Agression de Prisca Thevenot: le parquet requiert la détention provisoire pour deux mis en cause

Fondateur du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (C) marche avec le candidat du Nouveau Front Populaire (NFP), une coalition de gauche pour les élections législatives, Adel Amara (L) lors d'une rencontre avec des habitants dans le cadre d'une visite de campagne politique à Villiers-sur-Marne, le 5 juillet 2024. (AFP)
Fondateur du parti de gauche La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Melenchon (C) marche avec le candidat du Nouveau Front Populaire (NFP), une coalition de gauche pour les élections législatives, Adel Amara (L) lors d'une rencontre avec des habitants dans le cadre d'une visite de campagne politique à Villiers-sur-Marne, le 5 juillet 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 juillet 2024

Agression de Prisca Thevenot: le parquet requiert la détention provisoire pour deux mis en cause

  • Mme Thevenot, candidate aux élections législatives dans les Hauts-de-Seine, et sa suppléante Virginie Lanlo avaient été victimes mercredi avec leur équipe d'une agression lors d'une opération de collage d'affiches.
  • les derniers jours sont marqués par une multiplication des accrochages verbaux mais aussi physiques.

PARIS : Le parquet de Nanterre a requis vendredi qu'un mineur et un majeur mis en cause dans l'agression mercredi à Meudon de la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot et de son équipe soient mis en examen et placés en détention provisoire, a indiqué le ministère public dans un communiqué à l'AFP.

Né en 2004, le jeune homme majeur mis en cause a été condamné deux fois, l'une pour trafic de stupéfiants et l'autre pour conduite sans permis et recel.

Le plus jeune, né en 2007, a "été jugé à deux reprises pour un vol en réunion et un port d'arme, et fait l'objet d'une mesure éducative judiciaire", poursuit le parquet.

Ils sont présentés vendredi à un juge d'instruction "en vue de leur mise en examen", ajoute encore cette source.

Quant aux deux autres mineurs interpellés mercredi, leurs gardes à vue "ont été levées vendredi (...) en l'absence de charges suffisantes retenues contre eux à ce stade", indique encore le parquet.

Mme Thevenot, candidate aux élections législatives dans les Hauts-de-Seine, et sa suppléante Virginie Lanlo avaient été victimes mercredi avec leur équipe d'une agression lors d'une opération de collage d'affiches.

Selon une source proche du dossier, Prisca Thevenot et une de ses collaboratrices ont été prises à partie par une vingtaine de personnes.

La ministre n'a pas été touchée, mais sa collaboratrice et un militant ont été blessés et transportés à l'hôpital.

L'hospitalisation de ce dernier est "toujours en cours", précise le parquet dans son communiqué, qui détaille que son incapacité totale de travail (ITT) "est pour l'heure évaluée à 30 jours".

Quant à Mme Lanlo, elle a pour l'instant une ITT de 5 jours en raison des violences subies et son véhicule a subi des dégradations.

Le parquet de Nanterre a ouvert vendredi une information judiciaire notamment pour violences commises en réunion sur un élu public.

L'agression de Mme Thevenot et de son équipe avait profondément choqué la classe politique, à quelques jours du second tour des élections législatives anticipées.

Alors que les candidats sont encore en campagne pour quelques heures dans 501 des 577 circonscriptions, après 76 élections au premier tour, les derniers jours sont marqués par une multiplication des accrochages verbaux mais aussi physiques.

Cinquante-et-un candidats, suppléants ou militants ont été "agressés physiquement" ces derniers jours en France, a annoncé vendredi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.


Le second tour des législatives en chiffres

Le député français nouvellement élu (MP) Gerald Darmanin pour le parti au pouvoir Rennaissance arrive pour une journée d’accueil à l’Assemblée nationale à Paris le 8 juillet 2024
Le député français nouvellement élu (MP) Gerald Darmanin pour le parti au pouvoir Rennaissance arrive pour une journée d’accueil à l’Assemblée nationale à Paris le 8 juillet 2024
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  • Avec 193 sièges, le nouveau Front Populaire (NFP) devient la première force politique de la prochaine Assemblée nationale.
  • C'est la plus forte participation à un second tour de législatives depuis le scrutin de 1997, qui avait porté le socialiste Lionel Jospin à Matignon (71,07%). Elle n'avait depuis cessé de baisser, jusqu'à son plus bas historique en 2017, à 42,64%.

PARIS : Victoire surprise de l'alliance de gauche au détriment du Rassemblement national, absence de majorité, participation record et baisse du nombre d'élues: voici un panorama du second tour des législatives.

- Le Nouveau Front Populaire, le grand gagnant -

Avec 193 sièges, le nouveau Front Populaire (NFP) devient la première force politique de la prochaine Assemblée nationale. Cette coalition comprend notamment 74 députés de La France Insoumise (LFI), 64 socialistes et 33 écologistes et apparentés. Elle gagne 56 sièges par rapport aux 137 élus Nupes de 2022.

