BOBIGNY : Le maire de L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Mohamed Gnabaly a décidé de fermer le stand du Maroc de la "Station Afrique", site de célébration des Jeux olympiques, estimant que les "règles de neutralité" n'ont pas été respectées, une décision jugée "unilatérale et arbitraire" par le consulat marocain.
La ville "a dû hier matin signifier à la représentante du Maroc la fin de la convention d'occupation qui liait notre ville à l'ambassade du Maroc dans le cadre de Station Afrique", un site qui met en avant "les athlètes, les artistes, les cultures et les peuples africains" pendant les Jeux olympiques et paralympiques, selon un communiqué publié dimanche.
Les "engagements de neutralité" (...) ont été "gravement remis en question jeudi" lors de la soirée en l'honneur du Maroc, assure le maire de gauche sans étiquette.
"La chanteuse Saida Charaf a prononcé à deux reprises devant le public +le Sahara occidental est marocain, merci président Macron+", selon le récit de l'édile.
"L'expression spontanée d'une opinion par Mme Charaf ne constitue ni une politisation des Jeux, ni un obstacle aux engagements de neutralité", a réagi le consulat du royaume du Maroc à Villemonble (Seine-Saint-Denis) sur X, jugeant "cette résiliation unilatérale et arbitraire".
Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI à l'occasion de l'anniversaire de son intronisation il y a 25 ans et rendue publique mardi, Emmanuel Macron a estimé que "le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine".
Sans reconnaître expressément la "marocanité" du Sahara occidental, cette prise de position a fait réagir vivement l'Algérie qui a décidé dans la foulée de retirer son ambassadeur en poste à Paris. Cette décision va au delà d'un simple rappel d'ambassadeur pour des consultations. Il s'agit d’une diminution de la représentation diplomatique de l'Algérie à Paris.
Le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est contrôlé en majeure partie par le Maroc - qui a proposé en 2007 un plan d'autonomie sous sa souveraineté - mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, qui réclament un référendum d'autodétermination. Ce dernier a été prévu lors d'un cessez-le-feu en 1991 mais n’a jamais été organisé.
L'ONU considère ce territoire, aux riches eaux poissonneuses et aux importantes réserves en phosphates, comme un "territoire non autonome".
M. Gnabaly qui a assuré vouloir "garantir la neutralité" autour de la question du Sahara occidental est intervenu sur scène pendant le concert et a été "hué", selon une vidéo consultée par l'AFP.
"Face à l'inaction" et "sans excuse" des représentants du royaume du Maroc, il a décidé de fermer leur stand.