Liban: Paris demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU

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Publié le Mardi 24 septembre 2024

Liban: Paris demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU

  • La France a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour évoquer la situation au Liban
  • "Au Liban comme ailleurs, la France restera pleinement mobilisée pour résoudre les crises majeures qui fracturent l'ordre international. Elle prendra des initiatives"

NATIONS-UNIES: La France a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour évoquer la situation au Liban qui connaît une montée des affrontements avec Israël, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"A cet instant, je pense au peuple libanais, alors que des frappes israéliennes viennent de faire des centaines de victimes civiles, parmi lesquelles des dizaines d'enfants. Ces frappes menées de part et d'autre de la ligne bleue (ligne de démarcation de l'ONU entre Israël et le Liban, ndlr) et plus largement dans la région doivent cesser immédiatement", a-t-il déclaré à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU.

"La France appelle les parties et ceux qui les soutiennent à la désescalade et à éviter un embrasement régional qui serait dévastateur pour tous, à commencer par les populations civiles. C'est pourquoi j'ai demandé que se tienne une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le Liban cette semaine", a ajouté le nouveau chef de la diplomatie française qui a pris ses fonctions lundi.

"Au Liban comme ailleurs, la France restera pleinement mobilisée pour résoudre les crises majeures qui fracturent l'ordre international. Elle prendra des initiatives", a-t-il assuré.

Nous sommes au bord d'une guerre totale", avertit Borrell

 

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Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a averti lundi que le conflit entre Israël et le Hezbollah libanais menaçait de plonger le Moyen-Orient dans "une guerre totale".

"Je peux dire que nous sommes presque au bord d'une guerre totale", a déclaré le diplomate, qui devait participer dans la soirée à une réunion des pays du G7 à la veille du début de la "semaine de haut niveau" de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.

Les intenses frappes israéliennes contre le Hezbollah ont fait 492 morts lundi au Liban, parmi lesquels 35 enfants, selon les autorités de ce pays, qui a vécu sa journée la plus meurtrière en près d'un an d'échanges de tirs entre les deux parties en marge de la guerre à Gaza.

Le Haut représentant de l'UE a encore appelé à un cessez-le-feu le long de la Ligne bleue entre le nord d'Israël et le sud Liban où est implanté le Hezbollah.

Tout comme dans la bande de Gaza ravagée par près d'un an de guerre entre Israël et le Hamas palestinien, M. Borrell a dénoncé le fait que les civils "paient un prix intolérable, inacceptable".

La Ligne bleue des Nations unies sépare depuis 2000 les forces armées libanaises de celles d'Israël.

"C'est le moment ici de faire quelque chose. Tout le monde doit faire tout ce qu'il peut pour arrêter cela", a-t-il dit en reconnaissant l'échec des efforts diplomatiques jusqu'à alors pour arrêter la guerre à Gaza.

 


Le gouvernement Barnier déjà empêtré dans ses contradictions

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  • Le gouvernement de Michel Barnier s'est déjà pris les pieds mardi dans les multiples contradictions de cette coalition bancale entre la droite et le centre.
  • Le jeune titulaire de Bercy a d'abord déclaré sur France Inter qu'il était ouvert à collaborer avec tous les partis "dans l'arc républicain", dont il a exclu le RN.

PARIS : Recadrage sur le positionnement à l'égard du Rassemblement national, passe d'armes entre l'Intérieur et la Justice... Le gouvernement de Michel Barnier s'est déjà pris les pieds mardi dans les multiples contradictions de cette coalition bancale entre la droite et le centre.

Autant de sujets qui devraient s'inviter, dans une ambiance électrique, à la réunion des chefs des groupes parlementaires du "socle commun" qui soutiennent l'exécutif autour du Premier ministre, prévue mercredi après-midi à Matignon.

Trois jours après la nomination du gouvernement, le premier couac concerne le ministre macroniste de l'Economie, Antoine Armand, formellement rappelé à l'ordre par Michel Barnier, sur le sujet sensible de la relation au RN.

