LAGOS : Des vidéos montrant de jeunes Nigérians, vraisemblablement mineurs, en état de grande fébrilité ou en train de s'évanouir dans un tribunal vendredi ont fait le tour des réseaux sociaux, provoquant de vives réactions dans le pays et relançant le débat sur les violences policières et les conditions de détention.
76 Nigérians, dont de nombreux mineurs, ont été conduits vendredi au tribunal d'Abuja, la capitale fédérale, pour être jugés près de trois mois après leur arrestation.
Ils avaient été arrêtés début août, principalement dans le nord du pays, pour avoir participé à des manifestations contre la crise économique qui touche le pays le plus peuplé d'Afrique depuis un ans et demi.
Selon l'ONG Amnesty International, au moins 21 personnes avaient été tuées par les forces de sécurité nigérianes et plus de 700 manifestants avaient été arrêtés, selon la police.
Dans les vidéos diffusées vendredi, plusieurs jeunes sont assis ou allongés sur le sol de la chambre du tribunal, se tenant le ventre et l'air évanouis.
Ces images ont suscité un tollé parmi la société civile et la classe politique.
Le politicien Peter Obi, candidat malheureux à la présidentielle de 2023, a déclaré sur X que « les images montrent des mineurs, certains si faibles qu'ils pouvaient à peine se tenir debout, d'autres s'évanouissant d'épuisement et manque de nourriture ».
Amnesty International a condamné leurs « affreuses conditions de détention » ainsi que « le mépris total du gouvernement pour l'état de droit » et réclamé « la relaxe immédiate et inconditionnelle » des mineurs.
Dans un communiqué, le bureau de l'Inspecteur général de la police nigériane a nié avoir soumis les interpellés à de mauvais traitements.
« Une aide médicale a été rapidement apportée aux jeunes souffrants vendredi au tribunal, preuve de l'engagement de la police en faveur du bien-être des personnes en détention ».
« L'âge n'est pas un facteur qui empêche les individus de répondre à la loi », a ajouté la police dans son communiqué.