PARIS: C’est une conférence internationale à trois volets qui s’ouvre jeudi à Paris, à l’initiative du président Emmanuel Macron, dans le but d’apporter un soutien à la population libanaise et à la souveraineté du Liban.
La conférence, à laquelle sont conviés les États partenaires du Liban, les Nations unies, l’Union européenne, ainsi que les organisations internationales et régionales, a pour but de mobiliser la communauté internationale à la faveur du Liban, pays exsangue à la suite de semaines de raids aériens israéliens intensifs et d’incursions terrestres dans le sud.
Selon le ministère français des Affaires étrangères, la conférence va s’articuler autour des trois volets suivants: apporter une aide humanitaire urgente à la population, soutenir les forces armées libanaises et plus largement les institutions du pays et poursuivre les efforts pour parvenir à un cessez- le-feu en privilégiant la solution diplomatique, sur la base de la résolution 1701.
S’il est d’ores et déjà possible d’envisager des résultats concrets concernant le volet humanitaire, la tâche semble beaucoup plus compliquée concernant les deux autres volets.
Le président français a pesé de tout son poids pour que la demande de cessez-le-feu figure dans les conclusions du dernier conseil européen à Bruxelles.
Paris affirme que le cessez-le-feu au Liban est une nécessité, d’une part pour prévenir une expansion des crises dans la région et, d’autre part, pour le Liban lui-même, et compte tenu de l’engagement de la France à ses côtés.
Le président français a pesé de tout son poids pour que la demande de cessez-le-feu figure dans les conclusions du dernier conseil européen à Bruxelles. Il l’a abordée avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane en marge du sommet informel entre l’Union européenne et le Conseil de coopération du Golfe.
Le cessez-le-feu et la recherche d’un règlement diplomatique étaient également au centre des échanges entre Macron et le président israélien Haïm Hertzog puis le Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Cependant, Paris concède qu’il insiste depuis des mois sur un cessez-le-feu à Gaza et actuellement au Liban, sans qu'il soit simple de l'obtenir, mais il n'y a pas d'autre formule possible pour commencer à construire quelque chose qui serait bénéfique pour la sécurité de tous.
De plus, la question est de savoir comment consolider la situation au Liban-Sud, dès qu'il y a un cessez-le-feu, sachant que cette consolidation nécessite une formule de sécurité qui permet aux civils d'être protégés, de part et d'autre de la Ligne bleue.
Pour cela, Paris estime qu’il faut accélérer la manœuvre et donner des garanties aux Israéliens sur la cessation des violations de la 1701 par la partie libanaise, ce qui nécessite une posture plus robuste de la Finul et le retour de l'armée libanaise plus nombreuse, mieux équipée, et mieux soutenue au sud du fleuve Litani.
Ceci d'ailleurs est dans l'intérêt non seulement d'Israël, mais d'abord des Libanais parce que les Libanais doivent pouvoir être gouvernés par les autorités légitimes au Liban, ce qui fait dire à Paris que ce sont des affaires complexes, qu’il faut traiter avec des mesures de rangs différents, qui exigent un engagement politique, des moyens opérationnels et des moyens financiers.
L’autre question épineuse est de savoir comment régler la crise libanaise interne et permettre de consolider les institutions libanaises et d’élire un président de la République, après une vacance de près de deux ans
À tout cela s'ajoutent les difficultés que Paris tout comme la communauté internationale rencontrent avec Netanyahou qui n'entend pas les messages qui lui sont adressés et qu’il faut sans cesse répéter.
En dépit de cela, Paris est déterminé à travailler avec les Israéliens, pour tenter d’apporter des réponses en vue de l’adoption d’un cessez-le-feu, en leur disant attention, vous remportez certainement des victoires importantes, mais, l’essentiel, c'est la paix et la sécurité pour tous dans la région.
L’autre question épineuse est de savoir comment régler la crise libanaise interne et permettre de consolider les institutions libanaises et d’élire un président de la République, après une vacance de près de deux ans.
À ce sujet, Paris plaide pour une formule politique soutenable, qui permettra de traiter les problèmes essentiels du pays et de rassembler toutes les confessions et tous les partis. Elle souligne que l’élimination du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, par Israël, ne signifie pas que le parti lui-même a disparu d’un coup.
Cette conférence se tient alors que deux responsables américains, le secrétaire d'État Anthony Blinken et l’émissaire présidentiel américain Amos Hochstein se sont rendus dans la région, dans le but de tenter de mettre fin à la guerre au Liban et à Gaza.
Difficile de juger du degré de convergence des approches française et américaine sur le fond, surtout en raison de la campagne pour les élections présidentielles américaines qui limite la marge de manœuvre du président sortant Joe Biden.
Entretemps, les États-Unis ont fait savoir qu’ils seront représentés à la conférence de Paris par un haut fonctionnaire, ce qui laisse planer le doute concernant leur engagement dans la réussite de cette conférence.