"Progrès" aux négociations sur une trêve à Gaza, selon Washington

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, à la Maison Blanche (AFP/File Photo).
Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, à la Maison Blanche (AFP/File Photo).
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Publié le Samedi 24 août 2024

"Progrès" aux négociations sur une trêve à Gaza, selon Washington

  • Washington a fait état vendredi de "progrès" lors des discussions au Caire en vue d'une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages
  • Le président américain Joe Biden, qui pousse à un accord de cessez-le-feu, a échangé de son côté par téléphone avec les dirigeants des deux pays arabes agissant comme médiateurs dans les négociations, le président égyptien et l'émir du Qatar

Territoires palestiniens: Washington a fait état vendredi de "progrès" lors des discussions au Caire en vue d'une trêve dans la bande de Gaza associée à une libération d'otages, à l'heure où la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît pas de répit.

Le président américain Joe Biden, qui pousse à un accord de cessez-le-feu, a échangé de son côté par téléphone avec les dirigeants des deux pays arabes agissant comme médiateurs dans les négociations, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.

Les chefs du Mossad (renseignements extérieurs israéliens), David Barnea, et du Shin Bet (sécurité intérieure), Ronen Bar, participent aux négociations, une semaine après un précédent cycle de pourparlers à Doha avec les médiateurs américain, qatari et égyptien.

Selon le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ils sont au Caire "pour faire progresser un accord pour (libérer) les otages" enlevés et emmenés à Gaza lors d'une attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans le territoire palestinien.

- Discussions "constructives" -

Le directeur de la CIA, William Burns, et le coordinateur de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, sont également présents, tandis que le Hamas n'y participe pas, comme à Doha.

"Des progrès ont été faits. Nous avons besoin désormais que les deux camps se réunissent et travaillent à une mise en place" d'un accord, a déclaré le porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, en affirmant que les informations selon lesquelles les discussions étaient "proches de l'échec" étaient inexactes.

Selon lui, les discussions, qui ont débuté jeudi, sont "de nature constructive" et il a espéré voir cette dynamique "continuer" durant les "deux prochains jours".

D'après une source égyptienne proche des négociations, les chefs des services de renseignement égyptiens et qataris participent aussi aux discussions.

Selon cette source, un cycle de pourparlers "élargi" débutera dimanche. Elle le présente comme "une étape charnière pour la formulation d'un accord", sans donner plus de détails.

- "Fossé" -

"Washington discute avec les médiateurs de nouvelles propositions pour combler le fossé entre Israël et le Hamas", souligne cette source égyptienne.

Un responsable du mouvement islamiste, Hossam Badran, a déclaré vendredi à l'AFP que l'insistance de M. Netanyahu pour que ses troupes restent sur une bande le long de la frontière entre Gaza et l'Égypte, appelée le corridor Philadelphie, reflétait "son refus de parvenir à un accord final".

Le Hamas n'acceptera "rien de moins que le retrait des forces d'occupation (de Gaza), Philadelphie inclus", a-t-il affirmé.

M. Netanyahu se dit déterminé à maintenir les troupes israéliennes dans cette bande de terre, dont elles ont pris le contrôle en mai, "afin d'empêcher un réarmement du Hamas", selon son bureau.

Le mouvement islamiste insiste sur l'application, en l'état, d'un plan annoncé le 31 mai par Joe Biden, qu'il avait accepté. Celui-ci prévoyait une trêve de six semaines accompagnée d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération d'otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait total israélien du territoire.

- Combats -

"J'espère que ces négociations (...) aboutiront à des solutions" et "que la guerre s'arrêtera", a confié à l'AFP Oumm Mouhammad Wadi, une Gazaouie "fatiguée" de la situation.

Les combats ont encore fait rage vendredi, des témoins et des journalistes de l'AFP faisant état de tirs d'artillerie israéliens et d'affrontements au sol dans le centre et le sud du territoire.

Un bombardement israélien mené dans la nuit contre une maison dans l'ouest de Khan Younès (sud) a tué onze personnes, dont quatre femmes et quatre enfants, et blessé un certain nombre d'autres, a indiqué tôt samedi la Défense civile de Gaza.

L'armée israélienne a indiqué qu'au cours de la journée écoulée, les troupes israéliennes avaient "éliminé des dizaines de terroristes et démantelé des dizaines de sites d'infrastructure terroriste" dans plusieurs secteurs.

La guerre a déplacé la quasi-totalité de la population de Gaza, souvent à plusieurs reprises, la privant d'abris, d'eau potable et d'autres biens essentiels, tandis que les maladies se propagent, selon les Nations unies.