Le jeune titulaire de Bercy a d'abord déclaré sur France Inter qu'il était ouvert à collaborer avec tous les partis "dans l'arc républicain", dont il a exclu le RN. Réaction outrée de la cheffe des députés du parti arrivé en tête du premier tour des législatives, Marine Le Pen, qui en a appelé publiquement à Michel Barnier.

Ce dernier a été nommé par Emmanuel Macron après avoir eu l'assurance que le RN n'additionnerait pas ses voix à la gauche pour le censurer immédiatement. De fait, son sort est en partie entre les mains du parti lepéniste.

Il a donc appelé son ministre "pour lui rappeler les règles", "à savoir le respect des électeurs" et "des responsables politiques représentés à l'Assemblée nationale et au Sénat", selon son entourage.

Et Antoine Armand a été contraint de rectifier le tir en promettant de recevoir "prochainement" tous les partis représentés au Parlement, dont le RN.

- Pas des "clones" -

Le locataire de Matignon a aussi téléphoné à Marine Le Pen pour "rectifier" la position de son ministre, selon Eric Ciotti, allié du RN. "On a le pouvoir de faire recadrer un ministre qui dit n'importe quoi", s'est félicitée sur BFMTV la députée lepéniste Alexandra Masson.

"Il faut vraiment n'avoir aucune dignité pour accepter de se faire recadrer par l'extrême droite sans réagir", a commenté sur la même chaîne le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.

Certains députés de l'aile gauche macroniste ont aussi exprimé leur indignation, avant d'être accusés par le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon de n'avoir "ni convictions ni conscience" et d'être "les passe-plats du RN".

Si le nouveau Premier ministre a donné à ses troupes le mot d'ordre "plus de travail et moins de communication", les fissures éclatent déjà au grand jour.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau martèle sa volonté de "rétablir l'ordre" et d'appliquer une ligne à droite toute sur l'immigration et la politique pénale, quitte à hérisser une partie de ses nouveaux partenaires du camp présidentiel, en plus de la gauche.

Dès lundi soir, le ténor du parti Les Républicains est allé sur les plates-bandes du ministre de la Justice Didier Migaud en appelant à "changer une politique pénale qui, depuis très longtemps, a laissé s'installer ce droit à l'inexécution des peines".

Réplique immédiate du garde des Sceaux, qui se trouve aussi être la seule prise venue de la gauche d'un gouvernement qui penche à droite: Bruno Retailleau "doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays" et "ça n'est pas toujours exact" de prétendre que la justice "ne condamne pas suffisamment".

"On n'est pas un gouvernement de clones. C'est normal qu'il y ait des échanges", a relativisé la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Mais mardi matin, c'est aussi la présidente macroniste de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui est montée au créneau pour affirmer qu'incarcérer les personnes condamnées à de courtes peines "dans des maisons d'arrêt surpeuplées", "ça ne marchera pas" pour prévenir la récidive et favoriser la réinsertion.

Elle a aussi mis en garde contre un "contournement" du Parlement si le gouvernement choisissait de réformer par décret l'aide médicale d'Etat (AME) pour les étrangers en situation irrégulière, comme l'envisage le nouveau ministre.

Le principe même de revenir sur l'AME est contesté par une partie de la coalition au pouvoir comme par la gauche. Ce "n'est pas un sujet d'attractivité pour l'immigration mais un enjeu de santé publique", a répliqué la députée Agnès Firmin Le Bodo, du parti Horizons d'Edouard Philippe.

Toutes ces questions seront abordées vendredi à un séminaire gouvernemental préalable à la déclaration de politique générale de Michel Barnier le 1er octobre devant le Parlement.

Pour la préparer, le Premier ministre a entamé mardi des rencontres avec les partenaires sociaux.


