industrie pharmaceutique, les compléments alimentaires, les cosmétiques et les biotechnologies. L'agro-industrie, après une tentative de l'Argentine de l'écarter selon deux sources proches des négociations, est également concernée.
Le sommet, qui devait se terminer vendredi, a joué les prolongations samedi en raison des tensions entre les pays du Nord et du Sud sur le financement de la feuille de route adoptée par l'humanité il y a deux ans pour stopper la destruction de la nature d'ici 2030.