NEW-YORK : Joe Biden a prononcé mardi son dernier grand discours à la tribune de l'ONU, adressant un message personnel aux dirigeants du monde: l'intérêt de votre peuple doit primer sur votre désir de demeurer aux commandes.
"J'ai décidé qu'après 50 ans de service public, il était temps qu'une nouvelle génération de dirigeants prenne les rênes de mon pays. Chers dirigeants, ne l'oublions jamais, il existe des choses plus importantes que rester au pouvoir: votre peuple", a déclaré le président des Etats-Unis.
L'octogénaire, qui lutte afin que son bilan ne soit pas détricoté si Donald Trump revient à la Maison Blanche, avait face à lui des chefs d'Etat et de gouvernement aux yeux rivés sur l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, qui promet d'être extrêmement serrée.
M. Biden, dont le gouvernement s'est pour l'instant montré impuissant à obtenir un cessez-le-feu durable entre Israël et le Hamas, a de nouveau exhorté les parties au conflit à y parvenir. Il a également mis solennellement en garde contre une "guerre généralisée" au Liban et assuré que la guerre de Vladimir Poutine contre l'Ukraine n'avait "pas atteint son objectif principal".
Le président des Etats-Unis a renoncé en juillet à briguer un second mandat et quittera donc la Maison Blanche en janvier prochain.
Beaucoup redoutent alors, en cas de victoire de l'ancien président républicain contre la vice-présidente et candidate démocrate Kamala Harris, un violent virage isolationniste et protectionniste de la première puissance mondiale.
- "Irréversible" -
Pendant les quelques semaines qui lui restent, Joe Biden veut donc, comme le dit l'un de ses conseillers, assurer que les initiatives lancées sous son mandat, notamment à l'international, deviennent autant que possible "irréversibles".
"Lorsqu'il est arrivé au pouvoir il y a bientôt quatre ans, il a promis de rétablir l'autorité internationale de l'Amérique", a dit lundi la porte-parole du démocrate de 81 ans, Karine Jean-Pierre.
Depuis, a-t-elle énuméré, il a relancé les alliances des Etats-Unis en Asie, piloté la réponse internationale à l'invasion de l'Ukraine, consolidé l'Otan, investi à marche forcée pour tenter de tenir tête à la Chine...
Le directeur de communication de la Maison Blanche, Ben LaBolt, a lui évoqué dans un mémo le "sprint final" qu'il s'agissait de courir pour l'administration sortante jusqu'en janvier, afin de "poser des jalons pour l'avenir".
Reste que cette semaine à New York, Joe Biden, chantre du dialogue qui se targue d'un entregent diplomatique peu commun, est confronté brutalement aux limites de son influence.
- Liban -
Les débats à l'ONU promettent en effet d'être dominés par l'escalade au Liban, qu'aucun appel au calme américain ne semble pouvoir enrayer.
Le président américain avait pourtant martelé, depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, qu'il ne voulait surtout pas que le conflit s'étende.
Un haut responsable américain juge lui qu'au contraire, toutes les convulsions internationales confortent l'approche multilatérale chère à Joe Biden.
"L'Ukraine, Gaza et le Soudan, tout cela souligne le besoin de ce type de coopération", a-t-il dit.
Kamala Harris n'a guère détaillé jusqu'ici ses projets en matière de politique étrangère.
Tout porte à croire toutefois qu'elle suivra, dans les grandes lignes, les mêmes orientations que Joe Biden.
Donald Trump a lui promis, en cas d'élection, de faire flamber les droits de douane sur les marchandises importées, notamment chinoises.
- Ukraine -
Il assure aussi - sans détails - pouvoir régler facilement les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.
Le républicain a aussi multiplié les messages peu amènes à l'intention des alliés de l'Otan.
Son discours résolument favorable à l'exploitation d'hydrocarbures fait craindre le pire aux partisans de la coopération internationale sur le climat.
Le week-end dernier, Joe Biden s'était déjà voulu rassurant avec les dirigeants japonais, australien et indien, qui avec les Etats-Unis composent le "Quad": ce format à quatre "est ici pour rester", "bien au-delà du mois de novembre".
Jeudi, il recevra le président ukrainien Volodymyr Zelensky, inquiet pour l'avenir du soutien américain à son pays.
Mais les dirigeants internationaux n'ont nulle intention d'insulter l'avenir.
Certains pourraient profiter de leur venue à l'Assemblée générale de l'ONU pour faire une visite de courtoisie aux candidats à la présidentielle, et en particulier à Donald Trump.
L'ancien président républicain a assuré qu'il verrait le Premier ministre indien Narendra Modi, tandis que Volodymyr Zelensky, qui rencontrera jeudi Kamala Harris, souhaite aussi s'entretenir avec lui.