Martinique: le couvre-feu partiel prolongé jusqu'à jeudi

La huitième Compagnie républicaine de sécurité (CRS), une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021, a été envoyée en Martinique samedi soir. (AFP)
La huitième Compagnie républicaine de sécurité (CRS), une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021, a été envoyée en Martinique samedi soir. (AFP)
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  • Plus tôt dans la journée, la préfecture avait qualifié le week-end écoulé de "calme sur toute la Martinique", après plusieurs jours de violences urbaines, notamment dans le secteur de Sainte-Thérèse
  • Ces violences ont touché plusieurs communes de l'île dans un contexte de mobilisation contre la vie chère depuis début septembre. Les forces de l'ordre ont été la cible de tirs à balle réelle

FORT-DE-FRANCE: La préfecture de la Martinique a annoncé lundi la prolongation du couvre-feu partiel en place depuis le 18 septembre jusqu'à jeudi et précisé l'étendre au quartier populaire de Sainte-Thérèse, épicentre des violences urbaines sur cette île des Caraïbes.

"Afin d'accompagner le retour au calme et à la tranquillité sur le secteur de Sainte-Thérèse, le préfet a renouvelé l'arrêté de couvre-feu qu'il avait pris la semaine passée en l'étendant" à ce quartier de Fort-de-France, a indiqué la préfecture dans un communiqué.

"Cette interdiction temporaire relative" des déplacements s'appliquera de 21H30 à 05H00 du matin dans certains quartiers du chef-lieu de la Martinique et de la commune limitrophe du Lamentin, de lundi à jeudi matin.

Plus tôt dans la journée, la préfecture avait qualifié le week-end écoulé de "calme sur toute la Martinique", après plusieurs jours de violences urbaines, notamment dans le secteur de Sainte-Thérèse.

Ces violences ont touché plusieurs communes de l'île dans un contexte de mobilisation contre la vie chère depuis début septembre. Les forces de l'ordre ont été la cible de tirs à balle réelle.

"A la demande du préfet de la Martinique, un important dispositif de sécurité a été déployé samedi et dimanche", précisait la préfecture.

La huitième Compagnie républicaine de sécurité (CRS), une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021, a été envoyée en Martinique samedi soir.

Les "manifestations revendicatives" non déclarées avaient par ailleurs été interdites pendant le week-end dans plusieurs communes de Martinique. Cette mesure n'a pas été renouvelée.

Le préfet a pris d'autres mesures d'interdictions, dont celle prohibant la vente d'essence aux particuliers, ou l'achat et la vente de produits explosifs. Ces interdictions courent jusqu'au "lundi 30 septembre 2024 à 18H00".

Lundi, l'avenue Maurice Bishop -- axe principal du quartier Sainte-Thérèse --, théâtre d'affrontements pendant plusieurs jours entre des groupes d'individus et les forces de l'ordre, avait été nettoyé, ont constaté des journalistes de l'AFP. Les barrages érigés ont été enlevés par plusieurs camions déployés sur cet axe.

Plusieurs carcasses de véhicules brûlés étaient en revanche toujours visibles sur le bas-côté de la route, dans ce même secteur lundi après-midi.

Le préfet, Jean-Christophe Bouvier, doit donner une conférence de presse mardi à 10H00, heure locale (14H00 GMT).


Avec le nouveau gouvernement, Bercy doit partager ses pouvoirs budgétaires

Le ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie Antoine Armand arrive au premier conseil des ministres du gouvernement Barnier, à Paris le 23 septembre 2024. (Photo AFP)
Le ministre français de l'Economie, des Finances et de l'Industrie Antoine Armand arrive au premier conseil des ministres du gouvernement Barnier, à Paris le 23 septembre 2024. (Photo AFP)
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  • Antoine Armand, 33 ans, nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, devra veiller à la bonne santé de l'économie française, qui résiste modestement.
  • Le dossier très délicat du redressement des finances publiques, fortement dégradées, revient à son collègue Laurent Saint-Martin, 39 ans, ancien patron de Business France désormais chargé du Budget et des Comptes publics.

PARIS : Fini le tout-puissant ministère de l'Economie et des Finances: dans le nouveau gouvernement, les portefeuilles jusqu'ici cumulés par Bruno Le Maire sont répartis entre deux trentenaires macronistes peu connus du grand public, Matignon gardant la main sur le dossier brûlant des finances publiques.

