RIYAD: Loin de craindre un avenir dominé par l'IA, des chercheurs de l'Université des sciences et des technologies du roi Abdallah (KAUST) l'utilisent pour découvrir des secrets longtemps cachés sur le passé de l'Arabie saoudite.
Le professeur Bernard Ghanem, spécialiste de la vision par ordinateur et de l'apprentissage automatique, a déclaré que l'IA permettait notamment de découvrir des sites archéologiques qui n'avaient pas encore été mis au jour.
«L'IA a des applications dans tous les domaines de notre vie: analyse du présent, de l'avenir et du passé», a déclaré M. Ghanem, dans un entretien accordé à Arab News.
Son équipe à la KAUST a formé des modèles d'intelligence artificielle à l'aide de données satellitaires et d'images de sites historiques connus, afin de les aider à identifier des sites non découverts dans tout le pays, a-t-il ajouté. Les découvertes qui en résultent ont alimenté d'autres recherches archéologiques et contribuent à préserver le riche patrimoine culturel du Royaume.
L'archéologie n'est toutefois qu'un des nombreux domaines d'étude dans lesquels l'équipe de M. Ghanem explore les avantages potentiels de la technologie de l'IA.
Au laboratoire de compréhension des images et des vidéos, par exemple, les chercheurs se concentrent sur quatre applications principales de l'IA, principalement ancrées dans l'apprentissage automatique, une branche de l'IA dans laquelle les systèmes utilisent des données existantes pour les aider à résoudre des problèmes à l'aide de statistiques et d'algorithmes.
La première consiste à créer des modèles d'apprentissage automatique spécifiquement destinés à la vidéo, afin d'exploiter la popularité et la puissance de la diffusion en continu.
«Plus de 80% du trafic Internet que nous observons est dû à la vidéo», a déclaré M. Ghanem, dont l'équipe développe des outils pour analyser, récupérer et même créer des vidéos, tirant ainsi parti de l'omniprésence de la vidéo dans les nouvelles applications de l'IA.
La deuxième application, qui utilise l'apprentissage automatique et approfondi pour faciliter l'automatisation, étudie la manière dont les données de simulation bidimensionnelles peuvent être traduites dans le monde 3D, avec des applications potentielles dans les jeux, la robotique et d'autres scénarios du monde réel.
«Comment, par exemple, jouer à un jeu dans le monde simulé et le faire fonctionner dans le monde réel?», a expliqué M. Ghanem.
Le troisième projet explore les fondements de l'apprentissage automatique, en mettant l'accent sur l'identification des faiblesses des modèles génératifs d'IA et sur les moyens de les améliorer et d'éviter les échecs.
M. Ghanem a comparé ce processus à la construction d'une immunité, les modèles d'IA étant délibérément «brisés» pour aider à comprendre les vulnérabilités afin de pouvoir y remédier et de renforcer les modèles.
La quatrième application concerne l'utilisation de l'IA pour la science, en particulier pour faire progresser la recherche en chimie.
M. Ghanem a indiqué que son équipe met au point des modèles d'IA capables de jouer le rôle d'assistants virtuels en chimie en prédisant les propriétés des molécules et peut-être en découvrant de nouveaux composés. De telles innovations, a-t-il ajouté, pourraient jouer un rôle essentiel dans l'étude et la recherche sur des sujets tels que la catalyse et le captage direct de l'air, stimulant ainsi les efforts de lutte contre le changement climatique.
M. Ghanem a également souligné le potentiel environnemental de l'IA et mis en avant le nouveau centre d'excellence pour l'IA générative à la KAUST, qu'il préside. Ce centre, qui doit ouvrir ses portes dimanche, explorera quatre grands domaines de recherche: la santé et le bien-être, la durabilité, l'énergie et le leadership industriel, ainsi que les économies futures.
«C'est là que nous allons nous concentrer sur les méthodes d'IA générative pour la durabilité», a déclaré M. Ghanem.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com