Le grand mufti libanais souligne la solidarité arabe envers le Liban

Le grand mufti Sheikh Abdel Latif Derian. (Photo: AFP)
Le grand mufti Sheikh Abdel Latif Derian. (Photo: AFP)
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Publié le Dimanche 07 juillet 2024

Le grand mufti libanais souligne la solidarité arabe envers le Liban

  • L’ONU alerte sur les risques d'escalade entre le Hezbollah et Israël
  • Le Hezbollah lie la fin des hostilités à l'arrêt de l'offensive israélienne à Gaza

BEYROUTH : Dans un contexte de tensions croissantes, le grand mufti du Liban, cheikh Abdel Latif Derian, a exprimé sa gratitude envers « les pays arabes frères et amis qui s’empressent de soutenir et de se tenir aux côtés du Liban. »

Les déclarations de Derian à Beyrouth samedi sont intervenues dans un contexte de division au sein de la classe politique et de l'opinion publique libanaises, suite à la décision du Hezbollah d'ouvrir un front au sud sans consulter le gouvernement.

Derian a affirmé: « Les actes perpétrés par Israël dans les localités du Sud-Liban inébranlable et d’autres régions sont des crimes de guerre délibérés contre l'ensemble des Libanais. Cette agression périlleuse exige une réponse empreinte de vigilance et de discernement."
 

En bref

Les hostilités entre Israël et le Hezbollah s'intensifient. Depuis le déclenchement du conflit à Gaza, les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne sont devenus quasi quotidiens, mais se sont nettement intensifiés au cours du mois dernier.

« En 2006, face à l'offensive israélienne, le Liban a su rester uni grâce au soutien arabe et international, » a rappelé le cheikh Derian. « Notre pays a ainsi surmonté une épreuve majeure. »

Le grand mufti a cependant souligné l'évolution de la situation: « Les défis actuels sont plus complexes, et la solidarité s’effrite. Malgré tout, le soutien au Liban persiste, comme en témoignent les visites diplomatiques récentes. »

Face à ce constat, Derian a lancé un appel pressant: « L’heure est à l'unité. Nous devons élire un président et surmonter les divisions qui fragilisent notre société. »

Ces déclarations font écho à la position du Conseil supérieur de la charia islamique, qui a récemment insisté sur « l'urgence d'initiatives locales et internationales pour sortir le Liban de l'impasse et le remettre sur la voie de la stabilité. »

Le Conseil a exhorté à l'union nationale pour contrer l'offensive israélienne dans le Sud-Liban et la Bekaa. »

Le Conseil n'a pas mâché ses mots, fustigeant « l'inertie de la communauté internationale face aux exactions israéliennes à Gaza, en Cisjordanie occupée et au Liban. »

Pendant ce temps, en coulisses, la diplomatie s'active. Les efforts internationaux se déploient sur deux fronts: circonscrire les affrontements dans le Sud-Liban et stopper l'escalade militaire. Ces démarches s'inscrivent dans l'attente des résultats des pourparlers Hamas-Israël.

Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a mis en garde contre « le spectre d'une guerre totale entre le Hezbollah et Israël. » Dans un appel pressant, il a souligné « l'urgence absolue d'une solution politique. »

Stephane Dujarric, porte-parole de l'ONU, s’alarme de « l’escalade des hostilités le long de la Ligne bleue », craignant un "embrasement régional. »

« Nous sommes à un tournant critique, » martèle Dujarric. « Le risque d'un dérapage incontrôlé est réel. Seule la voie diplomatique peut désamorcer cette poudrière. »

Washington et Paris coordonnent leurs efforts pour éviter le pire, dans une course contre la montre pour éteindre les braises d'un conflit qui menace de s’embraser.


Des sources diplomatiques révèlent que l'Allemagne aurait fait une proposition pour le sud du Liban: un retrait des forces en présence des zones frontalières. Cette initiative s'inscrit dans l'attente d'une résolution du conflit à Gaza.

Hassan Fadlallah, député du parti chiite, a exposé samedi la position de son mouvement: « Notre action au Liban cessera dès l'arrêt de l'agression israélienne sur Gaza. Notre front n'a qu'un but : faire plier l'ennemi. »

Cette déclaration intervient dans un contexte d'accalmie relative. Après deux jours d'intenses échanges de tirs, le calme est revenu samedi sur la frontière israélo-libanaise.

Fadlallah a esquissé sa vision de l'après-conflit : « Le jour où l'agression contre le Liban prendra fin marquera le début d'une nouvelle ère, purement libanaise. »

Il promet des décisions « émanant du peuple libanais et des acteurs du conflit, des institutions officielles et de la résistance, dans le respect de notre souveraineté. »

Le député met en garde : Israël ne doit pas espérer gagner par la diplomatie ce qu'il n'a pu obtenir par « la guerre, les bombardements, la destruction et les assassinats. »
Pour le Hezbollah, l'issue du conflit semble claire: « L'épuisement de l'armée israélienne et son échec à atteindre ses objectifs signeront la fin de cette guerre. »

« Une nouvelle page s'ouvre dans ce conflit », déclare Fadlallah. Selon lui, Israël s'essouffle face à une résistance palestinienne qui défie les pronostics depuis neuf mois.