Au cours des sept années passées à Bercy, l'ex-ministre de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire, un transfuge de la droite rallié à Emmanuel Macron en 2017, avait accru ses prérogatives au fil des remaniements, jusqu'à devenir le numéro deux du gouvernement et obtenir le portefeuille de l'Energie en janvier dernier.

Le périmètre de Bercy, qui était alors l'un des plus étendus sous la Ve République, a subi un profond remaniement dans le gouvernement de Michel Barnier, dévoilé samedi.

Antoine Armand, 33 ans, nommé ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, devra veiller à la bonne santé de l'économie française, qui résiste modestement.

La référence aux finances dans l'intitulé de son portefeuille renvoie au fait qu'il sera chargé de "défendre la fiscalité française" sur la scène européenne et internationale, au G20 par exemple, indique une source gouvernementale à l'AFP.

- Un "signal" -

Le dossier très délicat du redressement des finances publiques, fortement dégradées, revient à son collègue Laurent Saint-Martin, 39 ans, ancien patron de Business France désormais chargé du Budget et des Comptes publics.

Signe de l'importance accordée au problème du creusement du déficit public mais aussi de ses marges de manœuvre limitées en la matière, il est directement rattaché à Michel Barnier, dont le directeur de cabinet, Jérôme Fournel, officiait auparavant auprès de Bruno Le Maire.

"C'est Matignon qui va construire la question de l'augmentation des impôts et de la fiscalité. C'est le Premier ministre qui aura la charge de cette question. Et c'est Laurent Saint-Martin qui sera ensuite responsable de mettre en œuvre le cap fixé par le Premier ministre", selon la source gouvernementale.

Pénalisés par les crises du Covid et de l'inflation où l'Etat a dépensé sans compter, les comptes publics se sont enfoncés dans le rouge. Selon le Trésor, le déficit public pourrait déraper à 5,6% du PIB en 2024 à politique inchangée (contre 5,1% anticipés) - voire "autour de 6%" selon Les Echos - puis 6,2% en 2025.

"Le rattachement direct de Laurent Saint-Martin à Matignon est une manière de dire que la France veut prendre le taureau par les cornes", c'est "un signal destiné à nos partenaires européens, à la Commission européenne et peut-être aux marchés financiers, qu'ils aient en tête que c'est la priorité du gouvernement", commente l'économiste Christian de Boissieu, interrogé par l'AFP.

"Mais le ministre du Budget devra travailler main dans la main avec le ministre de l'Economie. Sur le plan budgétaire et fiscal, on a besoin d'avoir une vision d'ensemble", souligne-t-il.

Dans le projet de budget pour 2025 qu'il prévoit de présenter début octobre, avec un retard inédit, le gouvernement détaillera la manière dont il compte redresser la barre.

- "Politique budgétaire impopulaire" -

Michel Barnier a déjà prévenu qu'il pourrait mettre à contribution les plus riches et certaines grandes entreprises. Il a ainsi franchi la ligne rouge des hausses d'impôts que s'était fixée le gouvernement sortant, sans toutefois bousculer la politique de l'offre déployée par Emmanuel Macron depuis sept ans.

Au-delà de l'"enjeu très politique" de la répartition des portefeuilles, le gouvernement reste attendu sur son sérieux budgétaire, confirme Sylvain Bersinger, chef économiste chez Asterès.

"D'un point de vue économique, les chefs d'entreprise, les marchés financiers veulent voir ce qu'il va faire, que (Bercy) soit scindé ou pas", relève-t-il auprès de l'AFP.

Alors que le coût de l'endettement s'alourdit avec la hausse des taux d'intérêt, "il faudra un peu plus de sérieux sur la gestion budgétaire. Il est à peu près inévitable que le gouvernement baisse les dépenses et augmente les impôts. C'est un gouvernement qui est condamné à une politique budgétaire et fiscale impopulaire", ajoute-t-il.