Territoires palestiniens: Washington a fait état vendredi de "progrès" lors des discussions au Caire en vue d'une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages, à l'heure où la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît pas de répit.
Le président américain Joe Biden, qui pousse à un accord de cessez-le-feu, a échangé de son côté par téléphone avec les dirigeants des deux pays arabes agissant comme médiateurs dans les négociations, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.
Les chefs du Mossad (renseignements extérieurs israéliens), David Barnea, et du Shin Bet (sécurité intérieure), Ronen Bar, participent aux négociations, une semaine après un précédent cycle de pourparlers à Doha avec les médiateurs américain, qatari et égyptien.
Selon le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ils sont au Caire "pour faire progresser un accord pour (libérer) les otages" enlevés et emmenés à Gaza lors d'une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien.
- Discussions "constructives" -
Le directeur de la CIA, William Burns, et le coordinateur de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, sont également présents, tandis que le Hamas n'y participe pas, comme à Doha.
"Des progrès ont été faits. Nous avons besoin désormais que les deux camps se réunissent et travaillent à une mise en place" d'un accord, a déclaré le porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, en affirmant que les informations selon lesquelles les discussions étaient "proches de l'échec" étaient inexactes.
Selon lui, les discussions, qui ont débuté jeudi, sont "de nature constructive" et il a espéré voir cette dynamique "continuer" durant les "deux prochains jours".
D'après une source égyptienne proche des négociations, les chefs des services de renseignement égyptiens et qataris participent aussi aux discussions.
Selon cette source, un cycle de pourparlers "élargi" débutera dimanche. Elle le présente comme "une étape charnière pour la formulation d'un accord", sans donner plus de détails.
- "Fossé" -
"Washington discute avec les médiateurs de nouvelles propositions pour combler le fossé entre Israël et le Hamas", souligne cette source égyptienne.
Un responsable du mouvement islamiste, Hossam Badran, a déclaré vendredi à l'AFP que l'insistance de M. Netanyahu pour que ses troupes restent sur une bande le long de la frontière entre Gaza et l'Égypte, appelée le corridor Philadelphie, reflétait "son refus de parvenir à un accord final".
Le Hamas n'acceptera "rien de moins que le retrait des forces d'occupation (de Gaza), Philadelphie inclus", a-t-il affirmé.
M. Netanyahu se dit déterminé à maintenir les troupes israéliennes dans cette bande de terre, dont elles ont pris le contrôle en mai, "afin d'empêcher un réarmement du Hamas", selon son bureau.
Le mouvement islamiste insiste sur l'application, en l'état, d'un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qu'il avait accepté. Celui-ci prévoyait une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire.
- Combats -
"J'espère que ces négociations (...) aboutiront à des solutions" et "que la guerre s'arrêtera", a confié à l'AFP Oumm Mouhammad Wadi, une Gazaouie "fatiguée" de la situation.
Les combats ont encore fait rage vendredi, des témoins et des journalistes de l'AFP faisant état de tirs d'artillerie israéliens et d'affrontements au sol dans le centre et le sud du territoire.
Un bombardement israélien mené dans la nuit contre une maison dans l'ouest de Khan Younès (sud) a tué onze personnes, dont quatre femmes et quatre enfants, et blessé un certain nombre d'autres, a indiqué tôt samedi la Défense civile de Gaza.
L'armée israélienne a indiqué qu'au cours de la journée écoulée, les troupes israéliennes avaient "éliminé des dizaines de terroristes et démantelé des dizaines de sites d'infrastructure terroriste" dans plusieurs secteurs.
La guerre a déplacé la quasi-totalité de la population de Gaza, souvent à plusieurs reprises, la privant d'abris, d'eau potable et d'autres biens essentiels, tandis que les maladies se propagent, selon les Nations unies.
Pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu à Gaza aiderait à éviter une escalade militaire au Moyen-Orient, où l'Iran et ses alliés -- Hamas et Hezbollah libanais -- accusent Israël d'avoir assassiné fin juillet à Téhéran l'ex-chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et menacent de riposter.
- Frappes au Liban -
Israël est également sous pression à sa frontière nord, où il échange quotidiennement des tirs depuis plus de dix mois avec le Hezbollah qui a ouvert un front contre lui en soutien au Hamas.
Vendredi, sept combattants du Hezbollah, selon le mouvement islamiste, et un enfant, d'après le ministère libanais de la Santé, ont été tués dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban.
La guerre a débuté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien qui a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son armée a lancé en riposte à l'attaque une offensive d'envergure dans le territoire palestinien qui a fait au moins 40.265 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. D'après l'ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.