Raids israéliens sur un camp de réfugiés palestiniens et les studios de télévision du Hezbollah à Beyrouth

Des flammes et de la fumée s'élèvent dans une zone ciblée par une frappe aérienne israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le 6 octobre 2024. (AFP)
Des flammes et de la fumée s'élèvent dans une zone ciblée par une frappe aérienne israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, le 6 octobre 2024. (AFP)
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Publié le Dimanche 06 octobre 2024

Raids israéliens sur un camp de réfugiés palestiniens et les studios de télévision du Hezbollah à Beyrouth

  • Un camp de réfugiés situé dans le nord du pays est touché pour la première fois, les frappes visant à la fois les combattants du Hezbollah et du Hamas
  • . Un bâtiment abritant les studios de la chaîne de télévision Al-Manar du Hezbollah a également été pris pour cible

BEYROUTH : De puissantes explosions ont secoué la banlieue sud de Beyrouth samedi en fin de journée, alors qu'Israël étendait ses bombardements au Liban, frappant pour la première fois un camp de réfugiés palestiniens dans le nord du pays, ciblant à la fois les combattants du Hezbollah et du Hamas.

Une série de fortes explosions a été signalée vers minuit après que l'armée israélienne a demandé aux habitants d'évacuer les quartiers de Haret Hreik et de Choueifat à Beyrouth. Il a également été demandé aux habitants d'évacuer les bâtiments des zones d'Al-Kafaat, d'Al-Laylaki et du quartier de Madi.

Nouvelle frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth

Une nouvelle frappe israélienne a visé dimanche matin la banlieue sud de Beyrouth, quelques heures après des raids nocturnes extrêmement violents sur ce bastion du Hezbollah, a indiqué l'agence officielle libanaise ANI.

Les correspondants de l'AFP ont entendu une énorme explosion et vu des colonnes de fumée s'élever de la banlieue sud. Depuis près de deux semaines, l'aviation israélienne bombarde la banlieue sud qui s'est vidée de ses habitants.

 

Les explosions ont illuminé l'horizon de la banlieue sud, densément peuplée, où le Hezbollah est fortement présent. Elles ont fait suite à une journée de frappes sporadiques et au bourdonnement presque continu des drones de reconnaissance.

Les fortes explosions ont commencé vers minuit et se sont poursuivies dimanche, après que l'armée israélienne a demandé aux habitants d'évacuer les quartiers de Dahiyeh, un ensemble de banlieues à majorité chiite situé à la périphérie sud de Beyrouth.

Un bâtiment situé près d'une route menant à l'aéroport international Rarik Hariri a notamment été touché, déclenchant de violentes explosions suivies d'un incendie massif. Les médias sociaux ont affirmé que l'une des frappes avait touché une installation de stockage de réservoirs d'oxygène, ce que le propriétaire de l'entreprise, Khaled Kaddouha, a démenti par la suite.

Un bâtiment connu pour abriter les studios de la chaîne de télévision Al-Manar du Hezbollah a également été visé par les frappes.

Au Liban, des milliers de personnes, dont des réfugiés palestiniens des camps de Sabra et Chatila, ont continué à fuir le conflit qui s'aggrave dans la région, tandis que des rassemblements étaient organisés dans le monde entier pour marquer l'anniversaire du début de la guerre à Gaza.

Un clip vidéo posté par LBCI Lebanon News sur la plateforme X montre le chaos et la confusion qui règnent dans les rues, les gens se précipitant pour se mettre en sécurité.

L'armée israélienne a confirmé qu'elle frappait des cibles près de Beyrouth et a déclaré qu'une trentaine de projectiles avaient traversé le territoire israélien depuis le Liban, certains ayant été interceptés.


Peu après, le Hezbollah a affirmé dans un communiqué avoir réussi à prendre pour cible un groupe de soldats israéliens près de la colonie de Manara, dans le nord d'Israël, "avec une importante salve de roquettes qui les a touchés avec précision".

Samedi, l'attaque israélienne contre le camp de Beddawi, dans le nord du pays, a tué un responsable de l'aile militaire du Hamas, ainsi que sa femme et ses deux jeunes filles, a déclaré le groupe militant palestinien. Le Hamas a ensuite déclaré qu'un autre membre de l'aile militaire avait été tué lors de frappes israéliennes dans l'est de la vallée de la Bekaa, au Liban. Les images montrent des bâtiments détruits, des briques éparpillées et des escaliers qui ne mènent nulle part.

Israël a tué plusieurs responsables du Hamas au Liban depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que la plupart des hauts responsables du Hezbollah, basé au Liban, à mesure que les combats s'intensifiaient.

En moins de deux semaines, au moins 1 400 Libanais, dont des civils, des médecins et des combattants du Hezbollah, ont été tués et 1,2 million ont été chassés de chez eux. Israël affirme que son objectif est d'éloigner le groupe militant des frontières communes afin que les Israéliens déplacés puissent rentrer chez eux.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran et première force armée du Liban, a commencé à tirer des roquettes sur Israël presque immédiatement après l'attaque du Hamas du 7 octobre, la qualifiant de manifestation de soutien aux Palestiniens. Le Hezbollah et l'armée israélienne ont échangé des tirs presque quotidiennement.