Côté israélien, les voix de la prudence s'élèvent.  Le général de division Israel Ziv, ancien chef des opérations de l'armée israélienne, tire la sonnette d'alarme: « Durcir notre position au nord serait une erreur stratégique majeure, à moins de vouloir embraser la région. »
 Il avertit: « Un conflit au Liban, c'est la porte ouverte à une confrontation avec l'Iran. Multiplier les fronts serait suicidaire. »

Samedi matin, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque aérienne avec des drones d'assaut contre une position d'artillerie du 403e bataillon de la 91e division à Beit Hillel.  L'opération, qui aurait provoqué des incendies, serait une riposte aux « attaques israéliennes de vendredi contre des villages résilients du sud, des habitations et des civils. »

De son côté, l'armée israélienne a affirmé avoir intercepté une cible aérienne en provenance du Liban en Galilée, et que deux objectifs étaient tombés dans « une zone ouverte » à Beit Hillel.
L’armée israélienne a également lancé des tirs nourris depuis ses positions face à la ville d'Aita Al-Shaab en direction de Birkat Risha et de la périphérie de la ville de Ramyah. 

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


La compagnie aérienne Emirates interdit les bipeurs à bord

Un Airbus A380 de la compagnie Emirates à destination de Dubaï se prépare à décoller. (AFP)
Un Airbus A380 de la compagnie Emirates à destination de Dubaï se prépare à décoller. (AFP)
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  • La compagnie aérienne Emirates, la plus importante du Moyen-Orient, a interdit à ses passagers de transporter des bipeurs et des talkies-walkies, après la vague d'explosions au Liban mi-septembre, dans une attaque contre le Hezbollah imputée à Israël
  • Selon un communiqué d'Emirates publié vendredi, "tous les passagers voyageant sur des vols à destination, en provenance ou via Dubaï (où est basée l'entreprise) ont interdiction de transporter des bipeurs et des talkies-walkies

DUBAI: La compagnie aérienne Emirates, la plus importante du Moyen-Orient, a interdit à ses passagers de transporter des bipeurs et des talkies-walkies, après la vague d'explosions au Liban mi-septembre de ces petits boitiers dans une attaque contre le Hezbollah imputée à Israël.

Selon un communiqué d'Emirates publié vendredi, "tous les passagers voyageant sur des vols à destination, en provenance ou via Dubaï (où est basée l'entreprise) ont interdiction de transporter des bipeurs et des talkies-walkies dans leurs bagages ou en cabine".

Le 17 septembre, des explosions simultanées de bipeurs utilisés par le Hezbollah, mouvement islamiste libanais pro-iranien, ont fait des dizaines de morts et des milliers de blessés au Liban.

Les bipeurs et talkies-walkies permettent de recevoir messages et alertes sonores en utilisant leur propre fréquence radio, hors réseaux de téléphonie mobile, sans risquer d'être écouté.

Par ailleurs, Emirates a prolongé la suspension de ses vols vers l'Iran et l'Irak jusqu'à mardi - en vigueur depuis l'attaque iranienne de missiles lancée mardi contre Israël - et vers le Liban jusqu'au 15 octobre, alors que l'armée israélienne bombarde le pays.


Liban: missions périlleuses pour récupérer les animaux dans les maisons bombardées

Un activiste de l'ONG Animals Lebanon s'occupe d'un chat abandonné par ses propriétaires qui ont fui lors des frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, dans un refuge pour animaux, le 3 octobre 2024. (AFP)
Un activiste de l'ONG Animals Lebanon s'occupe d'un chat abandonné par ses propriétaires qui ont fui lors des frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, dans un refuge pour animaux, le 3 octobre 2024. (AFP)
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  • "Entrer, sauver et partir", résume Maggie Shaarawi, vice-présidente de l'association Animaux du Liban, qui prend de gros risques pour se rendre dans la banlieue sud
  • "Les gens ont dû évacuer dans la hâte. Leurs chats, stressés par les bombardements, se sont cachés" et n'ont pu être emportés par leurs maîtres, raconte-t-elle

BEYROUTH: Dans les quartiers dévastés de la banlieue sud de la capitale libanaise, des volontaires se faufilent entre les décombres pour une périlleuse mission: ramener les animaux laissés par leurs propriétaires partis dans la précipitation sous les bombes israéliennes.

"Entrer, sauver et partir", résume Maggie Shaarawi, vice-présidente de l'association Animaux du Liban, qui prend de gros risques pour se rendre dans la banlieue sud, aujourd'hui désertée et toujours pilonnée par les bombardements israéliens.

"Les gens ont dû évacuer dans la hâte. Leurs chats, stressés par les bombardements, se sont cachés" et n'ont pu être emportés par leurs maîtres, raconte-t-elle.

Cette semaine, Mme Shaarawi et deux autres volontaires se sont rendus dans la banlieue pour récupérer huit chats traumatisés, à la demande désespérée de leur propriétaire.