Pour les Etats-Unis, un cessez-le-feu à Gaza aiderait à éviter une escalade militaire au Moyen-Orient, où l'Iran et ses alliés -- Hamas et Hezbollah libanais -- accusent Israël d'avoir assassiné fin juillet à Téhéran l'ex-chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et menacent de riposter.

- Frappes au Liban -

Israël est également sous pression à sa frontière nord, où il échange quotidiennement des tirs depuis plus de dix mois avec le Hezbollah qui a ouvert un front contre lui en soutien au Hamas.

Vendredi, sept combattants du Hezbollah, selon le mouvement islamiste, et un enfant, d'après le ministère libanais de la Santé, ont été tués dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban.

La guerre a débuté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque d'une ampleur inédite sur le sol israélien qui a entraîné la mort de 1.199 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

Israël a juré de détruire le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère comme terroriste, de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé en riposte à l'attaque une offensive d'envergure dans le territoire palestinien qui a fait au moins 40.265 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas qui ne détaille pas le nombre de civils et combattants tués. D'après l'ONU, la plupart des morts sont des femmes et des mineurs.


Sommet des BRICS : Poutine salue l'avènement d'un « monde multipolaire »

Le sommet des BRICS est le plus important en Russie depuis le début du conflit en Ukraine. Il intervient alors que le président russe Vladimir Poutine cherche à montrer que les tentatives occidentales pour l'isoler pendant les deux ans et demi d'offensive ont échoué. (File/AFP)
Le sommet des BRICS est le plus important en Russie depuis le début du conflit en Ukraine. Il intervient alors que le président russe Vladimir Poutine cherche à montrer que les tentatives occidentales pour l'isoler pendant les deux ans et demi d'offensive ont échoué. (File/AFP)
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  • Avec ce sommet, Vladimir Poutine entend faire la démonstration de l'échec de la politique de sanctions économiques et d'isolement diplomatique menée par les Occidentaux à son encontre depuis l'intervention des troupes russes en Ukraine en février 2022.
  • Jeudi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, arrivé mercredi à Kazan, devrait s'entretenir de l'Ukraine avec Vladimir Poutine, selon le Kremlin.

KAZAN : Mercredi à Kazan, le président russe Vladimir Poutine a ouvert le sommet des Brics en saluant l'émergence du « monde multipolaire » qu'il appelle de ses vœux face à l'Occident.

Avec ce sommet, Vladimir Poutine entend faire la démonstration de l'échec de la politique de sanctions économiques et d'isolement diplomatique menée par les Occidentaux à son encontre depuis l'intervention des troupes russes en Ukraine en février 2022.

Il entend également battre en brèche ce que la Russie et la Chine décrivent comme « l'hégémonie » occidentale, notamment américaine, dans la conduite des relations internationales.

Devant les dirigeants d'une dizaine de ces pays BRICS, dont le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi, Vladimir Poutine a expliqué qu'ils allaient évoquer ensemble « les questions les plus urgentes », dont « le règlement des conflits régionaux ».

« Le processus de formation d'un monde multipolaire est en cours, un processus dynamique et irréversible », a assuré M. Poutine.

En Ukraine, au moment où les troupes russes gagnent du terrain dans l'est du pays, Moscou et Kiev ne semblent toujours pas proches d'éventuelles négociations de paix, trente-deux mois après le début de l'« opération militaire spéciale » décidée par Vladimir Poutine.

Au Proche-Orient, la guerre déclenchée à Gaza par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, s'est étendue au Liban où l'armée israélienne intensifie son offensive contre le Hezbollah.

- Guterres pour une « paix juste »

Jeudi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, arrivé mercredi à Kazan, devrait s'entretenir de l'Ukraine avec Vladimir Poutine, selon le Kremlin.

L'ONU n'a pas formellement confirmé cette rencontre mais a fait savoir mardi que le secrétaire général s'entretiendrait avec un « grand nombre de dirigeants participant au sommet ».

Cet entretien serait une première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022.

À Kazan, « le secrétaire général réaffirmera ses positions bien connues sur la guerre en Ukraine et les conditions d'une paix juste fondée sur la charte et les résolutions des Nations unies et le droit international », a souligné mardi l'un de ses porte-parole, Farhan Haq.

Antonio Guterres, qui s'est présenté en médiateur disponible, a régulièrement souligné que l'annexion de territoires ukrainiens revendiquée par Moscou n'avait « pas de place dans le monde moderne ».