La semaine dernière, Israël a lancé ce qu'il a appelé une opération terrestre limitée dans le sud du Liban après qu'une série d'attaques a tué Hassan Nasrallah, chef de longue date du Hezbollah, et d'autres personnes. Les combats sont les plus violents depuis la brève guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. Neuf soldats israéliens ont été tués dans les affrontements terrestres qui, selon Israël, ont fait 440 victimes parmi les combattants du Hezbollah.

Le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, a déclaré à la presse à Damas que "nous essayons de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban". Le ministre a déclaré que les pays non nommés qui proposent des initiatives comprennent des États régionaux et certains pays extérieurs au Moyen-Orient.

M. Araghchi s'est exprimé le lendemain du jour où le chef suprême de l'Iran a fait l'éloge de ses récentes frappes de missiles sur Israël et a déclaré qu'il était prêt à recommencer si cela s'avérait nécessaire.

Samedi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré : "Israël a le devoir et le droit de se défendre et de répondre à ces attaques, et il le fera". En ce qui concerne le Liban, il a déclaré : "Nous n'en avons pas encore fini".

Fuite à pied du Liban

L'armée israélienne a déclaré plus tôt dans la journée de samedi qu'environ 90 projectiles avaient été tirés du Liban vers le territoire israélien. La plupart ont été interceptés, mais plusieurs sont tombés dans la ville arabe de Deir Al-Asad, au nord du pays, où la police a déclaré que trois personnes avaient été légèrement blessées.

Au moins six personnes ont été tuées au Liban dans plus d'une douzaine de frappes aériennes israéliennes au cours de la nuit et de la journée de samedi, selon l'agence de presse nationale libanaise.


Selon un comité du gouvernement libanais, près de 375 000 personnes ont fui le Liban pour se réfugier en Syrie en moins de deux semaines.

Les journalistes de l'Associated Press ont vu des centaines de personnes continuer à traverser à pied le poste frontière de Masnaa, marchant sur les décombres après que les frappes aériennes israéliennes ont laissé d'énormes cratères sur la route menant à ce poste jeudi. Une grande partie de l'armement du Hezbollah proviendrait de l'Iran via la Syrie.

"Nous sommes restés sur la route pendant deux jours", a déclaré Issa Hilal, l'un des nombreux réfugiés syriens au Liban qui sont maintenant sur le chemin du retour. "Les routes étaient très encombrées... c'était très difficile. Nous avons failli mourir en arrivant ici. Certains enfants gémissent ou pleurent.

D'autres familles déplacées s'abritent désormais le long de la célèbre Corniche de Beyrouth, au bord de la mer, leurs tentes battues par le vent se trouvant à quelques pas de maisons luxueuses. "Nous nous moquons de mourir, mais nous ne voulons pas mourir des mains de Netanyahou", a déclaré Om Ali Mcheik.

L'armée israélienne a déclaré que les forces spéciales menaient des raids terrestres contre les infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban. Les troupes ont démantelé des tunnels que le Hezbollah utilisait pour s'approcher de la frontière israélienne.

Le Premier ministre libanais appelle à «  faire pression sur Israël » pour un cessez-le-feu

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé dimanche le monde à "faire pression sur Israël" pour qu'il "s'engage à un cessez-le-feu", après une nuit d'intenses bombardements israéliens sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah.

M. Mikati a en outre salué dans son communiqué le président français Emmanuel Macron qui a "une nouvelle fois soutenu le Liban" en évoquant un prochain sommet international, redisant son "soutien à l'appel de la France et des Etats-Unis" pour une trêve.

 

Nouveaux ordres d'évacuation à Gaza

Près de 42 000 Palestiniens ont été tués à Gaza au cours de la guerre, selon le ministère de la santé, qui ne fait pas de distinction entre les décès de civils et de militants. Près de 90 % des habitants de Gaza sont déplacés, dans un contexte de destruction généralisée.

Des responsables médicaux palestiniens ont déclaré que les frappes israéliennes dans le nord et le centre de la bande de Gaza samedi avaient tué au moins neuf personnes. L'une d'entre elles, dans la ville de Beit Hanoun, au nord de la bande de Gaza, a tué au moins cinq personnes, dont deux enfants, selon le ministère de la santé de la bande de Gaza. Une autre frappe a touché une maison dans le camp de réfugiés de Nuseirat, tuant au moins quatre personnes, selon l'hôpital Awda.

L'armée israélienne n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat, mais elle accuse depuis longtemps le Hamas d'opérer à partir de zones civiles.

Une frappe aérienne israélienne a tué deux enfants dans le quartier Zaytoun de la ville de Gaza, selon le groupe de secouristes de la défense civile qui opère sous le gouvernement du Hamas.

L'armée israélienne a demandé aux Palestiniens d'évacuer le corridor stratégique de Netzarim, au centre de la bande de Gaza, qui était au cœur des obstacles à l'accord de cessez-le-feu. L'armée a demandé aux habitants des camps de réfugiés de Nuseirat et de Bureij d'évacuer vers Muwasi, une zone côtière désignée comme zone humanitaire.

On ne sait pas exactement combien de Palestiniens se trouvent dans ces zones. Les forces israéliennes sont souvent retournées dans des zones de Gaza pour cibler les combattants du Hamas qui se regroupent.


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".