VIENTIANE: Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a jugé contradictoires samedi les propos du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son chef de la diplomatie sur des pourparlers de paix, affirmant "ne pas les écouter".
M. Lavrov, qui se trouve à Vientiane au Laos, s'exprimait après la visite effectuée en Chine cette semaine par le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba et des déclarations du président Zelensky selon lequel Pékin a envoyé un "signal clair" de soutien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
Interrogé par des journalistes russes en marge d'une réunion de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (Asean), M. Lavrov faisait référence aux récents commentaires de M. Zelensky et de M. Kouleba sur un ton quelque peu dédaigneux.
Dans un entretien à la chaîne ukrainienne TSN consacré à sa visite à Pékin vendredi, M. Kouleba a déclaré que Kiev ne pouvait être contraint à négocier avec Moscou et que Pékin, désireux de jouer un rôle de médiateur après l'invasion russe, respectait l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
M. Kouleba "ne dit pas cela pour la première fois et il a parfois déclaré exactement le contraire", a affirmé M. Lavrov.
"Il n'y a pas si longtemps, ils (les Ukrainiens) parlaient de négociations. M. Zelensky s'est dit prêt à enfin se mettre à la table des négociations avec des représentants russes. Pour être honnête, je ne les écoute pas", a poursuivi le chef de la diplomatie russe.
En outre, M. Lavrov a déclaré avoir évoqué avec son homologue chinois, Wang Yi, à Vientiane, les propos qui avaient été tenus lors de la visite de M. Kouleba. Les Russes "ont senti que la position chinoise restait inchangée", a-t-il affirmé.
Selon M. Lavrov, Pékin insiste sur le fait que le format des pourparlers de paix doit être "acceptable pour toutes les parties".
M. Zelensky a déclaré récemment que la Russie devrait être représentée lors d'un deuxième sommet de paix, contrairement au premier qui s'est tenu en Suisse en juin dernier sans la Russie - raison pour laquelle Pékin n'y avait pas participé.
M. Lavrov a également évoqué la position que l'ex-président américain républicain Donald Trump pourrait adopter sur l'Ukraine s'il remportait l'élection présidentielle de novembre, après les propos de l'ex-secrétaire d'État Mike Pompeo dans les colonnes du Wall Street Journal cette semaine.
"À propos de Trump, j'ai entendu dire qu'il avait proposé, au lieu de simplement donner de l'argent à l'Ukraine, de lui prêter 500 milliards de dollars sous la forme d'un prêt-bail", a déclaré M. Lavrov, y voyant le pragmatisme "d'un homme d'affaires".
"Je ne peux pas commenter de nombreuses idées qui ne sont pas vraiment sérieuses", a ajouté M. Lavrov.
"Quand on propose quelque chose de sérieux, bien sûr, comme l'a dit le président, nous sommes toujours prêts à avoir une conversation honnête, en tenant compte des réalités actuelles", a encore déclaré le ministre russe.