Donné troisième dans les enquêtes d'opinion de l'entre-deux tour, le camp présidentiel arrive finalement deuxième avec 164 sièges.

Le grand perdant du second tour est le Rassemblement national (RN) et ses alliés. Arrivé en tête au premier tour, le bloc d'extrême droite n'arrive finalement que troisième avec 143 sièges (notamment 125 sièges pour le RN et 17 pour ses alliés ciottistes). C'est toutefois 36 sièges supplémentaires par rapport au nombre déjà inédit de 89 députés RN à la précédente assemblée.

- Désistements fatals au RN -

Le parti de Marine Le Pen et ses alliés étaient en tête au premier tour dans 258 des 501 circonscriptions encore en jeu dimanche. Mais ils ont finalement été battus dans 154 d'entre elles, à deux tiers (109) dans des circonscriptions où il y a eu un désistement entre les deux tours.

Le parti d'extrême droite a été malheureux en duel mais victorieux en triangulaire.

Les duels se sont principalement soldés par des défaites pour le parti d'extrême droite: que ce soit face au NFP (92 perdus sur 154), face au camp présidentiel (108 perdus sur 131) ou face à LR (32 perdus sur 39).

En revanche, la partie a été plus facile là où des triangulaires ont été maintenues. Sur les 10 où le RN était en tête, une seule lui a échappé.

A retenir: quelque 8,745 millions d'électeurs ont voté pour le RN, soit 700.000 de voix de plus qu'au premier tour, dans les circonscriptions encore en jeu dimanche. En y incluant les ciottistes, on atteint 10,1 millions de voix.

- Les plus grandes villes: beaucoup de NFP, peu de RN -

Dans les dix plus grandes villes, le NFP est arrivé en tête avec 41 sièges sur 58.

Il fait un carton plein à Lyon, Nantes et Strasbourg et la gauche arrive en tête à Paris (12 sièges sur 18).

Dans ces métropoles, le camp présidentiel remporte 10 circonscriptions: une à Bordeaux et à Toulouse, deux à Lille, six à Paris.

En revanche, le RN et ses alliés n'y obtiennent que 7 sièges, tous dans le sud-est de la France dont les 3 circonscriptions de Nice, 3 à Marseille et une à Montpellier.

- Le sort des sortants -

Sur les 577 députés de la nouvelle législature, 420 ont été réélus sur les 553 qui se représentaient.

Dès le premier tour, 68 avaient été réélus, puis 352 au second, dont les macronistes Gérald Darmanin et Franck Riester, le LR Olivier Marleix ou le RN, Jean-Philippe Tanguy.

Les sortants de la majorité présidentielle sont les plus sanctionnés: sur les 229 qui se représentaient, 78 n'ont pas été reconduits.

En revanche, le RN reconduit 81 de ses 89 élus de 2022.

- Plus forte participation depuis 1997 -

Comme au premier tour (66,71%), la population s'est fortement mobilisée: deux tiers des inscrits (66,63%) se sont rendus aux urnes.

C'est la plus forte participation à un second tour de législatives depuis le scrutin de 1997, qui avait porté le socialiste Lionel Jospin à Matignon (71,07%). Elle n'avait depuis cessé de baisser, jusqu'à son plus bas historique en 2017, à 42,64%.

Sous la Ve République, le record à un deuxième tour des législatives date de 1978 avec 85% de participation.

- Moins d'élues -

Sur les 577 élus, 208 sont des femmes - soit 36% de l'hémicycle - un nombre en recul par rapport aux deux précédentes législatures (224 en 2017 et 215 en 2022).

Le NFP et apparentés (40,4%) est le bloc le plus féminisé, à peine mieux que le camp présidentiel (40,2%). Le Rassemblement national (RN) et ses alliés ne comptent que 32,2% de femmes.

L'Assemblée est désormais légèrement moins féminisée que le Sénat qui compte 36,8% de femmes (128 sur 348 sénateurs).


Dette: la note de la France serait "sous pression" sans réduction du déficit, prévient S&P

Les participants agitent les tricolores nationaux français lors d’un rassemblement de nuit électorale après les premiers résultats du deuxième tour des élections législatives françaises à la Place de la République à Paris le 7 juillet 2024(AFP)
Les participants agitent les tricolores nationaux français lors d’un rassemblement de nuit électorale après les premiers résultats du deuxième tour des élections législatives françaises à la Place de la République à Paris le 7 juillet 2024(AFP)
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  • Lundi l'agence de crédit S&P Global, estimant que la nouvelle Assemblée allait "compliquer l'élaboration des politiques".
  • Pour S&P, le scrutin "est susceptible de compliquer l'élaboration des politiques" et "crée une incertitude quant aux détails de la stratégie de politique économique et fiscale" de la France dans les prochains mois.

