Le Kremlin a affirmé lundi n'être "pas intéressé" pour l'heure par la demande d'interview du président Vladimir Poutine formulée par le journaliste américain Evan Gershkovich, détenu en Russie pendant près d'un an et demi et libéré début août.
"Pour l'instant, nous ne sommes pas intéressés par cette interview", a répondu à des journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
"Il faut une raison et pour l'instant nous ne voyons pas de telle raison", a-t-il ajouté.
Evan Gershkovich, reporter du Wall Street Journal âgé de 32 ans, était emprisonné en Russie depuis mars 2023 et avait été condamné à 16 ans de prison à l'issue d'un procès expéditif pour "espionnage", une accusation jamais étayée et qu'il refusait, tout comme son employeur et Washington.
En demandant la grâce de Vladimir Poutine, passage obligé pour être libéré, le journaliste avait ajouté une demande d'interview du président russe, selon son média.
Le formulaire contenait "un espace vierge que le prisonnier pouvait remplir", avait écrit le Wall Street Journal dans un article.
"La dernière ligne (du document rempli par M. Gershkovich, ndlr) contenait sa propre proposition: après sa libération, Poutine accepterait-il de répondre à une interview ?", ajoutait le média.
Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, en février 2022, le président russe n'a qu'à de très rares occasions accordé des entretiens avec des journalistes occidentaux.
En février, Dmitri Peskov avait noté que le Kremlin recevait néanmoins "de nombreuses demandes" de médias occidentaux.
Les autorités russes ont multiplié leur pression sur les médias indépendants et étrangers en Russie, dans un contexte de répression tous azimuts des voix dissidentes depuis l'attaque à grande échelle contre l'Ukraine.
Evan Gershkovich a été libéré par la Russie début août, dans le cadre du plus grand accord d'échange de prisonniers entre Russes et Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.
La journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva, l'ancien Marine Paul Whelan, ainsi que des opposants russes comme Vladimir Kara-Mourza ou des collaboratrices d'Alexeï Navalny, avaient également retrouvé la liberté.
Les ressortissants russes transférés dans le cadre de l'accord, dont l'agent présumé Vadim Krassikov qui était en prison en Allemagne pour l'assassinat d'un séparatiste tchétchène, avait été accueillis à leur sortie de l'avion par Vladimir Poutine à Moscou.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com