Lundi soir, le ministère ukrainien des Affaires étrangères avait estimé que M. Guterres avait fait « le mauvais choix » en acceptant de se rendre à Kazan. « Cela ne fait que nuire à la réputation de l'ONU », a critiqué le ministère sur X.

Dans sa logique de quête d'un monde multipolaire, le dirigeant russe a mené mardi un marathon de rencontres bilatérales, notamment avec Xi Jinping et Narendra Modi.

La Chine est son grand partenaire asiatique, qui lui apporte un soutien économique crucial dans le contexte des sanctions occidentales. L'Inde est en revanche critiquée par les Occidentaux pour ses achats de grandes quantités de pétrole russe depuis 2022.

Aucun des deux pays n'a condamné l'invasion et l'annexion revendiquée des territoires ukrainiens.

- Erdogan à Kazan

Poutine doit rencontrer mercredi les présidents vénézuélien et iranien, Nicolas Maduro et Massoud Pezeshkian, dont les pays sont résolument dans le camp anti-occidental.

L'Iran est en outre accusé d'avoir fourni à la Russie des drones et des missiles de courte portée.

Une rencontre bilatérale avec le président turc Recep Tayyip Erdogan est également prévue au programme de Vladimir Poutine mercredi. Membre de l'Otan, la Turquie n'est pas membre des Brics et entretient des relations complexes tant avec Moscou qu'avec l'Occident.

Elle a toutefois annoncé début septembre vouloir rejoindre le bloc des Brics, un calcul d'abord économique, soulignent des observateurs.

Les Brics représentent près de la moitié de la population mondiale et près du tiers du PIB de la planète.

Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009 et ayant intégré l'Afrique du Sud en 2010, les Brics (les initiales de ces États en anglais) ont été rejoints cette année par l'Éthiopie, l'Iran, l'Égypte et les Émirats arabes unis.

Au-delà de ces États, des dirigeants de pays dits du « Sud global » ont fait le déplacement en Russie.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev est arrivé à Kazan, selon les agences russes. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian est également annoncé jeudi.

Il y a un peu plus d'un an, l'Azerbaïdjan avait lancé une offensive pour reprendre le Haut-Karabakh, une enclave montagneuse qui échappait à son contrôle depuis des décennies et qui était majoritairement peuplée d'Arméniens.

En quelques jours, l'armée de Bakou était parvenue à défaire les séparatistes arméniens. Le conflit avait entraîné l'exode de près de 120 000 habitants.

Les deux pays négocient actuellement un traité de paix, qui inclura notamment la délimitation de leurs frontières, mais ce difficile processus connaît des lenteurs.


L'Espagne se positionne à contre-courant du reste de l'UE sur les questions migratoires

Le navire de sauvetage Open Arms est à quai avant de partir pour sa mission en Méditerranée centrale, dans le port de Burriana, Castellon, Espagne, le 1er juillet 2024. (Reuters)
Le navire de sauvetage Open Arms est à quai avant de partir pour sa mission en Méditerranée centrale, dans le port de Burriana, Castellon, Espagne, le 1er juillet 2024. (Reuters)
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  • Favorable à une politique d'accueil pour des raisons notamment économiques, le gouvernement socialiste espagnol fait figure d'exception sur les questions migratoires au sein de l'Union européenne.
  • La politique migratoire de l’Espagne n'est « pas forcément très innovatrice » ni « très ouverte », mais elle apparaît comme une alternative à mesure que ses voisins européens se tournent vers l'extrême droite selon Lorenzo Gabrielli.

MADRID : Favorable à une politique d'accueil pour des raisons notamment économiques, le gouvernement socialiste espagnol fait figure d'exception sur les questions migratoires au sein de l'Union européenne, à rebours du durcissement opéré par de nombreux pays du bloc.

Avec l'immigration, « c'est le type d'Europe dont nous voulons qui est en jeu (...) Nous devons aborder le phénomène migratoire en pensant aux générations futures et non aux prochaines élections », a mis en garde la semaine dernière le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez en marge d'un sommet européen à Bruxelles.

En ligne de mire du dirigeant socialiste : le plan de la Première ministre italienne Giorgia Meloni pour envoyer des demandeurs d'asile dans des centres situés hors de l'UE, ainsi que les politiques de plus en plus restrictives défendues par ses homologues européens.

À Bruxelles, les 27 ont ainsi haussé le ton contre l'immigration irrégulière en appelant à « agir de manière déterminée, à tous les niveaux, pour faciliter et accélérer les retours » dans les pays d'origine, dans un contexte de poussée de l'extrême droite dans de nombreux pays européens.