PARIS : La note de crédit de la France serait "sous pression" si le pays "ne (parvenait) pas à réduire son important déficit public", a prévenu lundi l'agence de crédit S&P Global, estimant que la nouvelle Assemblée allait "compliquer l'élaboration des politiques".

Chargée comme ses homologues Fitch et Moody's d'évaluer la capacité des pays à rembourser leur dette souveraine, l'agence américaine S&P Global avait dégradé fin mai la note de de la France du troisième cran "AA" au quatrième "AA-", quelques mois après l'annonce d'un déficit public bien plus élevé qu'attendu.

Cette note déjà dégradée récemment serait à nouveau "sous pression si la croissance était sensiblement inférieure à nos projections pendant une période prolongée, ou si la France ne parvenait pas à réduire son important déficit budgétaire" et que le poids des intérêts de sa dette s'envolait, indique dans un bulletin post-élection l'agence de crédit.

A l'issue du vote, ni le Nouveau Front populaire (gauche, autour de 190 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le Rassemblement national et ses alliés (extrême droite, plus de 140 sièges) n'ont obtenu la majorité absolue et tous sont loin des 289 députés requis.

Pour S&P, le scrutin "est susceptible de compliquer l'élaboration des politiques" et "crée une incertitude quant aux détails de la stratégie de politique économique et fiscale" de la France dans les prochains mois.

Le budget 2025, qui doit être élaboré d'ici le début de l'automne, "donnera une indication de la volonté du nouveau gouvernement de réduire les importants déficits budgétaires de la France et de se conformer aux règles budgétaires de l'UE", prévient-elle.

Mais l'agence estime que le gouvernement qui émergera des négociations "aura du mal à mettre en œuvre des mesures politiques significatives", car étant sous la menace "persistante" d'une censure.

 


Législatives: Bardella admet des "erreurs" et "assume" sa "part de responsabilité" dans la "défaite" du RN

Jordan Bardella, président du Rassemblement national français (RN), s’exprime lors de la soirée électorale du parti après les premiers résultats du deuxième tour de l’élection législative française à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
Jordan Bardella, président du Rassemblement national français (RN), s’exprime lors de la soirée électorale du parti après les premiers résultats du deuxième tour de l’élection législative française à Paris le 7 juillet 2024. (AFP)
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  • Le président du RN a notamment reconnu des mauvais choix dans certaines investitures de candidats controversés, dont les propos ou comportements passés ont parasité la fin de campagne.
  • la polémique sur les binationaux et leur impossibilité à exercer certains postes clés en France, une mesure de campagne qui a beaucoup fait parler.

PARIS : Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a admis lundi des "erreurs" dans sa campagne et "assumé" une "part de responsabilité" dans la "défaite" du RN, arrivé troisième lors des législatives anticipées de dimanche derrière la gauche et le camp macroniste.

"On commet toujours des erreurs, j'en ai commises", a expliqué l'eurodéputé avant de se rendre au siège du RN au lendemain du vote qui a attribué environ 143 députés au parti lepéniste et à ses alliés. "J'assume ma part de responsabilité tant dans la victoire aux élections européennes que dans la défaite d'hier (dimanche)", a-t-il ajouté.

Le président du RN a notamment reconnu des mauvais choix dans certaines investitures de candidats controversés, dont les propos ou comportements passés ont parasité la fin de campagne.

"Cela nécessitera probablement que nous regardions les choses sur l'investiture d'un certain nombre de candidats que nous avons été amenés à écarter en début de campagne parce qu'ils ne répondaient pas à la ligne politique que je portais", a-t-il assuré.

"Il y a des efforts à faire à la fois sur la professionnalisation de notre implantation locale, peut être sur le choix d'un certain nombre de candidats. Je le dis clairement, sur quelques circonscriptions, les choix que nous avons faits n'étaient pas les bons", a ajouté M. Bardella, promettant de revenir "encore plus préparés" aux prochaines élections.

Autre regret de l'ex-candidat à Matignon, la polémique sur les binationaux et leur impossibilité à exercer certains postes clés en France, une mesure de campagne qui a beaucoup fait parler. "Je regrette que nous n'ayons pas été compris" sur une proposition qui ne concernerait qu'un nombre de cas se comptant "sur les doigts d'une main".

"Mais le temps est avec nous et nous allons continuer à travailler pour convaincre les Français et clarifier ce qui n'a pas été suffisamment clarifié", a-t-il poursuivi.

Comme Marine Le Pen, il a évoqué l'idée d'une "victoire différée" et d'une "vague qui mènera (le RN) au pouvoir" à l'avenir.

Enfin, il a à nouveau fustigé le front républicain érigé par les deux autres principaux blocs, dénonçant des "arrangements électoraux passés par la macronie avec l'extrême gauche", qui "jettent le pays dans une situation d'instabilité".

Avec 143 députés, le RN et ses alliés compteront plus de 50 élus supplémentaires par rapport au contingent de 2022.