En appel vidéo, la femme voilée d'un foulard blanc les a guidés dans la maison dévastée pour tenter d'attraper Fifi, Leo, Blacky, Teddy, Tanda, Ziki, Kitty et Masha.

"Nous les avons tous retrouvés!" s'exclame, triomphante, Mme Shaarawi.

A toute vitesse, les trois volontaires, cage à chats à la main, ont réussi à faire sortir les félins terrorisés de leurs cachettes et les ont rassemblés. Alors qu'ils se préparaient à fouiller une autre maison, une frappe a retenti, les contraignant à filer.

"C'est la première fois que c'est tombé si près de nous. Nous avons eu de la chance de nous en sortir vivants", raconte Mme Shaarawi.

Traumatisés 

Depuis le 23 septembre, Israël a lancé une campagne de bombardements dans le sud, l'est du Liban, et dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement pro-iranien Hezbollah. Plus de 1.100 personnes ont été tuées dans ces raids et plus d'un million d'autres déplacées, selon des chiffres officiels libanais.

Beaucoup de ces familles déplacées, dont nombre dorment aujourd'hui dans la rue à Beyrouth ont fui avec leurs animaux domestiques. D'autres ont refusé de partir pour ne pas les laisser derrière eux. Ceux qui n'ont pas pu faire autrement en appellent désormais aux services de l'association de Mme Shaarawi.

Une femme leur a ainsi demandé de retrouver ses 21 chats. D'autres familles ayant fui loin de Beyrouth sollicitent l'association, mais récupérer les clés de leurs maisons s'avère un autre casse-tête

"Jusqu'ici, nous avons récupéré 120 animaux dans la banlieue sud, et 60 dans le sud", dit Mme Shaarawi.

"La guerre est traumatisante pour les animaux comme pour les gens. Ils sont bombardés tous les jours et ne comprennent pas ce qui se passe", constate-t-elle. "Ils attendent que leurs maîtres reviennent".

Les félins récupérés par Animaux du Liban sont ensuite mis à l'abri dans les locaux de l'association à Beyrouth, en attendant que leurs propriétaires viennent les chercher.

Récupérer les animaux dans les maisons bombardées n'est pas simple, la peur "transforme les chats en tigres", raconte Mme Shaarawi.

Parfois, les volontaires n'arrivent pas à temps. Lors d'une de leurs missions cette semaine, visant à récupérer trois chats, ils ont trouvé l'un d'entre eux rigidifié par la mort, sa fourrure blanche devenue noire dans la poussière du bombardement. Les deux autres félins étaient introuvables.


En Syrie, le chef de la diplomatie iranienne insiste sur un cessez-le feu au Liban et à Gaza

Le ministre syrien des Affaires étrangères Bassam al-Sabbagh (à droite) rencontre son homologue iranien Abbas Araghchi à Damas le 5 octobre 2024. (AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères Bassam al-Sabbagh (à droite) rencontre son homologue iranien Abbas Araghchi à Damas le 5 octobre 2024. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, en visite dans la capitale syrienne Damas, a insisté samedi sur la nécessité d'un cessez-le-feu au Liban et dans la bande de Gaza
  • Il s'agit de la première d'un haut responsable iranien dans la région depuis la mort le 27 septembre du chef du Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne près de Beyrouth

DAMAS: Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, en visite dans la capitale syrienne Damas, a insisté samedi sur la nécessité d'un cessez-le-feu au Liban et dans la bande de Gaza.

"La question la plus importante aujourd'hui est le cessez-le-feu, particulièrement au Liban, et à Gaza", a déclaré M. Araghchi à des journalistes en arrivant samedi à Damas après une visite la veille à Beyrouth, la capitale libanaise.

Il s'agit de la première d'un haut responsable iranien dans la région depuis la mort le 27 septembre du chef du Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne près de Beyrouth.

"Il y a des initiatives, il y a des consultations, dont nous espérons qu'elles seront couronnées de succès", a-t-il dit, sans plus de précisions.

"Malheureusement les hostilités et les crimes du régime sioniste (Israël) continuent. Ce régime ne connaît pas d'autre langage que celui de la force, de la guerre", a ajouté M. Araghchi, en exhortant "la communauté internationale à faire cesser ces crimes".

Paris et Washington, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé en septembre à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours entre Israël et le Hezbollah au Liban pour "donner une chance à la diplomatie".

Une initiative ignorée par Israël, qui a à l'inverse intensifié ses frappes et spectaculairement tué Hassan Nasrallah.

L'escalade au Liban intervient après un an d'échanges de tirs transfrontaliers, qui ont déplacé des dizaines de milliers d'habitants des deux côtés de la frontière.

D'après les autorités libanaises, plus de 2.000 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, dont plus d'un millier depuis le 23 septembre. Le gouvernement libanais estime à environ 1,2 million le nombre de déplacés.

Plus de 300.000 personnes, en majorité des réfugiés syriens, ont quitté le Liban pour entrer en Syrie depuis le 23 septembre, selon des chiffre officiels.