Législatives: Macron renvoie les extrêmes dos à dos, la gauche parle économie

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de la fête de la musique dans la cour du palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 21 juin 2024. Le 21 juin marque le début annuel de la "Fête de la musique", une tradition marquant le premier jour de l'été, au cours de laquelle la musique est encouragée à être jouée en plein air (Photo Bertrand Guay  AFP).
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de la fête de la musique dans la cour du palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 21 juin 2024. Le 21 juin marque le début annuel de la "Fête de la musique", une tradition marquant le premier jour de l'été, au cours de laquelle la musique est encouragée à être jouée en plein air (Photo Bertrand Guay AFP).
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Publié le Samedi 22 juin 2024

Législatives: Macron renvoie les extrêmes dos à dos, la gauche parle économie

  • S'exprimant à l'Elysée lors de la Fête de la musique, le président Emmanuel Macron a défendu sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale et provoquer des élections anticipées les 30 juin et 7 juillet
  • «On ne veut pas d'un pays qui se met dos à dos ! On ne veut aucun communautarisme ! Aucun séparatisme ! Aucun discours de haine !», a-t-il notamment plaidé

PARIS  : Le président Emmanuel Macron a renvoyé dos à dos vendredi le Nouveau Front populaire et le Rassemblement national, à neuf jours du premier tour de législatives, pendant que sa majorité dénonçait le «matraquage fiscal» que représenterait le programme économique de la gauche.

L'alliance de gauche a détaillé vendredi un ambitieux programme de relance budgétaire, avec 25 milliards d'euros de dépenses supplémentaires dès 2024. Selon le chiffrage présenté lors d'une conférence de presse, les dépenses publiques supplémentaires pourraient atteindre 150 milliards fin 2027 pour des recettes équivalentes, largement à la faveur d'une hausse de la fiscalité.

Parmi les mesures phares dès 2024, l'instauration d'un impôt sur la fortune (ISF) «avec une composante climatique». Celui-ci rapporterait 15 milliards d'euros, tout comme une taxe sur les superprofits.

La gauche promet «d'aider» les petites entreprises à supporter le coût de l'augmentation du Smic de 14% à 1.600 euros net et envisage une nouvelle «grande loi» avant 2027 sur un retour de la retraite à 60 ans.

Les programmes économiques de la gauche et RN suscitent l'inquiétude des milieux économiques et financiers, et sont sévèrement attaqués par la majorité macroniste.

Le ministre de l'Economie Bruno le Maire, qui a de nouveau promis vendredi de réduire le déficit public du pays à 3% du PIB en 2027 (contre 5,5% en 2023), voit dans la chute des marchés financiers et la hausse du coût de la dette «les conséquences directes de programmes économiques et financiers totalement insensés et irresponsables».

«C'est une broyeuse à classe moyenne, ce sont des hausses d'impôts sur la classe moyenne», a réagi le Premier ministre Gabriel Attal alors que la gauche assure que son programme n'impactera que les revenus supérieurs à 4.000 euros.

S'exprimant à l'Elysée lors de la Fête de la musique, le président Emmanuel Macron a défendu sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale et provoquer des élections anticipées les 30 juin et 7 juillet.

«Il y a des extrêmes qu’on ne peut pas laisser passer», a-t-il martelé à propos de la gauche comme de l'extrême droite. «Je vous le dis en responsabilité, on ne peut pas l’air de rien les laisser monter en se disant +c’est très grave et ça va arriver+. C’est maintenant qu'il faut être responsable!»

- Racisme et antisémitisme -

«On ne veut pas d'un pays qui se met dos à dos ! On ne veut aucun communautarisme ! Aucun séparatisme ! Aucun discours de haine !», a-t-il poursuivi. «Il n'y a aucun racisme qui justifie l'antisémitisme ! Et il n'y a aucun antisemitisme qui peut être justifié par quoi que ce soit !»

La question de l'antisémitisme reste haut dans la campagne après l'émotion suscitée par le viol à caractère antisémite d'une jeune fille de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) où quelques centaines de personnes se sont rassemblées vendredi devant l'hôtel de ville.

- Niveau de record de procurations -

Selon plusieurs sondages publiés vendredi, la compétition est toujours nettement dominée par le Rassemblement national (RN) avec 33 à 35%, devant le bloc de gauche Nouveau Front populaire crédité de 28 à 29% et l'actuelle majorité macroniste (19 à 21,5%).

Mais le parti de Marine Le Pen aura beaucoup de mal à obtenir la majorité absolue des députés, soit 289 sièges, une hypothèse que n'exclut cependant pas l'institut Odoxa, dans une enquête pour le Nouvel Obs.

La cheffe de file du RN a pris acte d'un possible blocage à l'assemblée nationale si aucun des trois principaux camps n'obtient un nombre suffisant de députés. Il pourrait ne rester au président Emmanuel Macron que «la démission pour sortir potentiellement d'une crise politique», a-t-elle estimé vendredi.

Pour limiter le succès du RN, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, ex-tête de liste des socialistes aux européennes, a appelé les candidats du Nouveau front populaire à se retirer au second tour s'ils sont arrivés troisième, en cas de triangulaire.

L'alliance de gauche doit toujours se défendre face aux accusations d'antisémitisme chez LFI, de nouveau mises en avant par Gabriel Attal qui a estimé que «la gauche est en train de passer de «J'accuse» (NDLR: le titre de l'éditorial de Zola lors de l'affaire Dreyfus) au banc des accusés».

«Aucun des dirigeants du Nouveau Front populaire n'a jamais été condamné pour antisémitisme», a plaidé l'ex-cheffe de file des députés Mathilde Panot.

Le niveau de participation sera une clé du scrutin car il détermine le nombre de triangulaires possibles au second tour dans les 577 circonscriptions. Un candidat doit en effet obtenir un score supérieur à 12,5% des inscrits pour pouvoir se maintenir.

Signe de cette mobilisation pour les scrutins des 30 juin et 7 juillet, le ministère de l'Intérieur comptabilisait 1.055.067 procurations (pour le premier tour, le second tour et les deux), un chiffre déjà six fois supérieur à celui de 2022.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».