Un discours que rejette M. Sánchez. « Si nous voulons relever le défi démographique européen, si nous voulons garantir la durabilité de nos pensions et de notre État-providence (...), nous avons besoin de la contribution de l'immigration », a-t-il insisté.

- « Cas unique » -

Ces déclarations ont mis en lumière le positionnement singulier de l'Espagne, « un cas unique dans le contexte européen », puisque les migrants illégaux peuvent y obtenir un titre de séjour après seulement trois ans de résidence, souligne Blanca Garcés, chercheuse au Centre d'études internationales de Barcelone (CIDOB).

En Espagne, l'immigration n'a pas alimenté la polarisation politique autant que dans la plupart des autres pays d'Europe : le parti d'extrême droite Vox, très hostile aux migrants, a ainsi initialement gagné en popularité pour d'autres raisons, comme la crise séparatiste en Catalogne, rappelle la chercheuse.

Mais le Parti populaire (PP), principale formation de l'opposition de droite, a emboîté le pas à Vox et la situation est en train de changer. Selon un récent sondage, l'immigration serait désormais le sujet d'inquiétude principal des Espagnols.

Pedro Sánchez court ainsi le risque d'être en porte-à-faux vis-à-vis de son opinion publique.

La singularité de l'Espagne s'explique, selon Mme Garcés, par son histoire, marquée par une longue tradition d'émigration et un fort attachement aux droits humains depuis l'avènement de la démocratie en 1975.

Elle est aussi liée aux besoins de son économie, notamment ceux du tourisme et de l'agriculture, qui manquent de main-d'œuvre et dépendent donc de l'immigration.

« Plus de la moitié des entreprises espagnoles déclarent avoir des problèmes de recrutement », a ainsi rappelé M. Sánchez, qui a effectué une tournée en Mauritanie, en Gambie et au Sénégal fin août, principaux pays de départ des migrants clandestins vers l'archipel espagnol des Canaries, où il a plaidé pour le développement de la « migration circulaire ».

Il s'agit de permettre à des migrants de travailler en Espagne avec un contrat pendant une période limitée pour répondre aux besoins d'un secteur précis avant de rentrer chez eux.

Le but est de réduire les arrivées illégales, surtout aux Canaries, débordées par l'afflux de migrants.

M. Sánchez a « une vision pragmatique », tant sur le plan économique que politique, juge Gemma Pinyol-Jiménez, du centre de réflexion InStrategies. Selon elle, le Premier ministre a tout intérêt à développer un discours à rebours de l'extrême droite. À défaut, « les gens finissent par voter pour l'original », affirme-t-elle.

- Marquer sa différence -

Pour Lorenzo Gabrielli, chercheur à l'université Pompeu Fabra de Barcelone, l'approche espagnole est toutefois plus « ambigüe » qu'il n'y paraît.

En effet, même si M. Sánchez rejette les centres de migrants dans les pays tiers, il coopère avec le Maroc et s'appuie sur ce pays pour freiner l'arrivée de migrants dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, les seules frontières terrestres de l'UE avec le continent africain.

La politique migratoire de l’Espagne n'est « pas forcément très innovatrice » ni « très ouverte », mais elle apparaît comme une alternative à mesure que ses voisins européens se tournent vers l'extrême droite, poursuit-il.

M. Sánchez compte bien continuer à marquer sa différence. Le quotidien El País a ainsi fait état cette semaine d'un projet de réforme migratoire qui sera présenté le mois prochain et qui devrait permettre de régulariser des dizaines de milliers de migrants et de réduire les délais d'attente pour obtenir des permis de séjour.


Face à l'Occident, Poutine affiche son entente avec les Brics

Une vue de la mosquée Kul-Sharif, qui fait partie du Kremlin historique de Kazan, à Kazan le 22 octobre 2024, lors du sommet des BRICS. (Photo AFP)
Une vue de la mosquée Kul-Sharif, qui fait partie du Kremlin historique de Kazan, à Kazan le 22 octobre 2024, lors du sommet des BRICS. (Photo AFP)
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  • M. Poutine a multiplié les rencontres tout au long de la journée à Kazan, s'entretenant tour à tour avec les dirigeants indien et sud-africain, ou encore avec son grand partenaire asiatique, le président chinois Xi Jinping.
  • Ce sommet, qui réunit autour de M. Poutine une vingtaine de dirigeants, vise à démontrer l'échec de la stratégie occidentale d'isolement du président russe.

KAZAN : Dans un pied de nez à l'Occident qui veut l'isoler depuis l'offensive en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a affiché mardi son entente avec les pays des Brics, lors du sommet de ce groupe auquel appartiennent notamment la Chine et l'Inde.

