BEYROUTH : Dans un contexte de tensions croissantes, le grand mufti du Liban, cheikh Abdel Latif Derian, a exprimé sa gratitude envers « les pays arabes frères et amis qui s’empressent de soutenir et de se tenir aux côtés du Liban. »
Les déclarations de Derian à Beyrouth samedi sont intervenues dans un contexte de division au sein de la classe politique et de l'opinion publique libanaises, suite à la décision du Hezbollah d'ouvrir un front au sud sans consulter le gouvernement.
Derian a affirmé: « Les actes perpétrés par Israël dans les localités du Sud-Liban inébranlable et d’autres régions sont des crimes de guerre délibérés contre l'ensemble des Libanais. Cette agression périlleuse exige une réponse empreinte de vigilance et de discernement."
En bref
Les hostilités entre Israël et le Hezbollah s'intensifient. Depuis le déclenchement du conflit à Gaza, les échanges de tirs à la frontière libano-israélienne sont devenus quasi quotidiens, mais se sont nettement intensifiés au cours du mois dernier.
« En 2006, face à l'offensive israélienne, le Liban a su rester uni grâce au soutien arabe et international, » a rappelé le cheikh Derian. « Notre pays a ainsi surmonté une épreuve majeure. »
Le grand mufti a cependant souligné l'évolution de la situation: « Les défis actuels sont plus complexes, et la solidarité s’effrite. Malgré tout, le soutien au Liban persiste, comme en témoignent les visites diplomatiques récentes. »
Face à ce constat, Derian a lancé un appel pressant: « L’heure est à l'unité. Nous devons élire un président et surmonter les divisions qui fragilisent notre société. »
Ces déclarations font écho à la position du Conseil supérieur de la charia islamique, qui a récemment insisté sur « l'urgence d'initiatives locales et internationales pour sortir le Liban de l'impasse et le remettre sur la voie de la stabilité. »
Le Conseil a exhorté à l'union nationale pour contrer l'offensive israélienne dans le Sud-Liban et la Bekaa. »
Le Conseil n'a pas mâché ses mots, fustigeant « l'inertie de la communauté internationale face aux exactions israéliennes à Gaza, en Cisjordanie occupée et au Liban. »
Pendant ce temps, en coulisses, la diplomatie s'active. Les efforts internationaux se déploient sur deux fronts: circonscrire les affrontements dans le Sud-Liban et stopper l'escalade militaire. Ces démarches s'inscrivent dans l'attente des résultats des pourparlers Hamas-Israël.
Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies, a mis en garde contre « le spectre d'une guerre totale entre le Hezbollah et Israël. » Dans un appel pressant, il a souligné « l'urgence absolue d'une solution politique. »
Stephane Dujarric, porte-parole de l'ONU, s’alarme de « l’escalade des hostilités le long de la Ligne bleue », craignant un "embrasement régional. »
« Nous sommes à un tournant critique, » martèle Dujarric. « Le risque d'un dérapage incontrôlé est réel. Seule la voie diplomatique peut désamorcer cette poudrière. »
Washington et Paris coordonnent leurs efforts pour éviter le pire, dans une course contre la montre pour éteindre les braises d'un conflit qui menace de s’embraser.
Des sources diplomatiques révèlent que l'Allemagne aurait fait une proposition pour le sud du Liban: un retrait des forces en présence des zones frontalières. Cette initiative s'inscrit dans l'attente d'une résolution du conflit à Gaza.
Hassan Fadlallah, député du parti chiite, a exposé samedi la position de son mouvement: « Notre action au Liban cessera dès l'arrêt de l'agression israélienne sur Gaza. Notre front n'a qu'un but : faire plier l'ennemi. »
Cette déclaration intervient dans un contexte d'accalmie relative. Après deux jours d'intenses échanges de tirs, le calme est revenu samedi sur la frontière israélo-libanaise.
Fadlallah a esquissé sa vision de l'après-conflit : « Le jour où l'agression contre le Liban prendra fin marquera le début d'une nouvelle ère, purement libanaise. »
Il promet des décisions « émanant du peuple libanais et des acteurs du conflit, des institutions officielles et de la résistance, dans le respect de notre souveraineté. »
Le député met en garde : Israël ne doit pas espérer gagner par la diplomatie ce qu'il n'a pu obtenir par « la guerre, les bombardements, la destruction et les assassinats. »
Pour le Hezbollah, l'issue du conflit semble claire: « L'épuisement de l'armée israélienne et son échec à atteindre ses objectifs signeront la fin de cette guerre. »
« Une nouvelle page s'ouvre dans ce conflit », déclare Fadlallah. Selon lui, Israël s'essouffle face à une résistance palestinienne qui défie les pronostics depuis neuf mois.
Côté israélien, les voix de la prudence s'élèvent. Le général de division Israel Ziv, ancien chef des opérations de l'armée israélienne, tire la sonnette d'alarme: « Durcir notre position au nord serait une erreur stratégique majeure, à moins de vouloir embraser la région. »
Il avertit: « Un conflit au Liban, c'est la porte ouverte à une confrontation avec l'Iran. Multiplier les fronts serait suicidaire. »
Samedi matin, le Hezbollah a annoncé avoir mené une attaque aérienne avec des drones d'assaut contre une position d'artillerie du 403e bataillon de la 91e division à Beit Hillel. L'opération, qui aurait provoqué des incendies, serait une riposte aux « attaques israéliennes de vendredi contre des villages résilients du sud, des habitations et des civils. »
De son côté, l'armée israélienne a affirmé avoir intercepté une cible aérienne en provenance du Liban en Galilée, et que deux objectifs étaient tombés dans « une zone ouverte » à Beit Hillel.
L’armée israélienne a également lancé des tirs nourris depuis ses positions face à la ville d'Aita Al-Shaab en direction de Birkat Risha et de la périphérie de la ville de Ramyah.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com