M. Poutine a multiplié les rencontres tout au long de la journée à Kazan, s'entretenant tour à tour avec les dirigeants indien et sud-africain, ou encore avec son grand partenaire asiatique, le président chinois Xi Jinping.

« La coopération russo-chinoise sur la scène internationale est l'un des facteurs de stabilité mondiale », a estimé Vladimir Poutine au début de cette rencontre avec Xi Jinping.

En retour, le dirigeant chinois l'a assuré que, dans un contexte international « chaotique », « l'amitié profonde qui unit la Chine et la Russie de génération en génération ne changera pas ».

Selon le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le conflit en Ukraine et les relations avec les Occidentaux ont été abordés.

« Une fois de plus, il y a eu une convergence significative des positions et des approches sur ce qui se passe dans le monde », a indiqué M. Peskov, précisant que « beaucoup de temps » avait été consacré à l'Ukraine lors de cette rencontre de près d'une heure.

Vladimir Poutine avait auparavant illustré son ambition de mettre fin à « l'hégémonie » occidentale dans les relations internationales en louant, devant l'Indien Narendra Modi, l'excellence des relations entre leurs pays, tant diplomatiques que commerciales.

« Nous croyons que les conflits ont vocation à être résolus uniquement pacifiquement. Nous soutenons totalement les efforts pour restaurer rapidement la paix et la stabilité », a déclaré le dirigeant indien, qui, comme la Chine, n'a jamais condamné l'offensive russe en Ukraine.

- « Ami précieux » -

Ce sommet, qui réunit autour de M. Poutine une vingtaine de dirigeants, vise à démontrer l'échec de la stratégie occidentale d'isolement du président russe.

Le sommet se tient au moment où Moscou gagne militairement du terrain en Ukraine et a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires ou concurrents des États-Unis : la Chine, l'Iran et la Corée du Nord.

Les Occidentaux critiquent l'Inde pour ses achats de grandes quantités de pétrole russe depuis 2022 et la Chine pour son soutien économique crucial à la Russie dans un contexte de lourdes sanctions occidentales.

Dans ce marathon diplomatique que mène la Russie en direction des pays dits du « Sud global », le président sud-africain Cyril Ramaphosa a donné un motif de satisfaction à Vladimir Poutine en qualifiant la Russie d'« allié » et d'« ami précieux ».

M. Poutine lui a répondu qu'il voulait encore « renforcer les relations avec les pays du continent africain », où Moscou avance ses pions depuis plusieurs années.

Sur le plan du commerce international également, Vladimir Poutine entend peser.

Lors d'un entretien avec la présidente brésilienne de la Nouvelle banque de développement, Dilma Rousseff, il a réaffirmé son souhait d'une augmentation des « règlements en monnaies nationales » entre les pays des BRICS.

En butte aux sanctions économiques occidentales et avec ses principales banques exclues de la plateforme de paiement international SWIFT, la Russie plaide pour la mise en place d'un système alternatif pour faire pièce à l'hégémonie du dollar.

- « Monde multipolaire »

Le chef de l'État russe s'entretiendra mercredi avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan, dont le pays, membre de l'OTAN, a demandé à rejoindre les BRICS, et avec le président iranien Massoud Pezeshkian.

Visé par un mandat d'arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de la déportation d'enfants ukrainiens dont Kiev accuse Moscou (qui rejette ces accusations), Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l'étranger.

Pour ce grand raout diplomatique, le Kremlin cherche à démontrer qu'il existe une alternative aux pressions occidentales et que le monde multipolaire est une réalité, selon l'analyste politique russe Konstantin Kalatchev.

Moscou présente son assaut contre l'Ukraine non comme une guerre de conquête, malgré ses nouvelles annexions de régions ukrainiennes revendiquées après celle de la Crimée en 2014, mais comme un conflit provoqué par l'hégémonisme américain.

Pour les Occidentaux et le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie est au contraire dans une logique de domination de ses voisins.

L'Ukraine sera également au menu du sommet, jeudi, avec une rencontre annoncée par le Kremlin entre Vladimir Poutine et Antonio Guterres, le secrétaire général de l'ONU.

L'ONU n'a toutefois pas confirmé cette rencontre, qui serait la première en Russie entre les deux hommes depuis avril 2022.

Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009, le bloc des Brics a intégré l'Afrique du Sud en 2010, tirant ainsi son nom des initiales de ces États en anglais. Il a été rejoint cette année par quatre pays (Éthiopie, Iran, Égypte et Émirats arabes unis).